Éclats de rire et mines interloquées ont accompagné le happening organisé par Urbaines dans toute la ville. Et pour cause : un quatuor de poubelles s’est baladé dans tout Rennes à partir de 17h pour livrer au public rennais un ballet de poubelles désopilant. Oui, vous avez bien lu : un ballet de poubelles et non un balai de poubelles…
Pour le découvrir, on avait le choix puisque ce happening s’est déroulé en 4 temps dans les rues de Rennes. La Compagnie Fracasse de 12 a en effet proposé des extraits différents de son spectacle Hop ! dans 4 lieux différents. Elle a commencé à 17h Place des Lices puis s’est dirigée pour un second extrait Place de la Mairie vers 17h30, est ensuite descendue Dalle du Colombier pour un spectacle à 18h pour finir par clôturer ses représentations à Cleunay à l’Antipode avec l’intégralité du spectacle.
On manque la représentation Place des Lices, mais lorsqu’on arrive sur la Place de la Mairie, les quatre comédiens-jongleurs-musiciens, costumés en employés municipaux (tenues vert fluo de rigueur) sont visibles de loin. Pourtant, ils pourraient presque passer inaperçus, leur tenue étant particulièrement familière et habituelle dans la ville. Mais derrière eux, déjà, quelques dizaines de personnes attendent, en ligne, que la seconde représentation commence. On suppose qu’il s’agit de passants qui les ont suivis depuis la Place des Lices quand les premiers chants commencent à résonner sur la place.
Balais, poubelles et pelles servent de percussions pour un chant qui arrête les passants immédiatement. Nos quatre employés municipaux enchaînent percussions sur poubelles, pas-de-deux langoureux et rapprochés avec leurs poubelles, numéros de clowns ou moments chantés. C’est à la fois rythmé, dynamique et drôle. Et ça plait aussi fort aux kids qui jubilent autour de nous et rient aux éclats face aux facéties de ce quatuor surprenant. Une course poursuite parfaitement chorégraphiée emballe particulièrement les spectateurs, d’autant que nos quatre drilles prennent leurs virages de manière très serrée au dernier moment pour ne pas percuter les passants surpris. Une poubelle prend même le contrôle sur une vrille in-arrêt-able. Ils ne seront pas moins de deux pour stopper la rotation infernale du conteneur dans les rires.
Les comédiens ne parlent pas, seul le titre de la pièce « hop! » « hop! » « hop! » résonne quand le chef de la joyeuse troupe essaie de mettre ses congénères au travail… Ce sont leurs gestes et leurs mimiques exagérées qui expriment, comme les clowns, moqueries, ébahissements ou facéties. Et déclenchent les rires et les applaudissements. Au bout d’une grosse dizaine de minutes, les quatre comédiens se mettent à la file, saluent sans quitter leur rôle, font demi tour et s’éloignent… Suivis par quelques passants qui en veulent encore davantage.
On suit la petite troupe dans les rues jusqu’à la Dalle du Colombier. Il est totalement étonnant de voir à quel point les quatre hommes en tenue d’agents municipaux n’attirent absolument pas les regards des passants. Pourtant, cette petite troupe marchant en file indienne sur les pistes cyclables et traversant le centre commercial des 3 soleils par la galerie couverte (mais personne ne semble s’émouvoir de leur présence) est assez surréaliste. Mais pour le moment, personne n’y prête attention.
Un petit peu avant l’heure prévue pour le début du spectacle Dalle du Colombier (18h), le drôle de quatuor commence à prendre possession des lieux. Ils se dispersent à quelques dizaines de mètres les uns des autres. Nous sommes quelques uns à les avoir suivis et on observe avec une véritable délectation l’interrogation des passants. Beaucoup les prennent pour des agents municipaux ordinaires, mais froncent tout d’un coup les sourcils en voyant les comportements pour le moins surprenant de ces drôles d’employés.
L’un d’entre eux joue de son balai comme d’un bâton de majorette. Un passant amusé lui crie : « Eh, c’est pas pour ça que vous êtes payé ! » Un autre recrute de nouveaux balayeurs parmi les passants du Colombier. Un jeune homme joue le jeu et se met à passer le balai dans les rires… Mais quand il voit le faux agent municipal commencer à se déshabiller pour échanger sa tenue verte contre la veste de costume qu’il porte, il refuse.
Nous sommes également pris à partie puisque l’un des comédiens attrape notre appareil photo et nous tire par la sangle pour aller lui-même prendre des photos, en nous tenant accroché. Un autre essaie de piquer les sacs des passants avec le manche de son balai. Un autre, appuyé contre un lampadaire, lance des œillades langoureuses aux spectateurs tandis que deux autres courent se faire des grimaces des deux côtés de la vitre d’un marchand de hamburgers. Bref, ça rigole à gorge déployée tout autour et l’attroupement autour des comédiens est désormais bien plus important.
Et pour cette avant dernière représentation avant celle de l’Antipode, les quatre comédiens vont vraiment se lâcher, gagnant encore en rythme et en énergie. Ils commencent par un morceau de percussions obtenu en frappant la paille de leurs balais par terre, puis entament un véritable ballet de balais. Ça saute, ça crie, ça chante et danse… et surtout ça rigole dans le public. Surtout quand l’un des comédiens faussement vexé se cache dans une poubelle et que son compagnon s’amuse à faire rouler le conteneur comme si de rien n’était devant un public hilare.
S’ensuivent des chœurs doo-wop à quatre voix, un saut depuis la poubelle dans les bras de trois employés qui vaut les meilleures revues de music-hall, et une chorégraphie chantée pleine d’humour. Debout sur les poubelles, bondissant dans les airs tels les Fred Astaire des poubelles, chantant comme les meilleurs boys band du doo-wop des sixties, les quatre comédiens de la Compagnie Fracasse de 12 achèvent leur représentation bouillonnante et désopilante dans les rires et les applaudissements très fournis.
Ils saluent et sont fort justement acclamés. Quand une dame du public s’approche d’eux, assez interloquée et leur lance : « Mais vous êtes vraiment de la Ville ? » Tout le monde éclate de rire et les quatre comédiens, qui ne quittent pas leur rôle, acquiescent dans les rires du public puis vont faire un gros câlin à cette dame qui est venue donner une fin encore plus drôle à leur spectacle.
Puis une nouvelle fois, aux « hop » répétés de leur chef, les quatre faux employés municipaux se mettent à la file indienne, saluent, font demi tour et s’éloignent… Dans les applaudissements. Autour de nous tout le monde a un immense sourire. On espère que le soir même, à l’Antipode, les quatre comédiens rencontreront le même succès. Et dire qu’on voulait être éboueur quand on était enfant (à cause de la tenue vert fluo, et du fait de se mettre debout à l’arrière du camion poubelle), on se prendrait presque à regretter de ne pas avoir suivi cette première vocation…
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Plus d’infos :
Le site de l’Antipode : http://www.antipode-mjc.com/urbaines/
Le site de la Compagnie Fracasse de 12 : http://www.fracassede12.fr/