Concert cousu main : Evening Hymns et Leopold Skin à La Bascule

C’est arrivé sans prévenir, un vendredi soir. On n’a pas trop envie de ressortir. Mais on a promis qu’on irait. Et on aime bien les disques des deux artistes programmés. Alors on se force un peu. Et là, on se prend la claque du mois, pour ne pas dire plus… La faute à Evening Hymns et Leopold Skin qui ont laissé le public de La Bascule tout retourné ce vendredi soir. On se plait même à penser qu’un jour on pourra dire « ah oui, Evening Hymns, on l’a vu dans un bar avec une cinquantaine d’happy fews à Rennes »… D’ici là, si la vie est bien faite, le groupe sera programmé sur les ondes et enthousiasmera les foules comme les projets d’Animal Collective ou Sufjan Stevens, un temps confidentiels avant d’être révérés par la sphère indie.

Ugh ! @ La BasculeC’est Ugh ! (on ne sait toujours pas comment ça se prononce), jeune artiste rennais qui ouvre la soirée seul avec voix et guitare folk. On en profite d’ailleurs pour faire remarquer qu’avant et entre les différents sets, on est plutôt emballé par la musique d’ambiance diffusée par La Bascule. Ambient, post-rock, parfois titres plus expérimentaux nous ouvrent les oreilles et changent un peu de ce qu’on entend ailleurs. Et puis on le dit tout de suite aussi, mais la qualité du son est vraiment bonne pour tous les concerts. Ca fait longtemps que ça ne nous était pas arrivé d’avoir l’impression d’avoir les oreilles dans du velours… Balance impeccable, tout sonne parfaitement.

Après l’artiste rennais, c’est le tour d’Evening Hymns. Venu de Toronto, Evening Hymns est le projet solo de Jonas Bonnetta. Auteur d’un premier album sous son propre nom, c’est sous le pseudonyme d’Evening Hymns qu’il sort son second opus, aidé par 18 copains musiciens. Paru à la fin de l’année dernière au Canada, l’album est édité en France par l’excellent label aux pochettes cousues mains, Kütu Folk Records, depuis 15 jours. D’où cette petite tournée française qui réunit sur l’affiche Leopold Skin (l’un des fondateurs de Kütu, on vous en reparle) et l’artiste ontarien. Pour cette tournée de poche, le Canadien est accompagné par Sylvie Smith à la basse et à la voix.

Evening Hymns Spirit guides french coverOn espérait beaucoup du concert. L’album, acheté en avance sur le stand Kütu Folk de la Route du Rock, nous a d’abord laissé une impression favorable, arrangements léchés, quelques cuivres,  cordes, choeurs. Et puis les mélodies, une fois connues, sont devenues de plus en plus indispensables à nos oreilles et le disque s’est retrouvé maintes et maintes fois sur la platine. Petite angoisse cependant, lorsqu’on voit que les Evening Hymns, ce soir, ne sont que deux. Basse, guitare… Comment vont-ils faire pour rendre toute la richesse des compositions qu’on a appris à aimer ?

Et bien, on va être rassuré très vite. Premier morceau qui sèche le public sur place. Silence intense. D’abord parce que Sylvie, à la basse, a une voix qui ne passe pas inaperçue. Contrepoint parfait dans les graves de celle de Jonas, la voix de la jeune femme sublime les morceaux. Et puis celle de Jonas vous cueille, tout aussi chaude et intense. Une pédale de boucles, dont il se sert de temps en temps, notamment sur des choeurs habités avec lui-même pour finir certains de ses morceaux. De la reverb’, un clavier-sample, parfois pour quelques boucles rythmiques, parfois pour des accords plus ambient, des bruits d’orages et puis sa fender jazzmaster, de temps en temps avec un peu de disto, souvent seulement avec un peu d’écho. On oublie très vite où on est. Les morceaux et l’intensité que les deux musiciens y mettent imposent un silence et une écoute du public rarement entendus.

Evening Hymns @ La Bascule

L’émotion est palpable et malgré des pédales parfois réticentes, « sometimes we lose, sometimes we win » , on oublie qu’on est vendredi soir, la semaine passée, les soucis, gros et petits et on se laisse glisser. On perd toute notion du temps et on est tout étonné lorsque Jonas annonce le dernier morceau. On finit avec ce qu’il appelle « a thing » à la « BeachBoys », le public étant partagé en deux pour faire un chorus sur « God only knows » . On ne sait pas si on y sera meilleur que les Lillois de la veille. Mais comme eux, on partage le sentiment d’avoir vécu un moment intense et hors du temps.

Leopold Skin @ La BasculeLeopold Skin a la lourde tâche de suivre les excellents canadiens. Une petite partie du public a d’ailleurs vidé les lieux. Tant pis pour eux, ils ont manqué un autre très bon concert. Seul avec la Jazzmaster de Jonas, le Clermontois confirme l’adage que la valeur n’attend pas le nombre des années. Auteur d’un premier album entre americana et folk apprécié par la critique, Leopold Skin a déjà un bagage musical impressionnant. Il réussit à communiquer l’émotion de ses morceaux, seul avec sa guitare électrique et un peu de reverb’. Et après la claque qu’on vient de prendre avec Evening Hymns, c’est vraiment notable ! Essentiellement basé autour de ses nouvelles compositions (à paraître fin novembre sur son deuxième album I see mountains), son set est lui aussi un pur moment de bonheur. On attend donc la sortie de l’album avec impatience, notamment la ré-écoute du titre éponyme de l’album qui nous a donné des frissons ce soir.

Quand tout s’arrête, on se remercie de ne pas être resté vautré sur le canapé un vendredi soir…

Photos : Caro

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Retrouvez l’interview d’Evening Hymns enregistrée avant le concert.

A suivre bientôt, sur Alter1fo, l’interview de Leopold Skin.

Myspace de Evening Hymns

Site Web d’Evening Hymns

Myspace de Leopold Skin

Site du label Kütu Folk Records

4 commentaires sur “Concert cousu main : Evening Hymns et Leopold Skin à La Bascule

  1. Mr B

    Je m’insurge. Le chanteur d’Evening Hymns nous a bien confirmé qu’on était « way better » que les lillois sur le chorus final. 😉

  2. Isa

    tu as raison, Mr B. … Mais j’ai une version sonore de la fin et très sincèrement, je souhaite que les Lillois aient été meilleurs que nous 😉

  3. Adrien

    Vus à Clermont, j’ai ressenti à peu de choses près la même chose. L’impression d’être face à un très grand groupe, qui même avec peu de moyens parvient à nous retourner. Le concert de Leopold Skin était un plus particulier pour nous puisqu’il jouait avec son groupe, dans des versions sans doute plus proches de l’album à paraître, et c’était vraiment très beau aussi!

  4. Isa

    On a justement parlé avec Leopold Skin de la différence entre cette version solo de son concert sur la tournée et celle en groupe à Clermont… Et il nous a mis l’eau à la bouche pour le voir dans cette autre formule… Du coup on a hâte de le retrouver sur scène avec tout le monde sur Rennes… Il nous a dit peut être février… On espère. En tout cas, merci pour ton commentaire…

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