[2022] Des bouqu’1 sous le sap1 #2 : Blackwater

Marre de l’esprit de Noël ? Marre des infos cataclysmiques ? Marre du ballon rond qui pue l’exploitation ? ça tombe bien, nous aussi ! Bienvenue dans notre 5è calendrier de l’Avent Altérophile, dont on espère qu’il sera original et divertissant ! Tous les jours (ou presque) jusqu’au 24 décembre, une idée de truc en papier à mettre sous le sapin. Bon pour l’âme, bon pour nos petits libraires-amis, bon pour nos papetiers-amis, bon pour nos neurones. Sans prétention aucune, des coups de cœur qu’on a envie de partager, pas forcément des nouveautés, pas forcément des trucs inouïs. Juste des morceaux de papier, souvent imprimés, en format origami, d’une épaisseur à glisser dans les poches ou de gros pavés pour caler le sapin, qui nous ont émus, interpellés, questionnés, emballés ou intrigués… Et qu’on a envie de vous faire (re) découvrir. Ouvrez donc les pages jour après jour…

Pour cette seconde étape, on vous propose rien de moins qu’un triple plaisir littéraire. Les six tomes de la saga Blackwater de Michael McDowell, parus chez Monsieur Toussaint Louverture, sont en effet à la fois une épatante saga familiale teintée de fantastique, un feuilleton redoutablement découpé où le plaisir est aussi dans le rythme de lecture que vous choisirez (y compris les pauses entre deux tomes) mais aussi de superbes petits objets à sortir fièrement pour bouquiner dans n’importe quel endroit. Malgré sa popularité et ses succès littéraires outre-Atlantique, le bostonien Michael McDowell est surtout connu dans nos contrées comme l’auteur des histoires dont sont tirés les jubilatoires Bettlejuice de Tim Burton et L’Étrange Noël de monsieur Jack d’Henry Sellick. Aussi excellents que soient les films, il faut tout de même préciser que les deux récits originaux sont bien plus tordus, sombres et cruels que leur version filmée. S’il est surtout reconnu pour ses histoires gothiques du sud des Etats-Unis et ses thrillers, l’œuvre de ce paperback writer invétéré décédé en 1999, est extrêmement variée. Un thème revient pourtant de façon plus que récurrente dans ses livres : celui de la famille.
Blackwater en est le plus éloquent exemple. Les six volumes et les 1 500 pages de cette fresque nous conte avec un remarquable sens du romanesque l’histoire sur plusieurs générations de la famille Caskey. La vie de ce clan de riches exploitants forestiers régnant sur la bourgade de Perdido, Alabama, au début du XXème siècle, va se voir bouleversée par l’arrivée étrange d’Elinor Dammert. Cette jeune femme mystérieusement liée à la rivière locale va intégrer la famille et enclencher ainsi le début d’une guerre matricide entre elle et la puissante et retorse Mary-Love qui régnait jusque là de façon incontestée sur la famille et la ville.
Somptueusement emballés et mis en relief par les immanquables couvertures dessinées par Pedro Oyarbide, les six volumes de cette odyssée familiale mêlent avec un bonheur constant les genres. Chronique familiale, drame social, romance, fantastique, horreur… Michael McDowell brouille les frontières littéraires et y trouve une voix singulière et fascinante. On croisera au fil des pages et des volumes une foule de personnages, très majoritairement féminins, dépeintes avec une finesse et une complexité rares. Avec sa maestria narrative irrésistible, son sens de la tendresse et de la cruauté redoutable, Blackwater est  un des grands plaisirs de lecture dans lequel on vous conseille de plonger tête la première. A vos risques et périls !

Blackwater de Michael McDowell
traduit par Yoko Lacour avec la participation de Hélène Charrier
Parue chez Monsieur Toussaint Louverture de à juin 2022
Tome 1 : La Crue, Tome 2 : La Digue, Tome 3 : La Maison
Tome 4 : La Guerre, Tome 5 : La Fortune, Tome 6 : La Pluie
250 pages environ et 8,40 € chaque
EAN: 9782381960456

Nos autres idées de « bouqu’1 sous le sap1 » pour cette année 2022 par ici

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires