Cartographie du Hip-Hop Rennais – Big Bro

Placer le hip-hop Rennais sur une carte, donner la parole, petit à petit, à tous ses acteurs, rookies, vétérans, old timer ou jeunes pousses, qu’ils officient en tant que Djs, beatmakers, Mc’s, en groupes, comme beatboxers, réalisateurs, photographes ou clippeurs, et on en passe, qu’ils soient actifs aujourd’hui ou qu’ils l’aient été par le passé, tous contribuent à faire de la scène hip-hop rennaise un vivier foisonnant et bien souvent passionnant. Ce dossier, évolutif, leur est consacré.

(crédit visuel Marion Lépée)

Rencontre avec Big Bro ! Mc, activiste & militant : c’est en ces termes que nous définirions cet old-timer Rennais. Il a écumé la ville en long, en large et en travers. C’est fort de cette expérience qu’il revient avec nous sur son parcours et sa vision du milieu Rennais.

Fiche de présentation

Origine : Mada (France)
Lieux de résidence: Lalleu (35)
Blaze/pseudo/nom: Beber / Papa Beber / Big Bro
Année d’activité: 1989
Genre musical: Hip-Hop
Nombre d’album ou projets: 7 albums, 1 Breakbeats Potoroz, Plusieurs Mixtapes
Projets majeurs de ta carrière: Chaque projet est majeur et vacciné. Mon nouveau bébé c’est TOTEM.

 

Alter1fo: Salut Big Bro ! Peux-tu te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas ?

Big Bro: J’ai 45 ans aujourd’hui. Je suis marié, 3 enfants. Je suis tombé dans le hip hop quand j’étais branleur. J’écoutais déjà pas mal de black music à l’époque, vers la fin des 80, et quand celle-la m’est tombée dans le coin de l’oreille, pardon !

A l’époque je faisais un peu de gueta avec des potes. Il y en avait d’autres qui dansaient, qui beat-boxaient et rapidement avec mon frérot de l’époque, on s’est mis à rapper. On était branché sur radio Nova, avec Dee Nasty et sur radio Star avec LBR. J’ai commencé à faire des boucles avec le double K7 de ma frangine. Je choppais des bouts de samples pendant que Dee Nasty ne bavait pas, puis je faisais du Pause/Play/Record/Stop/Rdw/Pause… t’imagines ? Va rapper là-dessus ?! BORDEL !

On avait un frère qui avait un Amiga avec cartouche pour sampler… Laisse tomber les premières instrus ! Puis est arrivé le premier vrai sampleur ! Là tu revends, tu rachètes autre chose, tu testes, tu avances, et ainsi de suite…

Toujours la passion d’écrire, intacte, comme aux premiers jours, vénère, entière. Tant qu’on aura des enculés comme ça pour nous gouverner, je ne m’arrêterai pas. Et aujourd’hui il y a TOTEM, le 7ème album. Je l’ai écrit avant et après l’accident [Big Bro a subi une amputation de la jambe suite à un accident sur un chantier – NDLR]. Il est disponible sur la plateforme participative bigbrothon.potoroz.com dédiée au financement de ma future prothèse Rhéo XC de chez Ossür, plus performante que celle que m’a procuré la Sécu. La collecte avance bien. La STAR (compagnie de transport Rennais) va bientôt me donner un coup de pouce en diffusant ma pub sur leur réseau, des dates de concerts sont calées, un sound system est en train de se monter… Ça bosse.


Qu’est ce qui t’a décidé à te lancer dans la musique ?

J’écrivais déjà avant de rapper. Mes profs me saquaient quand je sortais la rime, BAAAM ! Alors quand j’ai entendu rapper ! Pardon ? Hip Hop Momo ! Et puis il y avait le graffiti, l’ambiance de l’époque. Ça ne courrait pas les rues les zoulous ! Je suis une grande gueule née, tu sais ! Alors ça, ça m’a mis chaud direct tu comprends ? C’est la passion, progresser, dire ce que tu as à dire, se faire du bien, faire du bien aux autres comme quand tu prends une gifle lorsque t’écoutes un son qui te secoue jusqu’aux tripes, tu vois ? Je donne, tu donnes.


Comment travailles-tu pour écrire un morceau ?

Souvent,  je pars d’une prod. Ça me donne le rythme et l’ambiance du bazar. Mais ça m’arrive d’écrire comme ça, sans prod. Là c’est Bibi qui donne le rythme ! J’ai juste mon bic et du brouillon. Avec la prod, c’est en boucle, BAAAM ! Faut que ça rentre dans mon cerveau. Une fois que je suis parti, c’est bon, j’ai limite plus besoin de la prod. Après, c’est moi et mes mots. Je gratte beaucoup. Je peux bloquer plusieurs pages sur 2 mesures pendant des semaines, et dans ce cas-là j’ai toujours un autre titre en préparation. Car il ne faut pas se forcer, tu vois. Et des fois je te chie un truc en une nuit, va comprendre. Le but de tout ça est d’exprimer quelque-chose, une réflexion, un point de vue… Faut que j’ai quelque-chose à dire sinon ce n’est pas la peine, je ferme ma gueule. Je conçois qu’il y ait plusieurs vibes dans le rapping. Chapeau bas aux techniciens de la rime, mais je préfère rapper pour dire que quelque chose ne va pas, de mettre le doigt dessus, d’en trouver la solution, de la partager. C’est libérateur. Je ressens ça quand j’écoute un titre de dingue. J’essaye de faire ça.


Plutôt live ou studio ?

