Fidèles auditrices/auditeurs de Canal B, son visage ne vous dit peut être pas grand-chose mais nul doute que le son de sa voix vous est familier. (En même temps, c’est un peu le principe de la radio…)
Hormis un générique post-adolescent trouvé en urgence à quelques minutes de « la première », le rédacteur en chef de la Midinale, Ronan Le Mouhaër, a réussi à imposer sa marque de fabrique entre bonne humeur, rigueur et décontraction donnant à l’info locale une place importante dans la grille des programmes du 94 Mhz. Et pourtant, ce n’était pas gagné d’avance… surtout quand on chaparde la tranche horaire d’une émission phare d’indie-pop comme Lollypop !
Aujourd’hui, le bilan est plus que satisfaisant : la « Midinale » est devenue un rendez-vous incontournable pour tous ceux qui ne veulent rien rater de l’actualité rennaise. Après deux ans de bons et loyaux services sur les ondes et avant une pause estivale bien méritée, il était urgent d’en savoir un peu plus sur celui qui aime se cacher derrière son micro et ses lunettes noires.
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Qu’est-ce que tu feras quand tu seras grand ?
Ronan nous l’avoue bien volontiers « devenir journaliste était un rêve de gosse, une vocation ». Déjà gamin, il s’encanaillait devant les soirées électorales ou la retransmission des débats à l’Assemblée Nationale quand d’autres à son âge préféraient regarder les séries TV à la mode.
Avec une licence Info-Com en poche et plusieurs stages effectués dans diverses rédactions : au Mensuel de Rennes, à Ouest-France Lannion (nul n’est parfait) ou Radio Campus, Ronan finira par contacter Juliana, l’ancienne animatrice de l’émission « Wake-up Call » pour lui proposer ses services. Simple comme twitter, Ronan entre alors à Canal B par la porte du bénévolat en octobre 2012.
« J’ai toujours voulu faire du journalisme mais avec l’idée de travailler dans la presse écrite ou l’audiovisuel. Absolument pas pour la radio car je n’aime pas ma voix (rires…). Alors que j’effectuais un stage au Mensuel de Rennes, j’ai découvert l’émission « Wake-up Call » avec Juliana et son accent brésilien si caractéristique. Cela m’a plu tout de suite et je l’ai contactée via twitter. » _Ronan
Rapidement, pour des raisons heureuses et personnelles, Juliana doit s’absenter de l’antenne et propose tout naturellement à Ronan de la remplacer :
« Ronan, c’est un type génial ! La première fois que je l’ai vu, il m’a donné l’impression d’un jeune homme ambitieux, passionné et surtout très talentueux. Il a intégré Wake Up Call à quelques mois de mon départ pour un long congé maternité. Au fil des semaines, notre travail commun m’a amené à le choisir pour tenir la matinale durant mon absence. Je ne suis pas peu fière d’avoir « trouvé la perle ». A vrai dire, c’est ce « bijou de personne » qui est venu vers moi. A Canal B, j’ai répété à plusieurs reprises « c’est lui ! ». J’estime que ça aurait été une faute grave que de passer à côté d’un individu avec un potentiel aussi riche. Aujourd’hui, Ronan a une place qu’il a su gagner, par le sérieux de son travail, par le courage naturel qui lui est propre. Et ce sourire alors… Contagieux ! Le beau gosse toujours très modeste (notamment à ce propos) dégage de la confiance, transpire le respect et génère de la convivialité. Ronan est impressionnant… Il était censé découvrir comment faire son travail alors que par instant, il savait déjà le faire. Il sait accomplir les tâches, fédérer les gens, déléguer, c’est un vrai animateur d’équipe et il est aussi consciencieux. C’est assez hallucinant pour moi d’écrire ça mais, c’est un garçon qui a presque l’âge de mon fils aîné, alors voilà pour moi, Ronan incarne cette jeunesse qui va de l’avant, qui a la banane, qui voit loin, qui doute dans le bon sens du terme : pour mieux rebondir. C’est du talent, je vous dis ! Et moi, je suis très contente de le connaître. » Juliana Allin de l’émission l’Ardoise sur Canal B.
Malgré un projet d’expatriation outre-manche, Ronan reprend donc fièrement le flambeau jusqu’à se constituer une petite équipe de potes rédacteurs bénévoles pour lancer l’aventure de la midinale en 2013 : une heure d’info locale largement consacrée à la politique et au social, du lundi au jeudi avec un flash info, un agenda culturel (qui sort du traditionnel agenda-concerts), une interview et selon, deux ou trois reportages.
« Le directeur de la radio au début trouvait le format trop ambitieux pour la tranche horaire. Moi j’étais convaincu du contraire. Notre première année fut d’ailleurs assez riche et intense puisque nous avons couvert les municipales du début jusqu’à la fin. Cela demande beaucoup d’investissement et de travail mais le journalisme est un métier de passion donc je peux faire des heures sans les compter, cela ne me dérange pas. Je m’assagirai plus tard (rires…) » _Ronan
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L’info autrement par envie et par… nécessité.
