Le festival Bars’n Rennes a choisi de mettre la scène locale à l’honneur en cette fin de semaine. Deuxième soirée du festival ce vendredi, proposant une nouvelle fois à un public curieux et heureux de retrouver la musique live dans les bars, une quinzaine de concerts et un final à l’Espace de 23h à 7h… C’est dans ce cadre qu’on retrouve Manceau, un groupe bourré de talent, sur la scène du Sablier.

Avant le concert, le public est chaleureusement reçu par Bruno, le maître des lieux, qui engage la conversation sur ses coups de coeurs musicaux du moment (le dernier en date, un duo prometteur, Ottilie à écouter là)  et qui met tout le monde à l’aise. On se sent bien au Sablier et l’ambiance de cette fin de semaine est positive et détendue. La soirée s’annonce pour le mieux.

La scène du Sablier est certes petite, mais pleine d’intimité. Les rideaux se ferment, les lumières s’éteignent et la scène apparaît comme un écrin juste parfait pour la musique tout en finesse de Manceau.

Manceau c’est bien sûr Julien Vignon (voix, guitare électro-acoustique, ukulélé, claviers),  le songwriter à l’initiative du groupe, rejoint sur scène par Vincent Roux ( claviers, voix, flûtes, basse) et les complices de My Lullaby, François Lemercier (batterie, percussions, glockenspiel) et Samuel Chapelain (voix, guitare et accordage, basse, trombone…). Pendant le concert, les instruments (basse, claviers…) changent parfois de mains, confirmant la maîtrise instrumentale des quatre musicicens.

Parce que sous ses faux airs de pop bricolée, la musique de Manceau recèle des trésors d’arrangements finement ciselés. Des petites touches, de ci, de là, un glockenspiel ici, quelques notes de trombone un peu plus loin, un refrain à deux ou trois voix. Toutes ces petites choses qui attrapent l’oreille et la tapissent de douceur pop. Des chansons nouvelles ou issues de leur premier ep (« On a Mellow Day » sorti en décembre)  qui donnent envie d’être heureux, mélancolique, joyeux… Et qui embarquent directement pour les cieux pop…

Le public tombe rapidement sous le charme de cette folk bucolique. Manceau joue d’ailleurs « Oberthur », son morceau inspiré par le parc rennais… Et quand on sait que le groupe a choisi son nom à cause des « Champs Manceaux« , on est étonné de voir que nos paysages quotidiens puissent être sublimés à ce point. On n’aurait jamais imaginé qu’ils puissent devenir de telles sources d’inspiration.

Des arrangements parfaitement ourlés, donc, mais aussi des compositions pop avec des suites d’accord ou d’arpèges souvent à deux guitares qui rappellent les inventivités mélodiques des Beatles ou des Zombies, mais aussi une richesse rythmique (quelle belle section rythmique !) qui prouve qu’on peut rester fin et inventif même dans la pop-folk. La voix de Julien évoque la délicatesse d’Eliott Smith ou de ses cousins bordelais de Calc… et même dans certains accents, celle de Patrick Watson.

Après une petite heure de concert, les musiciens pensent avoir fini leur set. Mais c’est sans compter sur l’enthousiasme du public, qui s’est étoffé au fil du concert et  qui leur interdit tout bonnement de s’arrêter. Aussi, après une sublime cover revisitant « Dancing Queen » d’Abba, pleine d’accords riches et subtils, enflammant les mains et les voix, le groupe est sommé de rejouer quelques morceaux. Certain(e)s jouent les fans hystériques en accompagnant chaque titre déjà connu par des cris stridents, contribuant à l’ambiance fort chaleureuse de la soirée. Le concert s’achève sur des applaudissements fournis. Groupe et public semblent avoir pris autant de plaisir l’un que l’autre.

Sur le trottoir devant le Sablier, tout le monde a le sourire. Nul doute qu’il faut désormais compter avec Manceau dans le paysage musical rennais.

Photos : Caro

Myspace de Manceau

Une interview et des titres acoustiques avec Yann de Canal B là.

Retrouvez les chroniques, focus et interview Bars’n Rennes ici, dans notre dossier spécial.