Un public nombreux essentiellement constitué de fans s’est rassemblé à l’Antipode vendredi soir pour le concert de Beach House organisé par R1R2 et Radical Production. Le groupe de Baltimore a livré une prestation maîtrisée et a su ravir ses admirateurs.

En première partie, pour notre part, on était impatient de retrouver Leopold Skin. Co-Fondateur du Label Kütu Folk Records avec ses amis de St Augustine, du Delano Orchestra et de Pastry Case, le jeune artiste  a sorti un premier album Leopold Skin & the blue house dandelions en 2009 qui a rencontré un accueil favorable de la critique et du public.

Depuis, il a passé une année au Canada pour entre autres, y écrire des chansons. Il est revenu à Clermont-Ferrand (la terre d’origine de Kütu Folk) pour y enregistrer un second album avec Christophe Adam, I see mountains, à paraître le 22 novembre.

Le Clermontois d’adoption était déjà passé à Rennes en septembre (voir interviews ici et là) pour un concert dépouillé et émouvant. Seul avec sa guitare électrique, il était venu présenter les premiers titres issus de son second opus et on avait été touché par l’humilité et la sincérité du jeune homme.

Ce soir à l’Antipode, il ne revenait pas tout seul. A la Bascule, il nous avait expliqué  que la formule solo fonctionnait bien mais qu’il avait adoré jouer avec ses amis pour un concert à Clermont quelques jours avant, qu’il avait l’impression que ses chansons prenaient plus d’ampleur jouées à plusieurs.

A l’Antipode, il est donc accompagné de François-Régis, plus connu sous le nom de St Augustine (et auteur d’un fort bel album, on vous en reparlera à l’occasion d’une interview prochaine). Pendant le concert, ce-dernier alterne entre guitare électrique, batterie minimaliste (un tom joué avec des mailloches, symbale), Korg et assure les choeurs.

Le set reprend pour l’essentiel des titres du prochain album. Comme on a déjà eu l’occasion de les entendre en septembre, on est plus qu’agréablement surpris de ressentir déjà une certaine familiarité avec certains titres.

On savait que ces chansons tenaient toutes seules, simplement avec une voix et une guitare électrique. Pour autant, on est plutôt étonné d’entendre à quel point les arrangements ajoutés du fait de la présence de St Augustine sur scène donnent encore de la profondeur à ces morceaux.

L’ajout des percussions renforce la puissance de certaines montées et accentue davantage les contrastes entre les différentes ambiances au sein d’un même titre. La seconde guitare et le Korg apportent une richesse mélodique, renforcée par les chœurs. La voix de St Augustine prend des chemins détournés, harmonise sur des notes qu’on n’attendait pas et joue sur les variations d’intensité.

Au final, on assiste à une fort belle prestation. D’autant que Leopold Skin est un garçon adorable et que sur scène, sa sincérité se voit.  On laisse donc la conclusion à notre voisine : « qu’est ce qu’il est choupinet » …

Néanmoins, si le public s’est déplacé en masse ce soir, c’est surtout pour venir écouter Beach House. La foule est en effet en bonne partie constituée de fans du duo de Baltimore.

Auteurs de trois albums, un premier éponyme, sorti en 2006, un second Devotion en 2008 et enfin cette année Teen Dream, le groupe américain a affolé la blogosphère indie avec ses mélodies éthérées et la voix de sa chanteuse, profonde et prenante.

D’aucuns ont déjà pu les voir à la Route du Rock Collection hiver et apparemment, à en croire les commentaires autour de nous, cette prestation a marqué les esprits. Sur scène, le duo composé de Victoria Legrand (chant, claviers) et Alex Scally (guitare, choeurs) est accompagné d’un bassiste qui  alterne parfois avec les claviers et d’un batteur. Tous sont disposés en ligne face à nous, l’espace derrière étant réservé à trois gros tétraèdres blancs sur lesquels sont effectués les jeux de lumière (réussis !) relativement minimalistes mais qui collent à l’ambiance des morceaux. Derrière ces tétraèdes, une toile sombre percée de plusieurs étoiles lumineuses scintillera pendant quelques chansons à l’ambiance encore plus éthérée.

Les quatre musiciens souhaitent faire plaisir à leur public et entament le concert en enchaînant leurs morceaux les plus appréciés. Et on se rend compte qu’il y en a un paquet !

Victoria Legrand, toute en cheveux derrière son clavier et son micro, capte les regards.  Entre les morceaux, elle s’exprime dans un français impeccable (c’est  la nièce de Michel Legrand, rappelez-vous les Parapluies de Cherbourg), ce qui ravit encore davantage les aficionados du combo.

A côté d’elle, Alex Scally, assis sur une chaise, en chaussettes pour mieux sentir les pédales d’effet dont il se sert  (enfin, on ne lui a pas demandé !) joue de sa guitare en privilégiant les lignes claires. Bien qu’assis, il est en mouvement constant et insuffle, comme sa comparse, une énergie bienvenue,  à ces morceaux plutôt calmes. La batterie live, bien qu’un peu trop minimaliste à notre goût (mais le style veut peut-être ça), donne elle aussi plus de puissance à ces compositions.

La voix de Victoria Legrand est sûrement l’un des plus gros atouts de la formation : profonde et chaude, elle se révèle encore davantage en live.

Les morceaux apparaissent moins éthérés  que sur les albums mais touchent tout autant à cause de la sorte de fragilité qui se perçoit dans le grain de la voix de l’américaine. Et même si, à notre humble avis, l’ensemble est un peu trop lisse sur la longueur, le duo sait écrire quelques mélodies viciées qui surprennent davantage l’oreille.

Le public est, pour l’essentiel, totalement acquis à la cause de la formation signée sur Bella Union.

Il faut dire que les musiciens alignent une belle suite de tubes imparables,  rendus encore plus lumineux grâce à la guitare claire d’Alex Scally.

Le public apprécie et applaudit le groupe qui propose un set maîtrisé de bout en bout. Lors du rappel, Victoria Legrand répète quel plaisir le groupe prend à jouer pour la première fois à Rennes.

Pour nous, la prestation du duo de Baltimore ne sera sûrement pas le concert de l’année, mais on reconnaît volontiers que la prestation proposée était parfaitement maîtrisée. Mais surtout, et c’est sûrement cela qui compte le plus en définitive, le groupe a su ravir ses fans et combler ses admirateurs.

Photos : Caro

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Myspace de Beach House

Myspace de Leopold Skin