Ne pouvant rivaliser avec une rédaction comme France 3, Ouest-France, bref toute autre rédaction ayant plus de deux salariés pour schématiser, la Midinale choisit de mettre à profit son heure d’antenne pour développer en profondeur ses sujets « sans pression d’audience et sans courir après l’agenda »(*). Il n’est d’ailleurs pas rare d’entendre des interviews longue de 20mn contrastant avec le format habituel de la minute trente des autres JT.
Ici, pas de militantisme même si le choix de certains sujets dénote une certaine sensibilité politique. On retiendra par exemple l’émission consacrée à la situation explosive du Centre Hospitalier Guillaume Régnier (à ré-ecouter ici) ou au reportage sur les migrants récemment expulsés. L’émission cherche avant tout à appréhender des sujets parfois peu médiatisés, la plus impartiale possible et si possible avec un regard ou un angle original.
De conférences de rédaction improvisées au bar du Ty Anna, aux conseils municipaux en squattant bon nombre de réunions publiques, la Midinale se fait connaitre et reconnaître. Et cela paye ! Dernièrement, certains attachés de presse « texto-tent » directement Ronan pour savoir si Canal B sera bien présent avant de commencer une conférence de presse. Les temps changent.
« C’est cela qui est plaisant, nous sommes reconnus non pas uniquement comme un simple média diffusant de l’info mais plus par la qualité de notre travail. A force de couvrir beaucoup d’événements, grâce aux nombreuses interviews réalisées en plateau ou à l’extérieur, nous avons créé une proximité avec pas mal de monde. Il est maintenant plus facile d’obtenir des interviews notamment avec les élus, un échange est véritablement possible. » _Ronan
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Cette proximité n’implique pas complicité, bien au contraire. Aucun sujet de l’émission n’est imposé malgré les nombreuses sollicitations et invitations de presse. Ronan laisse même son équipe proposer ses idées et ses envies de sujets.
Idem, les subventions allouées par la municipalité à l’association Canal B (36000€ en 2015) ne changent rien au traitement de l’info (ndlr : ce serait d’ailleurs un bien mauvais calcul politicien de la part de la municipalité). Ronan n’hésite pas à, comme il le dit, « soulever les incohérences ou les contradictions quand le besoin s’en fait ressentir« (*). Dernier exemple en date avec l’invitation donnée à l’association de la Petite Rennes venue dénoncer l’ineptie du Mail Mitterrand à la pratique du vélo et ce, à quelques jours de son inauguration et de la fête du vélo.
« Les relations presse de la Ville de Rennes et de Rennes Métropole sont fondées sur un principe de neutralité : aucune distinction n’est faite dans le traitement des demandes de presse en fonction du média dont elles proviennent. Le service de presse traite sans discrimination les demandes de tous les journalistes et porte le même intérêt (suivi des demandes de presse, veille) à chacun. Il ne lui revient pas de hiérarchiser les organes de presse ou les émissions/articles qu’ils diffusent. Les demandes concernant la Midinale sont adressées aux élus avec la même priorité que toute autre et la même attention est portée à la qualité des éléments fournis, qu’il s’agisse d’une interview ou non. » Ville de Rennes / Rennes Métropole
D’ailleurs, cet acharné du travail (son boss en est arrivé à lui forcer la main pour qu’il prenne ses congés), met un point d’honneur à préparer tous ses sujets bien en amont, difficile donc de le prendre en défaut. Perfectionniste, sans doute. Passionné, assurément.
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L’avenir avec un grand B.
Après deux ans de « midinale », du bénévolat au service civique jusqu’à l’embauche en CDD l’année dernière, des points de sommeil en moins et une équipe qui s’étiole au gré des départs pour raisons professionnelles, Ronan commence déjà à réfléchir à son avenir.
Pas question de quitter Canal B et cette liberté de ton que la station lui offre mais Rennes reste un petit village : on côtoie et on croise rapidement toujours les mêmes personnes. Du coup, à l’heure où nous écrivons ces lignes, il n’est pas certain de retrouver la Midinale à la rentrée ou alors peut être sous un autre format, à un autre horaire, qui sait…
« Même si je suis toujours excité lorsque j’entre dans le studio ou que je commence une interview, je me rends compte aujourd’hui que j’aborde certains points de manière plus rapide du fait d’avoir trouvé mon rythme. Comme je n’ai pas envie de tomber dans une routine, je réfléchis à une autre manière de faire de l’info. J’ai proposé quelques concepts d’émissions à la direction, je verrai bien si cela est accepté… j’attends leur réponse. Dans mon souhait absolu même si je sais que cela ne se fera pas, c’est d’animer une émission le soir à minuit qui me permettrait d’établir une vraie intimité (rires…) »
Si Ronan se met à fumer un paquet de cigarettes par jour et à boire autant de jack qu’un Lemmy, peut-être pourrions-nous le retrouver dans le rôle d’une Macha Méril au masculin ou d’un George Lang mais en attendant la rentrée radiophonique sur le 94 Mhz, les podcasts de la Midinale sont toujours disponibles sur le site de Canal B. A consommer sans modération.
PS : On regrettera juste un sérieux problème d’ergonomie du site pour accéder à certains podcasts. Un choix par catégorie (exemple : politique, social, écologie… ) aurait grandement facilité certaines recherches. En même temps, si tout était parfait, on perdrait un peu l’âme de Canal B.
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Juliana réveille Rennes depuis un an !