On vous a déjà dit beaucoup de bien de la soirée d’ouverture de ce long week-end belge totalement dingue que vous propose l’Antipode du 21 au 24 mars. On risque d’être tout autant dithyrambique à la découverte de la prog’ du vendredi 22. Du hip hop de traverse à la puissance explosive avec Choolers Division, une transe math-rock frénétique avec La Jungle, de l’électro bricolée chamanique de Why the Eye ? et le non-moins sorcier Bear Bones, Lay Low pour un moment qu’on pressent aussi hypnotique que puissant.
Belgiëque
On connaît l’attachement de l’Antipode MJC pour l’effervescente et épatante scène belge depuis plusieurs années et son appétit insatiable pour courir découvrir des groupes de là-bas, pépites brutes aux contours hybrides et nous les faire découvrir. La salle rennaise jetant un pont (désormais aérien !) avec la foisonnante et décomplexée palanquée d’artistes wallons, flamands, en un mot belges, qui dynamite les genres, les frontières étriquées avec toujours cette dinguerie de contrebande étonnamment inexplicable qui flotte dans ses bières. Sur quatre jours, un long week-end, du jeudi 21 mars au dimanche 24 mars, l’équipe de l’Antipode a ainsi concocté avec la passion qu’on lui connaît une programmation exclusivement belge, avec trois soirs et un goûter de concerts tous de haute volée, un anniversaire (les huit ans du collectif Bruxelles Ma Belle), une expo photo d’Olivier Donnet (le One minute after Project, qui capture backstage les artistes à leur sortie de scène, en noir et blanc et en sueur), un mur réservé aux explorations drôlatiques des employés municipaux du street-artiste (pardon, c’est réducteur) Jaune et comme d’habitude une chouette sélection de bières belges. Sans oublier un visuel signé du génial et essentiel Brecht Evens (dont le Panthère nous a durablement et merveilleusement traumatisés –voir là), totalement incontournable -entre autre primé à Angoulême, mais ce garçon, pressent-on, est appelé à faire parler de lui pendant encore très longtemps-, explorant l’union éclatée et colorée des différentes facettes d’une scène aventureuse complètement dingue.
Choolers Division
Choolers Division propose un hip hop mutant au flow aussi fichtrement efficace que détonnant. Deux Mcs, Kostia Botkine et Philippe Marien, qui alternent flow fougueux et intense et rugissements rauques qui raclent et groovent tout autant. Accompagnés de leurs comparses aux diverses machines, qui alignent les lignes hypnotiques et répétitives d’une électro aride et puissante, avec quelques touches de sons cheaps qui s’imbriquent avec un bonheur certain dans ce magma abstract, les gars des Ardennes belges risquent bien de vous décoller la plèvre des poumons au souffle explosif de leur hip hop de traverse. On les a honteusement loupés aux Trans et au Tapette Fest l’an dernier. On ne manquera pas l’orageux combo cette fois-ci.
La Jungle
Question Bam ! dans ta face, La Jungle se place easy en pôle position. Comme Pneu (c’est un duo aussi), les Belges déroulent l’asphalte de leur math-rock hypnotique et puissant à une allure de centrifugeuse.
Rémi Venant, dégommant avec une application obstinée chaque millimètre des toms de sa batterie, ne laisse ni le palpitant ni les guiboles en paix aidé en cela par par le tout aussi opiniâtre et entêté Mathieu Flasse (guitare, voix) qui étrangle chaque seconde de sa six cordes. Du rock, mais du rock de forcenés qui confine à la transe de la techno, un kraut qui aurait bouffé un cargo d’amphètes pour convier à une transe frénétique et martelée. Leur troisième album à venir en avril (Past//Middle Age//Future à l’étonnant artwork de chevaliers en armure qui se battent à coups de polochons) semble annoncer de nouvelles décharges électriques et un pouls encore accéléré. On pressent donc un grand moment de sueur et de folie, de heabanging survolté et de sauts de guedins tout aussi désordonnés.
Why the Eye ?
On ne risque pas non plus de s’ennuyer une seconde pendant le set de Why The Eye ? car non seulement ses musiciens jouent sur d’insolites instruments bricolés (radiocaphone, papillon, drumkit rempli de graines et autres castabignettes) mais surtout produisent une « électro » étrange complètement DIY, en même temps tribale et expérimentale comme on peut l’entendre en live ou sur galette (Why The Eye? -Angstrom et Plynt 2017).
Ajoutez à cela que nos curieux drilles se griment et portent de fantastiques masques baroques (les fans d’Hyperculte, Tony Erdmann, Deena Abdelwahed devraient également apprécier) totalement fascinants sur scène. Réalisés avec des objets de récup, ces parures parfaitement jubilatoires et libératrices participent encore de cette techno expé bien cintrée, toujours rivée au rythme chamanique et psyché que le quatuor imprime à ses compos. Une transe joyeuse et décalée devrait donc sans aucun doute remuer l’Antipode.
Bear Bones, Lay Low
Ceux qui ont vu le garçon au Vieux Saint Étienne pendant Maintenant à l’automne en gardent un souvenir fasciné et bien souvent extatique tant le musicien y avait envoûté les festivaliers avec ses boucles lancinantes, invitant progressivement la foule en une communion immersive. Le Vénézuelien globbe-trotter Bear Bones, Lay Low se concentrera ce vendredi soir une nouvelle fois sur ce psychédélisme électronique aux boucles tournantes et hallucinées qui transforment la piste en kaléidoscope bigarré et hypnotique. Ernesto González (également membre de Maitre Fous avec les grands dingues de France), actuellement basé en Belgique, devrait ainsi faire décoller l’Antipode dans un trip psyché incantatoire pour le moins inattendu.
Dans le cadre de Belgiëque, l‘Antipode MJC présente Choolers Division, La Jungle, Why The Eye ? et Bear Bones, Lay Low en concert le vendredi 22 mars à partie de 20h à l’Antipode MJC (2 rue André Trasbot, Rennes).
Tarifs : 12 euros en prévente – 10 euros tarif Admit