Live ! C’est là que c’est bon, que ça vibre, que ça partage. Je kiffe écrire, je prends un profond plaisir à jouer avec les mots, les syllabes, comme un scrabble, un casse-tête tu vois. Mais en vivant et en direct, avec les gens, les sensations sont là. Il faut des deux je pense, ça fait équilibre. Le coté studio, bosser sur une prod, la faire groover, passer des heures sur une caisse claire, modifier des réglages pour que ça sonne comme ça, ou comme ça, c’est du kif aussi. Mais c’est un autre moi qui opère à ce moment-là.

Vis-tu de ta musique étant donnée de la conjoncture actuelle ?

Absolument pas. Je suis à la Sacem depuis 15 piges et ça m’est déjà arrivé de toucher un bon chèque. Ça m’a payé ma plomberie, un peu de matos, des courses, mais rien de mirobolant. J’ai toujours travaillé pour subvenir aux besoins de ma famille. J’en ai même perdu ma jambe ! Que veux-tu, c’est comme ça. Aujourd’hui je n’ai plus que la musique. Je continue, et grâce à elle et à ma plateforme (merci frérot pour le site) j’ai déjà pu me payer mon nouveau pied de compète ! Encore un grand MERCI à tous mes BIG BROZEUSES et BIG BROZEUX pour votre participation ! Bientôt le genou qui va avec ! Donc là, techniquement, mon son me paye ma beuje, ça dit quoi ?

Quels sont tes futurs projets ?

Je suis en train de clôturer 4 inédits de TOTEM. Sinon on commence un nouvel album avec RezO et Dj Unstick Ear, le 8ème ! RezO s’occupe des prods, j’écris et Unstick scratche. Question beatmaking, je reste opérationnel pour qui veut du groove Potoroz.


Tu es un old timer! Par conséquent tu as vu la scène rennaise évoluer. Quelles sont tes attaches avec la ville de Rennes et comment trouve tu l’évolution de la scène locale actuelle depuis tes débuts ?

Rennes m’a accueilli. J’ai donc rencontré une bonne partie des acteurs du mouvement. Dj, Graffeurs, MC’s. Il y avait Dj Know, la Franche Co, Facteur X, Funk Fu, ISP, Hiphopscur, Gryzleee, Simba, Nomad Tom, Maïkash, 16T, Soldat Chien, Dj Netik, le Call Jah, Casta, NSP, RCK, les Visitors, Iaze, Shendo, Seki, en un mot ! Ca bougeait. On est malheureusement dans une ville de rockeurs et beaucoup de bâtons nous ont été mis dans les roues. En plus avec ma grande gueule, laisse tomber… Pendant une période (2/3 ans) on a ambiancé la ville tous les jeudis soirs sur une péniche, la Movida. On faisait ça avec les frères du Call Jah Crew. Une semaine c’était Sound System, la semaine d’après c’était Hip-hop. On faisait la Fun House, l’Ubu, les bars. Tu crois que les Trans m’ont déjà invité? Ils m’ont tous mis chaud ma parole. Les portes étaient fermées. Donc la ville n’a rien fait pour moi, à moins d’être copain. Mais moi je ne suis pas ton copain, tu comprends? Débiles ! Aujourd’hui il y a toujours autant d’énergie, de nouvelles têtes, et les gars s’organisent, c’est plus pro. Ça fait plaisir à voir. On m’a même appelé pour jouer à Tam Tam en septembre dernier t’imagines ! Après plus de 25 ans dans le truc à faire tout ce que je pouvais pour le faire évoluer ! Merci. J’espère ne pas avoir à attendre 25 ans encore. BIG UP aux Beat Traderz, Foch & Kopt, La Fab’, Simba, Doc Brrown, Balusk, Netik, Dj Fresh, Dj Sauza, Nex Rezo, Canal B, Routeau, Keone, Eliome, Aero,Iaze, Denz, Breze, Casta, Bud Ilr, C’Lab, le 4 bis, le 1988…


3 influences majeures ?

Le Hip-hop m’a toujours influencé. Le concept de casser les codes, de créer quelque-chose à partir de petits bouts, tu vois. Le partage qu’il a véhiculé. C’est un pilier chez moi. Après, musicalement, même si ce n’est pas ma tasse, je reconnais le talent, le travail. J’écoute surtout du rap, du boom bap,  du reggae/ragga, de la soul, du funk, de la musique cap verdienne, africaine, colombienne. Du moment que j’ai la tête qui bouge. Je ne suis pas rock du tout, ni techno et tout ça. Ce n’est pas pour moi.

Niveau film je suis très SF, héroïque fantaisie, et dessins animés aussi.

Sinon je lis beaucoup (civilisations anciennes, archéologie, mythologie, fiction,  sciences, développement perso), je m’informe. Pas de télé ni de blabla. Pas de parasitage. Moi et mon ressenti.

La question que tu aimerais que l’on te pose et y répondre ?

On n’est pas bien là ?

BIBIBI !!

Le mot de la fin ?

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Pour continuer de découvrir l’univers artistique de Big Bro nous mettons ci-dessous des liens vers ses réseaux

 

Site Internet de Big Bro: Ici
Soundcloud de Big Bro: Ici
Page Facebook de Big Bro: Ici
Site participatif pour financer la prothèse de Big Bro: Ici

Vous pouvez trouver tout notre dossier sur le hip-hop Rennais = > Ici

De plus vous trouverez ci-dessous notre carte interactive regroupant tous les artistes par quartier, ainsi qu’une fiche présentation de chacun d’eux et les liens vers leur article respectif :


 

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