Un débat Royal-Sarkozy sans vainqueur mais pas sans gagnant

Le débat de l’entre deux tour de l’élection présidentielle s’est déroulé mercredi 2 mai, pendant 2h30. L’enjeu n’était pas le même pour les candidats, chacun devant alors consolider ses forces et renforcer ses points faibles. Pour Nicolas Sarkozy, il s’agissait avant tout d’apparaître comme calme et ouvert au dialogue, et non dans l’agitation continue. Pour Ségolène Royal, l’enjeu était de gagner une stature présidentielle, dont certains la pensent dépourvue. Avant le débat, on pouvait penser que l’avantage allait plutôt à M. Sarkozy, étant à priori le meilleur dans les joutes verbales et sur un plateau de télévision. De plus, il est arrivé largement en tête du premier tour avec une avance de 6 points sur sa concurrente socialiste. Les deux candidats se sont rendus coup pour coup, passant allègrement d’un sujet à l’autre, au grand dam des deux journalistes présents : Patrick Poivre d’Arvor et Arlette Chabot.

Le premier thème devait concerner les institutions et la manière de gouverner. Comme le tirage au sort l’avait désigné, Nicolas Sarkozy prend la parole le premier sur cette question. Il se place tout d’abord dans l’action et la culture du résultat. Cela se matérialise par des feuilles de route pour les ministres qui devront rendre des comptes. Ce fonctionnement avait déjà marqué le passage de M. Sarkozy au ministère de l’intérieur. Ségolène Royal parle, elle, tout d’abord de la dette, avant de questionner son adversaire sur son bilan au gouvernement et notamment en matière de sécurité chiffre à l’appui. Le candidat de l’UMP déclare assumer pleinement sa responsabilité quant au bilan, parlant d’une situation catastrophique à son arrivée. Il répond ensuite sur la dette, mettant en avant son projet de ne pas renouveler un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Nous sommes alors bien loin du débat sur les institutions prévus au départ. La candidate socialiste a choisi d’interpeller dès le début son adversaire sur les questions de sécurité et la dette, elle surprend alors par sa combativité. S’engage alors un échange autour des fonctionnaires, Mme Royal estimant qu’il ne faut pas les supprimer mais mieux les redéployer afin d’éviter les doublons. Cela passe par une nouvelle étape de décentralisation d’après elle.

S’enchaîne un débat autour des 35h. On voit alors nettement l’opposition entre les iédes de chacun. M. Sarkozy parle alors de sa mesure phare qui est travailler plus pour gagner plus, c’est à dire la libéralisation des heures supplémentaires. Il interroge alors Mme Royal sur sa position sur les 35h. Cette dernière admet que la deuxième loi est trop rigide et qu’une négociation entre partenaires sociaux doit avoir lieu branche par branche. Sans accord, la règle reste les 35h. La candidate du PS ajoute que l’augmentation des heures supplémentaires risque de créer du chômage. Pour M. Sarkozy, les 35h sont un minimum auquel ont doit laissez la liberté de gagner davantage d’argent.

Arrive le sujet des retraites. Nicolas Sarkozy réaffirme sa volonté de remettre à plat les régimes spéciaux et de garder l’allongement de la durée de cotisation comme solution, comme pour les lois Fillon. De son côté, Ségolène Royal propose de revaloriser les petites retraitespar une taxe sur les revenus boursiers. Elle s’insurge contre les lois Fillon, créatrice selon elle d’injustice vis-à-vis des femmes et propose de les remettre à plat en tenant compte de la pénibilité du travail. M. Sarkozy réagit à son tour trouvant la remise à plat des lois Fillon n’est pas une solution.

Sur la fiscalité, Mme Royal met en avant une fiscalité encourageante sur l’écologie qui devrait permettre de développer des centaines de milliers d’emplois. Le candidat de l’UMP de son côté explique le principe du bouclier fiscale qui doit permettre à chacun de ne pas se voir prélever plus de la moitié de ce qu’il a gagné. Son adversaire parle alors du cas d’une riche héritière qui aurait alors reçut un chèque de 7 millions d’euros, ce qui conduit M. Sarkozy à un lapsus Ce que je propose, c’est pire. Il cherche alors à expliquer le bien fondé de sa mesure.

Sur le logement, là aussi deux visions s’opposent. De sont côté, Nicolas Sarkozy défend l’accès à la propriété. Pour Ségolène Royal, il s’agit surtout de construire plus de logements sociaux. Elle dénonce alors les communes qui ne respectent pas le quota des 20% de logements sociaux telles que la vôtre, parlant de Neuilly. Ce à quoi le président de l’UMP ne répond pas. Il estime par ailleurs qu’il faut avoir de l’ambition sur le logement.

