Cartographie du hip-hop Rennais – Al Bundy, anciennement Alexel, du groupe la Fab’

Placer le hip-hop Rennais sur une carte, donner la parole, petit à petit, à tous ses acteurs, rookies, vétérans, old timer ou jeunes pousses, qu’ils officient en tant que Djs, beatmakers, Mc’s, en groupes, comme beatboxers, réalisateurs, photographes ou clippeurs, et on en passe, qu’ils soient actifs aujourd’hui ou qu’ils l’aient été par le passé, tous contribuent à faire de la scène hip-hop rennaise un vivier foisonnant et bien souvent passionnant. Ce dossier, évolutif, leur est consacré.

(crédit visuel Marion Lépée)

Pour notre nouvelle rubrique c’est le groupe Rennais La Fab’ qui est mis à l’honneur. Rencontre avec un de ses membres, autrement dit avec Al Bundy avec qui nous revenons sur son parcours, sa place dans le milieu rennais et l’évolution de celui-ci.

Fiche de présentation

Origine : Rennes
Lieux de résidence: Rennes (St Jacques)
Blaze/pseudo/nom: Alexel // Al Bundy
Année d’activité: 2005
Genre musical: Rap // Hip-Hop
Nombre d’album ou projets: 6
Projets majeurs de ta carrière: La Fab’ « Déviance(s) » et « Aliens » (sortie décembre 2017) – Alexel & Foch « JETLAG » et « GOODFELLAS  EP»

 

Alter1fo: Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Al Bundy: Alexel A.K.A Al Bundy, membre du groupe de Rap La Fab’. J’ai 30 ans, dont environ 12 ans d’activité dans le Rap. Les choses sont devenues un peu plus sérieuses sur les 6-7 dernières années…

Qu’est ce qui t’a décidé à te lancer dans la musique ?

C’est venu assez naturellement en fait : j’ai eu la chance de grandir avec des parents qui écoutaient pas mal de musique, surtout du Rock. De mon côté j’ai été amené à découvrir pas mal de styles musicaux différents. Je devais avoir à peine 8 ans quand le Rap m’a complètement perturbé ! Je n’ai quasiment écouté que ça pendant un paquet d’années : j’étais à fond dans le délire Hip-Hop. J’ai ensuite eu pas mal d’amis qui étaient aussi là-dessus, et j’ai d’abord commencé par le graffiti. L’essentiel de mon adolescence a été marqué par ça. Je me suis peu à peu éloigné du graff… Puis un pote faisait des instrus… On se retrouvait à plusieurs chez lui, ça fumait de partout en lâchant des freestyles. Ensuite, au lycée tu croises des nouvelles têtes, tu connectes, puis c’est parti comme ça ! A partir de là je me suis dit qu’il fallait un peu structurer tout ça et sortir des projets.

Comment travailles-tu pour écrire un morceau ?

J’écris beaucoup moins qu’avant. J’avais tendance à écouter des tonnes d’instrus, puis je grattais un peu au feelin. Ca partait un peu dans tous les sens. J’ai maquetté beaucoup de titres comme ça, sans que ça ne sorte. Depuis maintenant 2 ans, je travaille différemment : je bosse essentiellement avec un beatmaker (Foch – avec qui on a sorti 2 projets). Puis avec La Fab’, on a quelques connexions, mais essentiellement de bonnes connaissances. Donc maintenant, je n’écris que quand je reçois un beat qui me parle vraiment,  sur lequel je sais qu’on pourra faire un morceau dont on sera satisfait. Par exemple sur les 3 derniers projets, on n’a quasiment pas bossé de titres à côté. De mon côté ça me permet de mieux me focaliser sur le truc, et de mieux structurer les titres qui sortent. J’ai l’impression que ça rend nos sorties plus cohérentes.

Par contre, le feeling garde une très grosse place dans tout ça. Souvent je bosse plutôt des schémas et des placements sans avoir les mots qui vont dessus… Ensuite, je laisse vraiment le feeling parler : le thème et les phases viennent petit à petit. Enfin, j’écris essentiellement sous weed [la drogue c’est mal NDLR] : je dis beaucoup de conneries, mais ça me plaît !!!

Plutôt live ou studio ?

Franchement, les 2 !!! Le studio, c’est un peu ton laboratoire, l’endroit où tu peux expérimenter, créer de nouvelles choses. J’aime beaucoup être en studio car il y a moyen de tenter des choses, de sortir de la zone de confort…

La scène est aussi quelque chose que j’aime beaucoup. Dans la vie, je suis quelqu’un de plutôt calme, même un peu discret des fois. J’ai toujours un peu le trac avant de démarrer une scène, mais quand je monte, que je commence à kicker, c’est une sensation vraiment cool. Tu sens que tu partages avec le public, et si ça réagit bien, ça transporte ! Et là je me lâche enfin !

Quelle importance accordes-tu au visuel dans ton travail car depuis un certain temps les clips et l’image représentent une énorme partie du travail pour avoir de la visibilité ?

Le visuel occupe une place de plus en plus importante c’est vrai. J’ai la chance de pouvoir confier mes covers de projets musicaux à un ami d’enfance qui bosse dans le visuel, le graphisme etc… Depuis le projet « Déviance(s) » de La Fab’, on bosse uniquement avec lui, il a de bonnes idées et on est vraiment contents du travail fourni. Pour les clips on a quelques potes qui touchent pas mal. Après c’est selon le budget qu’on a : on sait que du visuel de qualité, ça a un coût. On réfléchit en ce moment à faire plus de visuels, ça demande des idées originales et du temps.

