On a rencontré Leopold Skin lors de son passage à Rennes à La Bascule pour une longue interview. On souhaitait l’interroger sur son projet personnel mais aussi sur le label qu’il a monté avec plusieurs amis musiciens, Kütu Folk Records. La structure auvergnate s’est en effet rapidement fait remarquer à l’échelle nationale… Peut-être à cause de ses pochettes cousues main (d’où Kütu…), mais surtout grâce à des albums ourlés avec talent et émotion.
C’est un garçon adorable qui a répondu à nos questions. Bien que fatigué par cette tournée avec Evening Hymns, (retrouvez le compte-rendu du concert ici), il a accepté de s’asseoir par terre avec nous dans une cour déserte derrière la Bascule, à la nuit tombante, afin d’évoquer la création et les projets du label.
Ecouter l’interview (8 minutes) :
Alter1fo : Damien, tu es l’un des fondateurs du label Kütu Folk, est-ce que tu peux nous présenter le label ?
Damien aka Leopold Skin : C’est un label qu’on a monté avec les 4 groupes fondateurs du label : François-Régis de St Augustine, Alexandre du Delano Orchestra, Bertrand de Pastry Case, et moi Damien de Leopold Skin. En fait, on a organisé pas mal de concerts sous cette formation Kütu folk. Au début, on s’appelait Kütu folk, on produisait quelques disques en édition ultra limitée, 40 ou 50 exemplaires… Ils étaient tous cousus, d’où le nom Kütu Records !
C’est dit !
L’année dernière, je suis parti un an au Canada. Je venais de faire mon disque, Alexandre avait un deuxième album du Delano Orchestra qui était prêt, il ne voulait pas forcément le sortir sur son label d’avant qui était Platinum. Il avait vraiment envie d’indépendance, et il pensait qu’on pouvait réussir à le faire nous-mêmes. St Augustine et Pastry Case avaient un album de prêt. Du coup, on s’est dit qu’il fallait faire un sortie commune en mars, comme ça, ça ferait vraiment un bloc.
Du coup, il y avait moins d’intérêt pour les groupes que pour le label, et ça a vraiment lancé le label. On est assez content de ce résultat-là.
Vous pouvez ! On parle de vous un peu partout… Il y a une esthétique un peu particulière. On parlait tout à l’heure des pochettes cousues main. Dans chaque pochette, il y a aussi une reproduction d’une œuvre de la FRAC Auvergne. Qu’est-ce que vous aviez envie de faire en fait?
En pleine crise du disque, les gens ont moins envie d’acheter un cd en plastique… Donc on avait vraiment envie de créer un objet qui pouvait héberger de la musique… Donc un cd, mais avec un packaging qui pouvait être assez différent. C’est pour ça qu’on a eu cette envie de coudre. On avait déjà commencé à le faire, on s’est dit qu on pouvait le faire à grande échelle, pour justement créer vraiment un objet.
Toutes les pochettes sont dessinées par l’artiste. Il a vraiment un objet qui lui appartient, qui lui correspond entièrement. Nous, on a quasiment aucun mot à dire, à part sur des éléments pratiques, comme le code barre qu’on est, hélas, obligé de mettre. Donc ce n’est pas un boitier plastique avec quelques feuilles assemblées, c’est vraiment un objet.
Vous avez été inspirés par les disques du label Constellation ?
Carrément ! On voit directement Constellation quand un nouvel album sort dans les bacs. C’était important de créer quelque chose comme ça, avec Kütu folk, même si c est forcement à moindre échelle…
… Mais ça marche : dès qu’on les voit dans les bacs, on se dit, c’est cousu main donc c’est Kütu folk.
C’est vraiment ce qu’on voulait ! On voyait dans les rayons Fnac, tous les disques étaient à la même taille, il n’y avait rien qui ressortait vraiment… La Fnac n’est pas forcément pour le fait d’avoir des disques qui dépassent, car ça ne rentre pas dans les cartons, etc. On a quand même réussi à imposer ça. C’est 1 cm de plus qu’un disque normal, donc dès qu’on va dans un rayon, on les voit directement !
Et le FRAC, c’est un partenariat que vous avez avec eux ?
C’était à l’époque où on cherchait des subventions pour vraiment lancer le label, et on connaissait un peu les gens qui s’occupaient du FRAC Auvergne. Ils ont vraiment accroché sur les objets. Ils trouvaient ça très beau. Donc ils nous ont proposé de faire un partenariat : on prend une œuvre, qu’on insère sur les livrets.
Avant c’était une sorte de carte où on mettait les disques. C’est une œuvre qui appartient à FRAC Auvergne, que nous on met dans le disque. Ca leur fait de la promotion. On leur donne en contrepartie un peu de disques qu’ils distribuent dans tous les FRAC en France, ce qui est absolument génial pour nous aussi… Ca nous ouvre un spectre un peu plus important relié à l’art contemporain. C’est parfait d’être reconnu par ces gens-là aussi, parce que c’est assez rare, et ce n’est pas si snob que ça au final.
La famille Kütu folk a l’air de s’agrandir, avec des nouvelles signatures ?
Oui, il y a l’album de Soso qui vient de sortir… Un artiste canadien qui vient de Saskatoon dans le Saskatchewan en plein milieu du Canada, là où il fait très très froid en hiver, et où il y a beaucoup de moustiques en été ! Alexandre, Bertrand et moi, on écoutait le disque l’année dernière à la Route du Rock. Le disque était sorti quelques années avant, et on s’est dit que ça pourrait être intéressant de faire une réédition. Surtout que c’est très gratifiant pour l’artiste de pouvoir sortir son disque dans un autre pays quelques années après. Troy [Gronsdahl] de Soso a accepté, il était honoré donc on était très heureux.
Après on a Hospital Ships, le projet de Jordan de Minus Story qui joue aussi dans Shearwater… C’est une des plus grosses fiertés de François-Régis de St Augustine. On l’a rencontré à Montpellier, il était ultra motivé, donc on est super fiers.
Pour Evening Hymns, on les a découverts grâce à Magic, où on avait lu un petit focus avec une interview. On a écouté, on a pris une claque monumentale ! On leur a demandé. Ca a pris un peu plus de temps. Leur disque n’est pas une réédition, c’est vraiment une étape par rapport à leur sortie canadienne. Donc il y avait encore plus de motivation à venir défendre le disque en France, ce qu’ils sont en train de faire en ce moment. Donc c’est vraiment génial pour nous, et Magic nous soutient d’une manière hallucinante.
Il faut dire que leur album est bon aussi …
Leur album est extraordinaire, du coup je suis vraiment très fier de présenter ça sur le label.
D’où la tournée Leopold Skin / Evening Hymns…
Oui je suis vraiment content !
Retrouvez très vite la suite de l’interview de Leopold Skin
Photos, prise de son, montage, transcript : Caro
Interview : Isa
–Télécharger l’interview en MP3–
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au lieu de vous assoir par terre dans le quartier de la bascule , vous savez ou aller maintenant…. 😉
tope itw !