Marre de l’esprit de Noël ? Marre des infos cataclysmiques ? ça tombe bien, nous aussi ! Bienvenue dans notre 7ème calendrier de l’Avent Altérophile, dont on espère qu’il sera de nouveau original et divertissant ! Tous les jours (ou presque) jusqu’au 24 décembre, une idée de truc en papier à mettre sous le sapin ou à dévorer de suite. Bon pour l’âme, bon pour nos petits libraires-ami.e.s, bon pour les bibliothécaires, bon pour nos papetiers-ami.e.s, bon pour nos neurones. Ouvrez donc les pages jour après jour… Seconde étape avec la première aventure du sergent Sarti Antonio enfin disponible de ce côté des alpes.
Même si les anglo-saxons et les scandinaves tirent largement la couverture de leur côté, il ne faudrait pas oublier que l’Italie est aussi l’autre pays du polar. Les éditions Métaillié avait bien déjà publié quelques rares livres de l’italien Loriano Macchiavelli dans les années 2000 mais il reste encore bien trop méconnu, même parmi les cercles les plus pointus de littérature noire. Merci donc aux éditions du Chemin de fer de donner un coup de projecteur sur le monsieur en publiant, dans un très bonne traduction de Laurent Lombard, Les jours de la peur, première aventure du sergent Sarti Antonio. L’ouvrage datant 1974, il était plus que temps.
Nous sommes à Bologne dans les années 70. Une bombe explose dans un centre de transmission de l’armée, faisant quatre morts et de nombreux blessés. Dans son enquête pour démasquer les auteurs de l’attentat, le sergent Sarti Antonio, flic au flair assez peu aiguisé et à l’esprit de contrariété hautement développé. est accompagné de son acolyte Felice Cantoni, guère plus clairvoyant sauf quand il s’agit de conduire pied au plancher leur voiture de fonction, la détonante voiture 28. Le premier souffre d’une colite l’obligeant à ne jamais trop s’éloigner des toilettes et le second souffre d’un ulcère. Ces deux savoureux pieds nickelés vont malgré tout tenter de démêler l’inextricable écheveau de corruption et de manipulation qu’est cette sale affaire avec, en plus, un supérieur hautement désireux de boucler l’affaire rapidement, quitte à largement s’arranger avec les faits. Nos deux pandores vont être heureux aider dans leur enquête par Rosas, un étudiant révolutionnaire aussi malicieux que clairvoyant.
Célébrissime dans la botte, Loriano Macchiavelli est un des plus fécond représentant du giallo et co-fondateur du Groupe 13 avec Carlo Lucarelli et d’autres qui considéraient le roman noir comme un outil de dénonciation des travers de leur pays. Vif comme l’éclair et pimenté d’un humour aussi vachard que savoureux, ce grand petit livre se dévore avec un plaisir constant. Le soin apporté à chaque personnage et les hilarantes interventions du narrateur ne sont que deux des multiples bonheurs que vous offrira cette lecture. Portrait acéré et sans concession de la ville de Bologne, le livre mêle humour et noirceur avec une virevoltante agilité et ne vous laissera qu’un seul regret : ce que les multiples suites ne sont pour l’instant pas encore accessibles. On croise très fort tous nos doigts pour que ce ne soit bientôt plus le cas.
Cerise sur le gâteau, le livre est une petite merveille éditoriale avec son papier voluptueux et ses couvertures à rabat. Ajoutez à ça que vous aurez en plus droit à une épatante introduction de l’auteur revenant avec une verve intacte malgré son âge vénérable sur les 50 années de carrière de son personnage.
traduit de l’italien par Laurent Lombard
Éditions du chemin de fer – 2024 ISBN : 978-2-490356-43-0
192 pages – 19 € – Sur le site de l’éditeur
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