Qu’a changé l’émergence de réseaux sociaux pour toi, car Rennes est davantage considérée comme une ville rock que rap ?

Je n’ai jamais trop prêté attention aux « étiquettes » posées sur Rennes. Le Rap étant mon style de prédilection, je me suis beaucoup focalisé sur ça. L’émergence des réseaux sociaux a permis de s’ouvrir plus vers l’extérieur. On a pu faire des contacts avec des gens venant d’autres villes, puis d’autres pays. C’est un plaisir de pouvoir partager ça ! Ça a permis d’accéder à encore plus de sons aussi, c’est même parfois difficile de suivre le rythme. En tout cas ça pousse à être plus créatif, plus original, pour essayer d’attirer un peu d’attention sur soi.

Quel est le titre ou la collaboration dont tu es le plus fier ?

Je ne peux pas donner un titre en particulier, mais plutôt la collaboration avec mes potos Bro’Jorge (Alias NOS) et Foch, qui est certainement l’un des plus chauds beatmakers que je connaisse. Ensemble, on se comprend très vite au niveau musical, et on a réussi à créer cette alchimie entre nous !

Vis-tu de ta musique, étant donnée la conjoncture actuelle ?

Absolument pas ! Je ne me suis pas réellement dit que j’allais le faire un jour. Je bosse à côté, pour remplir mon frigo et ne pas avoir à m’arracher les cheveux pour savoir comment boucler le mois. Pour essayer de vivre de sa musique, il faut vraiment être investi à fond au niveau de la communication, il faut se créer un réseau, etc… C’est un vrai boulot à part entière et je ne maîtrise pas bien ces choses. Les quelques euros qui rentrent grâce aux scènes ou aux quelques ventes, on remet ça dans les sessions studio, les mix / master, et un peu de clips… On se débrouille comme ça.

Quels sont tes futurs projets?

On a un rythme pas mal depuis 2 ans et la sortie de « déviance(s) ». On voudrait garder ce rythme, même accélérer un peu, en ne sortant que des EPs. Des formats courts, mais en y concentrant l’essentiel : des frappes et encore des frappes !!!

Quelles sont tes attaches avec la ville de Rennes et comment trouves-tu l’évolution de la scène locale actuelle depuis tes débuts ?

Rennes, c’est la maison ! J’aime vraiment ma ville, elle dégage une bonne énergie. Pour moi, la scène locale est riche et n’a pas grand chose à envier aux autres villes en terme de talent et de créativité. Il y a pleins de styles différents, des anciens toujours actifs, des jeunes qui débarquent avec une vraie fraîcheur, et des gens comme nous qui naviguent entre tout ça. J’ai l’impression que ça commence à pas mal se structurer pour certains et je trouve ça cool ! Après, je ne me focalise pas forcément que sur la provenance : si le boulot est bon, peu importe d’où tu viens.

3 groupes hip-hop / électro / rock que tu aimes ou qui t’ont influencé ?

Hip-Hop : Slum Village ; OverdOz ; Boogie… (en vrai j’en ai beaucoup trop à citer)

Electro : Glenn Astro ; Hodini et IMYRMND (de la bonne deep de voyou comme dirait mon pote Sleem)

Rock : Jimmy Hendrix ; The Doors ; Frank Zappa

La question que tu aimerais que l’on te pose et y répondre ?

La question serait un peu du genre : « Pourquoi avoir choisi des sonorités plus modernes (Trap, cloud etc…) ? »

Ma réponse serait : « Pourquoi pas ?? » Hahaha…

Plus sérieusement, je dirais que je fais ce que j’aime faire, je n’écoute pas trop les discours des puristes, car je ne crache pas sur le boom bap, j’aime aussi ça ! Je fais ce qui me passe par la tête, au feeling, et j’ai actuellement de meilleures sensations sur des sons plus trap… Je trouve dommage de se mettre dans des cases et de critiquer systématiquement ce qui ne plaît pas… Ma musique n’est pas trop militante, pas toujours très sensée, mais fuck… On a déjà bien assez de trucs à gérer dans la vraie vie pour ne pas se faire plaisir avec le son… Ce n’est que de la musique, alors si tu aimes et soutiens, c’est cool, si tu n’aimes pas, passes ton chemin ce n’est pas grave. Mais les gens passent trop de temps à démonter ce qui ne leur plaît pas, plutôt que de soutenir ce qu’ils aiment ! Et certains de ces gens se disent parfois défenseurs de l’esprit hip hop, de la culture… Bah non, être hip hop c’est l’ouverture, là c’est juste être réac’… Je vois les choses comme ça !

Le mot de la fin ?

Merci pour la mise en lumière, et que chacun continue à alimenter le mouvement, peu importe le style ! C’est une musique très riche et variée où tout le monde peut avoir une place !

Shoot Out aux frangins Brother Jorge et Foch (La Fab’zer!!!)  et à toutes nos connaissances, continuez à suivre !

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Pour continuer de découvrir l’univers artistique de Brother Jorge nous mettons ci-dessous des liens vers ses réseaux

Bandcamp de La Fab’: Ici
Soundcloud de La Fab’ :Ici
Youtube de la Fab’: Ici

Vous pouvez trouver tout notre dossier sur le hip-hop Rennais = > Ici

De plus vous trouverez ci-dessous notre carte interactive regroupant tous les artistes par quartier, ainsi qu’une fiche présentation de chacun d’eux et les liens vers leur article respectif :


 

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