[2021] Des bouqu’1 sous le sap1 #11 : Émissaire des morts d’Adam-Troy Castro

Marre des statistiques covidées ? Marre du masque ? Marre du gel hydro-pas-alcoolique ? Marre des infos ? ça tombe bien, nous aussi ! Pour oublier cet environnement toxique, on vous propose une plongée sans filet dans notre sélection bigarrée de culture en papier sous forme de calendrier de l’avent bibliophile : Des bouqu’1 sous le sapin 4ème édition ! Notre 11ème étape vous emmène dans l’espace lointain avec Émissaire des morts d’Adam-Troy Castro, le premier volume des enquêtes haletantes et bien tordues d’une Sherlock Homes futuriste et encore plus asociale que l’original.

Notre petit calendrier enclenche cette fois l’hyperdrive pour vous propulser très loin dans l’espace et le temps. Si nous sommes un peu dubitatifs sur la charte visuelle de la collection Albin Michel Imaginaire. On se demande vraiment ce qu’apporte ce très vilain cadre tramé aux illustrations de Manchu ? Nous sommes par contre beaucoup plus emballés par la qualité de leurs choix de textes. Après le très réussi et très vénéneux Une cosmologie des monstres de Shaun Hamil, nous sommes également tombés sur le charme revêche de la détective galactique imaginée par l’américain Adam-Troy Castro.

Andrea Cort est la plus brillante et la plus efficace des enquêtrices du corps diplomatique humain. C’est aussi la plus ingérable avec son intelligence aiguisée comme un scalpel, son impitoyable franc-parler et son incapacité à jouer le jeu des petites ou grandes hypocrisies sociales. Andrea Cort est également maudite. Son lourd passé est connu de toute la galaxie. A l’âge de huit ans, elle a en effet survécu (et participé) à un  inexplicable et soudain génocide entre colons humains et extraterrestres locaux. Au fil des quatre nouvelles ouvrant le livre, cette fascinante Sherlock Holmes futuriste devra comprendre ce qui se cache derrière la demande du peuple Zinns d’héberger un des pires meurtriers humains, démasquer une taupe particulièrement retorse, résoudre un inextricable imbroglio entre justices humaine et extra-terrestre, déterminer si des actes de barbarie sur des êtres qui ne ressentent rien sont condamnables ou non. Le morceau de bravoure de l’ouvrage est le roman qui donne son titre au recueil. Dans cette aventure haletante au suspense et au rythme extrêmement maitrisés, elle devra déjouer les mystères d’une série de meurtres ayant eu lieu sur Un Un Un, monde cylindre aux soleils en tubes créé par des intelligences artificielles.

Saluons ici le très bon travail éditorial d’Albin Michel. Le généreux ouvrage regroupe donc en plus de 700 pages, quatre nouvelles et un roman, remis dans l’ordre chronologique de la vie d’Andrea Cort (et non de leur parution). Cette remise en ordre permet de pleinement savourer un des grands atouts de la saga : Andrea Cort est un personnage qui évolue. Au fil de chaque rencontre, de chaque péripétie et de la dissipation des brumes épaisses de son passé, sa personnalité s’affirme et s’affine avec une grande finesse.  Tout cela est très progressif et, au bout de ce premier volume, nous n’en sommes clairement qu’au frémissement mais on sent déjà que ce sera une des grands enjeux  et un des grands plaisirs  de cette série.
L’autre grande qualité de l’ouvrage et la façon dont l’auteur articule une efficacité narrative redoutables dans la mise en place et le déroulement des péripéties juridico-philosopho-policières et la construction d’une description pleine d’un humour grinçant de notre condition humaine. En réussissant à ne pas tomber dans les facilités d’un cynisme, hélas, bien trop courant dans la fiction actuelle, Castro dépeint un futur où l’humanité n’a rien résolu de ces démons. Racisme, injustices sociales, exploitations et discriminations diverses… les homsap sont terriblement proches du pire de notre quotidien et le reste de l’univers semble bien l’avoir compris. L’attitude farouchement inconventionnelle d’Andrea Cort projette un rayon de lumière cru et impitoyable sur cette humanité toujours prise au piège de ses pires instincts mais également sur d’autres sinistres projets se tramant dans l’ombre des planètes. Comment se sortira-t-elle de son rôle de grain de sable dans les rouages bien pourris d’un univers farouchement hostile ? Pour le savoir, on vous invite à vous jeter sur cette irrésistible début de saga et, pour notre part,  on a très très hâte de lire la suite.

 

Émissaire des morts d’Adam-Troy Castro 720 pages
paru en janvier 2021
EAN : 9782226443700
Éditions Albin Michel – Imaginaire – 26,90€

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1 commentaire sur “[2021] Des bouqu’1 sous le sap1 #11 : Émissaire des morts d’Adam-Troy Castro

  1. Gilles Dumay

    « On se demande vraiment ce qu’apporte ce très vilain cadre tramé aux illustrations de Manchu ? »
    Un Albin Michel Imaginaire est reconnaissable au premier coup d’œil, voilà l’apport principal, il est certes commercial, mais c’est important aussi.
    Sinon, c’est Shaun Hamill et non Shaun Hamal.
    Gilles Dumay, directeur d’Albin Michel Imaginaire

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