Ben Howard et Rich Thomas enchantent L’Ubu

Un grand merci à Renan Péron pour ses photos de Ben Howard :

http://renphotographie.piwigo.com

Rich Thomas

On pense arriver relativement tôt à l’Ubu, sachant que le concert est complet depuis plusieurs semaines. Mais on a probablement sous-estimé l’engouement suscité par la nouvelle révélation de la scène folk britannique, Ben Howard. On réussit à se faufiler un petit chemin, pour se rendre compte que l’on est en présence d’un public qui a déjà pris place pour l’ensemble de la soirée.

Le gros avantage, c’est de permettre aux artistes passant en première partie de jouer devant un parterre bien garni. On n’attendait pas forcément grand-chose de cette première partie, Brother & Bones : les quelques titres écoutés sur la toile ne nous ont pas forcément emballés, le tout sonnant un peu trop folk-rock fm (mais c’est juste une question de goût). On s’est trompé…

Première bonne surprise : Rich Thomas, guitariste-chanteur du groupe, arrive seul sur scène et s’assied sur une chaise, simplement accompagné d’une guitare acoustique. Chouette, on va avoir le droit à un petit titre épuré avant l’arrivée du reste du groupe ! Eh non, c’est l’ensemble du set qui se joue dans cette formule acoustique solo, pour notre plus grand plaisir.

En effet, dans ce projet Brother & Bones, les mélodies sont réussies, la voix de Rich est puissante, mais le tout est un peu trop lisse, trop propre. Or dans la version solo, les compositions folk révèlent leurs petites aspérités, et le résultat est franchement emballant.

Rich Thomas

Il y a tout d’abord cette voix très rock, étonnament puissante et claire, qui monte en intensité sans crier gare, et avec une justesse et une tenue de note impressionnantes (Here Comes The Storm). Les mélodies prennent ainsi un nouveau relief, comme sur Back To Shore : la voix est en retenue sur la première partie du morceau, pour se déployer ensuite dans un chant soudainement libéré.

Et pour ne rien gâcher, le monsieur se débrouille très bien sur sa 6 cordes, notamment sur les titres plus doux (In Your Arms, tiré de son projet solo). Il va même réussir à faire participer spontanément le public, qui claque des mains sur le dernier titre. Un set qui nous paraît très court, et qui a parfaitement rempli sa mission introductive.

C’est la pause, et personne ne bouge : au contraire, les quelques spectateurs restés un peu à l’écart, cherchent à se faufiler pour profiter du concert. Cet engouement nous surprend un peu, notamment pour un concert en semaine, sachant que Ben Howard n’est pas forcément très connu du grand public. Mais il faut savoir qu’il peut compter sur une importante communauté d’internautes, ceci expliquant cela.

Ben howard © renphotographie

Son premier album nous avait laissé mitigé : d’excellents morceaux folk sombres cotoyaient des titres pop-folk aux arrangements un peu trop riches et trop propres à notre goût. On était d’autant plus curieux et impatients de découvrir les arrangements scéniques, et nous avons été agréablement surpris, pour plusieurs raisons.

Ca commence tout en douceur avec Depth over Distance, guitare acoustique posée sur les genoux, et une première évidence : le garçon a un jeu de guitare particulièrement talentueux, à base de picking et de tapping.

Ce jeu de guitare est virtuose, et en parfaite adéquation avec un superbe timbre de voix à la Damien Rice. Une voix qui alterne douceur dans les graves et envolées aériennes parfaitement maitrisées. Sa voix se marie aussi avec les voix de ses musiciens dans de jolies harmonies vocales (Diamonds).

Il est accompagné par India Bourne (basse, violoncelle, percussions) et Chris Bond (batterie, basse, contrebasse, guitare), deux multi-instrumentistes très doués qui participent grandement à la réussite du set.

En effet, les musiciens passent d’un instrument à l’autre dans un ballet maitrisé mais décontracté, ce qui permet à Ben de papoter avec le public (en saluant à plusieurs reprises le public coincé devant le grand écran). Et cette grande variété d’instruments permet aussi de varier les arrangements, très largement au-delà de nos attentes : ces arrangements sont sobres, subtils, et bourrés de sensibilité.

Vous rajoutez à cela un set très intelligemment élaboré : commencé tout en douceur (avec notamment le superbe Old Pine), il se fait plus rythmé en milieu de concert. Le public applaudit sur le refrain du bluesy Diamonds, et reprend en choeur The Wolves avec le trio.

Puis vient le plus beau moment du concert lorsque Chris s’approche au premier plan avec sa contrebasse : Gracious, Everything et Blach Flies s’enchainent dans une atmosphère mélancolique et imposent un silence remarquable.

Ben howard © renphotographie

India joue de manière discrète et mesurée sur un tom lors des deux premiers titres. Chris délaisse sa contrebasse pour jouer quelques notes de guitare électrique sur Everything, créant ainsi une nappe sonore renforcée par le jeu de percussions d’India. Ces trois titres avaient déjà notre préférence sur album : ils sont certes moins immédiats que les autres titres au potentiel tubesque évident, mais ils se révèlent plus inventifs et plus captivants.
Le set se finit avec deux rappels plus rythmés et plus légers, avec une mention spéciale pour le tube Keep Your Head On : Ben invite Rich Thomas à le rejoindre, pour une version plus rock et plus électrique que sur album.
Les musiciens sortent de scène timidement, presque gênés par les applaudissements nourris (Ben avouera à plusieurs reprises être surpris et ravi de voir un tel engouement du public).

Ben Howard a un potentiel immense, c’est évident. On espère seulement qu’avec le succès qui lui semble promis, il ne tombera pas dans la facilité du titre pop-folk léger et propret. Gageons qu’il saura conserver cette ambiance sombre qui habitent certains titres et qui font toute l’originalité de sa folk mélancolique.

Site de Brother & Bones

Site de Ben Howard

Site de l’Ubu

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