[cinéma] En gare ! à l’Arvor : Ceux qui aiment le cinéma prendront le train

Pour célébrer sa récente arrivée en gare de la Ciotat de Rennes, le cinéma Arvor vous invite chaque mardi de cet été pour des projections spéciales hautement qualitatives autour du thème du train. On vous détaille les neuf luxueuses escales où s’arrêtera cet épatant Orient Express cinéphile.

Tout au long de l’été 2020, la fine équipe du cinéma Arvor nous conviait pour un réjouissant et éclectique tour du monde cinéphile à grand braquet autour du thème du vélo. Pour cette nouvelle année, la fine équipe profite de son récent aménagement dans son nouvel écrin proche de la gare pour vous proposer des séances spéciales hebdomadaires autour du prolifique thème du train. De la séminale entrée en gare de la Ciotat des frères Lumière, en passant par L’empereur du Nord de Robert Aldritch, le Runaway Train d’Andreï Kontchalovski ou plus récemment le Transperceneige de Bong Joon Ho ou le dernier train pour Busan de Yeon Sang-ho… l’horizontalité implacable de ce moyen de transport n’en finit pas d’inspirer les cinéastes les plus variés. Dans toute cette abondance, la bande de l’Arvor a choisi neuf films pour accompagner notre saison estivale. Classiques, curiosités, raretés, inédit, documentaire, jeunesse… il y en aura pour toutes les pupilles tout au long des aiguillages plein de surprises de ce foisonnant périple.

Quoi de mieux pour démarrer ce voyage que de commencer par un chef d’oeuvre ? Après avoir bouclé sa plébiscitée trilogie du dollar (Pour une poignée de dollars en 1964, Et pour quelques dollars de plus en 65 et enfin Le Bon, la Brute et le Truand en 1966), Sergio Leone commence à travailler sur un projet très différent qui donnera son somptueux Il était une fois en Amérique. Pour en finir avec ce premier cycle et ouvrir cette nouvelle trilogie, il décide d’abord de composer un testament du western au style crépusculaire. Pour son cinquième film, il s’adjoint les services de la jeune garde du cinéma italien : Bernardo Bertolucci et Dario Argento. Il était une fois dans l’Ouest sort en 1969 et la radicalité de cette fresque mortuaire va déconcerter le public. Leone y compose un fascinant opéra de sable et de sang, magnifié par la sublime musique du compère Ennio Morricone et dont le train est au cœur de l’intrigue comme de la mise en scène. Il y a des films qui ne peuvent vraiment se voir que sur grand écran. Ne loupez donc pas cette superbe occasion de visionner cette merveille dans toute sa mortelle splendeur.

Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone, Italie/ Etats-Unis, 1968, 2h55
Mardi 13 juillet 2021 – Cinéma Arvor, 11 rue de Chatillon, Rennes – 20h

Changement radical de style pour la deuxième étape qui permettra à vous (et à vos bambins) de voir ou revoir Bebert et l’Omnibus, suite méconnue mais tout aussi réjouissante du fameux la guerre des boutons. Yves Robert retrouve pour la seconde fois son irrésistible Petit Gibus qui, cette fois, va semer la zizanie avec une réjouissante irrévérence dans une gare. Autour de cette juvénile tornade, on retrouve Michel Serrault, Pierre Mondy Jean Lefèvre, Jean Richard en agents de la SNCF déboussolés ou en gendarmes rêveurs mais aussi Jacques Higelin en grand frère distrait.

Bébert et l’omnibus de Yves Robert, France, 1963, 2h55
A voir en famille à partir de 6 ans
Mardi 20 juillet 2021 – Cinéma Arvor, 11 rue de Chatillon, Rennes – 17h30

Le 27 juillet, l’Arvor fera cette fois étape à Memphis avec Mystery train, le triptyque ferroviaire et rock’n’roll de Jim Jarmusch. Un couple de touristes japonais débarquent en pèlerinage, une veuve italienne reçoit la visite d’un illustre fantôme et un anglais fraichement célibataire (incarné par Joe Strummer !) embarque ses potes dans une sale histoire. Le tout est lié par un hôtel où c’est Screamin’ Jay Hawkins lui-même qui accueille les voyageurs. A son meilleur, le cinéma de Jarmusch vous plonge entre deux eaux, dans un délicieux état de flottement entre mélancolie et détachement amusé. Mystery Train en est l’un des exemples les plus délicieux. Embarquez dans le train fantôme, c’est Elvis qui assure la bande son.

Mystery Train de Jim Jarmush, Etats-Unis, 1989, 1h53
Mardi 27 juillet 2021 – Cinéma Arvor, 11 rue de Chatillon, Rennes – 19h30

La curiosité à ne pas manquer de cette sélection, c’est Un étrange voyage, d’Alain Cavalier. Film de transition qui arrive à la jonction entre ces œuvres plus classiques dans leur production et la radicale et puissante caméra au singulier qui nous enchante actuellement, le film reprend le thème de la déambulation qui participe grandement au charme du merveilleux Le Plein de Super mais dans des tonalités radicalement différentes. Suite à la mystérieuse disparition de sa mère lors d’un trajet en train, Jean Rochefort décide de remonter à pied les rails de ce dernier voyage. il est accompagné dans ce périple par sa fille (incarnée par la propre fille de Cavalier : Camille de Casabianca). Film intime et ultra-sensible, Un étrange voyage permet à Cavalier d’explorer son rapport à la prochaine disparition de sa propre mère mais aussi sa relation avec sa fille. Jean Rochefort, qui vient de perdre sa propre mère au moment du tournage, y trouve un de ses plus beaux rôles.