Le débat s’échauffe quant à la question du nucléaire, avec une bataille de chiffre. Mme Royal veux un moratoire sur l’EPR contrairement à Nicolas Sarkozy. Ce dernier défend alors les avancées technologique, parlant de 4ème génération de centrale, et la vente d’un EPR à la Finlande. Son adversaire dénonce alors une série d’erreurs de M. Sarkozy car il ne s’agit en effet pas de la quatrième mais de la troisième génération de réacteur pour l’EPR, et la Finlande a déjà un prototype. Elle dénonce alors une approche très approximative du dossier. Le candidat UMP lui rétorque Je ne connais peut-être pas le dossier, mais je suis assez cohérent.

Sur la question de l’éducation, Mme Royal propose de rendre dès cet été les 5 000 postes d’enseignants qui ont été supprimés et pas plus de 17 élèves par classe. M. Sarkozy souhaite lui que pour les familles défaillantes, les allocations familiales soient mises sous tutelle. Il oppose ensuite à la proposition de sa concurrente d’un service public de la petite enfance, la mise en place d’un droit opposable à la garde d’enfant. Cela provoque une vive réaction de la candidate socialiste pour qui les femmes n’auront pas le temps d’aller devant des tribunaux déjà surchargés. Nicolas Sarkozy met également en avant lecivisme et le respect des professeurs, ainsi que davantage d’autonomie et de liberté pédagogique pour les établissements. Ségolène Royal plaide pour le soutien scolaire personnalisé, par les enseignants, s’ils le veulent, ou par un nouveau métier de répétiteur. Elle cherche à parler d’un nouveau pacte éducatif.

Mais le point fort du débat est venue sur la question des enfants handicapés en milieu scolaire. M. Sarkozy prenait alors cet exemple comme application du droit opposable, permettant au enfant n’ayant pas une place à l’école de venir devant les tribunaux. Cela a déclanché une colère de Mme Royal, accusant son adversaire d’atteindre le summum de l’immoralité politique. Elle a accusé le gouvernement sortant d’avoir supprimer le plan Handiscol, que la candidate socialiste avait mis en place sous le gouvernement Jospin. Elle a avoué qu’elle ytenais particulièrement, parce que je sais à quel point cela soulageait les parents de voir leurs enfants accueillis à l’école et c’est vous qui avez cassé cette politique. Nicolas Sarkozy l’a alors accusé de perdre son sang froid. Il s’agissait plus pour Ségolène Royal d’une colère saine face à ce qu’elle a qualifié d’injustice.

Concernant l’Europe, la candidate socialiste a une nouvelle fois parlé de l’Europe par la preuve, désirant relancer l’Europe de l’investissement, de la recherche, de l’environnement. Elle a également rappelé qu’un nouveau référendum aurait lieu le moment venu. De son côté, M. Sarkozy a prévenu qu’il ne reviendrait pas sur le non à la constitution mais souhaite un traité simplifié et s’est également opposé à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Il a ensuite interroger sa concurrente sur la question, qui a déclaré vouloir faire une pause dans l’élargissement, sans pour autant fermé totalement la porte à la Turquie.

Sur les questions d’immigration le candidat UMP s’est prononcé pour un co-développement mais des reconduites à la frontière pour toutes les personnes sans papier. De son côté la candidate socialiste prône des régularisation au cas par cas sur la base de critères.

Enfin, concernant les institutions, M. Sarkozy ne souhaite pas changer les institutions car pour lui la VIe République, c’est retour à la IVe. En revanche il a déjà exprimé que les parlementaires de l’UDF étaient les bienvenus au sein de sa majorité avec l’UMP. En revanche, Mme Royal a souhaité la mise en place d’une nouvelle République qui s’appellera sans doute la VIe République. Cette dernière reprendrait de nombreuses idées présentes dans le pacte présidentiel, tel que : la suppression du 49-3,(…) un référendum d’initiatives populaires possibles, des jurys de citoyens (…), la réforme du Sénat et une part de proportionnelle

Difficile de désigner un vainqueur à ce débat qui est apparu comme très vif dans les échanges. Malgré tout chacun des candidats y a tenu ses objectifs et a donc gagner quelques chose. Nicolas Sarkozy ne s’est pas emporté et a su garder son calme, lui dont on attendait qu’il soit nerveux. Mais surtout Ségolène Royal a qui on reprochait jusque là son manque de stature, est apparu très pugnace et sachant prendre le dessus sur son adversaire. C’est elle qui a le plus surpris dans ce débat, là où tout le monde attendait Nicolas Sarkozy. Cependant, ces joutes verbales sont surtout l’occasion de conforter les électeurs dans leur jugement. Le véritable vainqueur sera celui qui sera désigné Président de la République, dimanche soir à 20h.

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