Marre de l’esprit de Noël ? Marre des infos cataclysmiques ? ça tombe bien, nous aussi ! Bienvenue dans notre 7ème calendrier de l’Avent Altérophile, dont on espère qu’il sera de nouveau original et divertissant ! Tous les jours (ou presque) jusqu’au 24 décembre, une idée de truc en papier à mettre sous le sapin ou à dévorer de suite. Bon pour l’âme, bon pour nos petits libraires-ami.e.s, bon pour les bibliothécaires, bon pour nos papetiers-ami.e.s, bon pour nos neurones. Ouvrez donc les pages jour après jour… Vous prendrez bien de nos nouvelles avec l’épatant recueil Le Monde, Tous droits réservés de Claude Ecken réédité chez Le Bélial ?

L’art de la nouvelle est un exercice littéraire aussi délicat que périlleux. Preuve en est le nombre important de recueils du genre qui nous sont tombés des mains faute d’une trop forte hétérogénéité d’inspiration ou de trop grande frustration due à la brièveté du propos. Heureusement, il y a des livres qui passent largement au dessus de ces écueils. Le Monde, Tous droits réservés de Claude Ecken fait partie de ceux là. Ces 12 nouvelles initialement écrites entre 1983 et 2005 ont déjà été publiées en 2005 (en récoltant le Grand Prix de l’Imaginaire au passage) et reviennent en 2024 chez Le Bélial dans un beau volume agrémenté d’une préface de Roland C. Wagner.
Imaginez demain. Un demain où toute information se monnaie, où on peut démultiplier sa vie grâce à des clones, où la majorité serait paraplégique, où votre avenir serait prédéterminé par votre génotype (et votre prénom !), où on pourrait voyager dans l’univers en s’incarnant dans des entités extraterrestres, où on pourrait tout recommencer à zéro grâce à une bestiole symbiotique, où on condamnerait le suicide par une peine de vie perpétuelle… Au cœur de tout ça et de bien d’autres choses, se niche le très beau En sa tour, Annabelle, bref mais somptueux récit poétique de l’amour fou d’un frère pour sa sœur atteinte de folie langagière.
Loin d’un aride et scolaire exercice d’anticipation multipliant les « Et si ? », ce recueil déploie ses hypothèses avec inventivité, malice et souvent aussi une bonne dose de cruauté. Prospective, sociologie, science pointue… sont brillamment développés dans des récits dont la brièveté n’exclut ni la richesse, ni le percutant. Dans une écriture aiguisée et n’ayant pas peur du risque stylistique, Ecken reprend avec brio des thèmes, parfois classiques, mais toujours avec un petit décalage ou une écriture pétillante. Ces douze pépites vous laisseront songeur, vous feront éclater de rire ou frémir de terreur. L’auteur se paye même le luxe de fanfaronner en fin de recueil avec Coda, Futurs scénarios, une liste d’idées de nouvelles offertes avec malice (et contre 10% des gains) à tous les écrivain.e.s en mal d’inspiration.

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