Un étrange voyage d’Alain Cavalier, France 1981, 1h40
Mardi 3 août 2021 – Cinéma Arvor, 11 rue de Chatillon, Rennes – 19h30

Le cycle vélo de l’an dernier nous avait permis de revoir sur grand écran le toujours aussi incandescent Le voleur de bicyclette de Vittorio De Sica. Les trains de cette année vont nous offrir l’occasion de voir ou revoir un autre monument cinématographique : Gare centrale de Youssef Chahine, Aussi révolutionnaire dans sa forme et dans ses intentions que le film de l’Italien, le film de Chahine secoua tellement les canons de la production égyptienne qu’il resta interdit dans son propre pays pendant plus d’une décennie. Le réalisateur y filme en effet avec autant de jubilation que de précision les invisibles du cinéma classique égyptien : le peuple. L’effervescence étourdissante de la gare centrale du Caire, celles et ceux qui y passent mais aussi celles et ceux qui y restent, il embrasse tout ça avec une joie communicative. Mais la vraie force du film, c’est d’insuffler en plus à cette remarquable vision un drame d’amour à l’ampleur antique. Ce qui se noue entre Kénaoui, le vendeur de journaux boiteux (incarné par le réalisateur lui-même), la flamboyante Hanouma et l’ouvrier Abou Serif allie l’intime et l’universel tout en se mêlant subtilement aux enjeux de la société égyptienne. Nous vous invitons donc plus que chaudement à découvrir ou redécouvrir ce film d’une grande richesse et d’une puissance toujours intacte.

Gare centrale de Youssef Chahine, Egypte, 1958, 1h17
Mardi 10 août 2021 – Cinéma Arvor, 11 rue de Chatillon, Rennes – 19h30

Le cycle sera également l’occasion de découvrir une des œuvres de jeunesse de l’essentiel réalisateur taïwanais Hou Hsiao-Hsien. Avant Le Maître de marionnettes, Les Fleurs de Shanghai, Millennium Mambo, ou The Assassin le prolifique réalisateur avait déjà fait la preuve de son regard aiguisé et de sa finesse narrative. Dans Poussières dans le vent, il nous raconte avec son acuité habituelle la relation entre Yuan et A Yun ponctuée d’allers-retours en train entre ville et campagne, entre amitié et amour. Le train tient dans ce récit initiatique le rôle de colonne vertébrale et structurera même le destin de nos deux personnages.

Poussières dans le vent, Hou Hsiao-Hsien, Taiwan, 1983, 1h49
Mardi 17 août 2021 – Cinéma Arvor, 11 rue de Chatillon, Rennes – 19h30

L’autre chef d’œuvre de cette sélection estivale sera à voir en famille. Le mécano de la générale de Buster Keaton reste, près d’un siècle après sa réalisation un modèle fascinant de synergie et de pur bonheur visuel. Tiré d’un épisode glorifié de la guerre de sécession, ce récit d’aventure et d’amour est à la fois une satyre féroce de la guerre et des militaires et une mécanique burlesque d’une précision fascinante. Keaton joue avec les échelles de façon époustouflante et mêle avec une aisance déconcertante gags absurdes et scènes d’une ampleur vertigineuse. Il réussit surtout à nous offrir un spectacle ébouriffant tout en gardant l’humanité profonde de sa frêle silhouette d’amoureux déterminé se frayant un chemin malgré tout dans la tourmente des événements.

Le Mécano de la Générale, Buster Keaton, 1926, 1h29
A partir de 8 ans
Mardi 24 août 2021 – Cinéma Arvor, 11 rue de Chatillon, Rennes – 17h30

La sélection ne pouvait bien évidemment éviter de passer par la case documentaire. Ce sera le road movie Sankara n’est pas mort de Lucie Viver, inédit en salle à Rennes. On y suit le voyage d’une jeune poète partant à la rencontre des habitants et de l’âme du Burkina Fasso en suivant l’unique voie de chemin de fer du pays. A la fois lyrique et prosaïque, le film épouse le rythme lancinant des voyages ferroviaires pour dresser par petites touches le portrait d’un pays et de la poésie qu’il a inspiré.

Sankara n’est pas mort de Lucie Viver, 2020, 1h49
Mardi 31 août 2021 – Cinéma Arvor, 11 rue de Chatillon, Rennes – 17h30

Impossible de faire une sélection de films ferroviaires sans y mettre au moins un film d’Alfred Hitchcock. Le train tient en effet une place aussi récurrente que primordiale dans nombre de dispositifs du metteur en scène. On aurait pu ainsi voir le ciselé Une femme disparaît ou le bien pervers L’Inconnu du Nord-Express mais c’est le trépidant La Mort aux trousses qui clôturera pied au plancher la sélection. De sa rencontre dans le New York-Chicago avec Eva Marie Saint au plan final outrageusement évocateur, on suivra avec toujours autant de plaisir l’haletante course contre la mort de Cary Grant.

La Mort aux trousses, Alfred Hitchcock, 1959, 2h16
Mardi 7 septembre 2021 – Cinéma Arvor, 11 rue de Chatillon, Rennes – 21h

Toutes les séances sont au tarif habituel du cinéma.
Les réservations sont possibles à la caisse de l’Arvor

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