N’avez-vous pas entendu ce calme ? Bien avant le confinement dû au COVID19, l’aéroport de Rennes-St Jacques avait été fermé pour redonner un coup de jeune à sa piste principale. Des travaux d’envergure qui devaient durer jusqu’au 28 mars mais qui ont pris du retard du fait du confinement. Cependant s’ils ont été un temps suspendus, les travaux ont repris le 10 avril. Il doit s’agir d’une activité indispensable.
Mais revenons aux fondamentaux : pourquoi ces travaux ? Il s’agit en fait de permettre à l’aéroport de Rennes de pouvoir accueillir des avions plus gros, des A350 et Boeing 777 pour être précis, ainsi que pour doper l’activité de fret.
Pourquoi envisager une augmentation des capacités de l’aéroport de Rennes ? Est-ce nécessaire pour notre économie ? Va-t-on perdre des emplois et la croissance régionale si nous ne sommes pas en mesure d’accueillir ces gros porteurs ? Ces questions se posent évidemment comme celle de la pertinence, notamment écologique, des vols de courtes distances et du fret aérien.
Le 3 juin 2019, un groupe de parlementaires EELV et LFI avait déposé un amendement à la LOM, la loi d’orientation des mobilités, afin de restreindre, voire d’interdire, les vols internes notamment lorsqu’il est plus rapide de prendre le train plutôt que l’avion. Prenons l’exemple de Rennes. Il faut 1h26 en TGV, et 1h05 en avion. Si on ajoute à cela les délais d’enregistrement et d’acheminement vers les aéroports (Roissy Charles de Gaulle en l’occurrence pour les liaisons Rennes-Paris), il est plus rapide de se rendre à Paris en TGV (et ce même si vous tombez sur un train qui s’arrête au Mans et à Laval !). L’objectif de cette proposition était évidemment de réduire la pollution engendrée par le trafic aérien.
A en croire Delphine Batho dans le JDD qui prend elle l’exemple de vol Paris-Nantes « Un vol Paris-Nantes, c’est 63,3 kilos de CO2 par passager… soit 66,6 fois plus que ce même trajet en train (selon les estimations de la DGAC et de la SNCF). A eux seuls, les vols intérieurs représentent 1,3% des émissions nationales de dioxyde de carbone, calcule le Réseau Action Climat. » Un sacré geste écolo donc pour des répercussions minimes pour les usagers. Les critiques faites à cet amendement ont surtout concerné l’emploi et la perte d’activité des aéroports régionaux. Mais cet argument a-t-il été pris en compte lors de la fermeture de petites gares ? de petites lignes SNCF ?
Un des objectifs de cette rénovation est également la possibilité d’augmenter la capacité de fret de l’aéroport. Si on peut imaginer que certaines entreprises puissent avoir besoin de fret aérien, il faut tout de même rappeler que la part modale du rail dans le transport de marchandises est de 9% en France alors qu’elle est de 18% en Europe. Le choix est donc politique. Le sous-investissement dans le fret ferroviaire l’a poussé vers la chute, depuis les années 1970, le rail est en décroissance année après année, et ce malgré l’ouverture à la concurrence opérée à partir de 2003 qui devait dynamiser le secteur. L’Etat, via la Chambre de commerce et d’industrie d’Ille-et-Vilaine, un des deux actionnaires de l’aéroport de Rennes, aurait pu choisir de redéfinir les priorités, mais il semblerait que non et 10 millions d’euros ont donc été investis dans ces travaux.
Pour info : la proposition de suppression de certains vols internes n’a pas été retenue, celle-ci a été jugée « pas très sérieux » par l’ancien ministre de l’écologie François de Rugy.
Nous aurons une piste d’atterrissage toute neuve, avec des vols vers Paris plusieurs fois par semaines. Le Flygskam est encore loin.
(Mise à jour – 27 Avril 2020)
Bruno Lemaire, ministre de l’économie, a indiqué le montant de l’aide apportée par l’État (c’est à dire nous) au groupe Air France-KLM : 7 milliards d’euros selon deux modalités :
- prêt garanti de 4 milliards d’euros
- prêt d’actionnaire de 3 milliards d’euros.
Malheureusement, EELV regrette que ce gros coup de pouce financier ne soit assorti « d’aucune conditionnalité environnementale, ni sociale. Les engagements de façade pris par Air France […] ne constituent en aucun cas un engagement formel. » On apprend d’ailleurs dans Ouest-France qu’une reprise du trafic aérien pourrait être effective dès le 11 mai entre Paris et trois villes françaises, dont Brest. Cette annonce a fait bondir l’association Agir pour l’Environnement (APE), qui a lancé une pétition en ligne. Elle compte déjà près de 30 000 signataires. De plus, la ligne très-courte-distance-Rennes-Roissy va probablement ouvrir dès juin prochain avec deux vols par jour… Rappelons que depuis la mise en service de la Ligne à grande vitesse (LGV), Rennes est à seulement 1 h 27 de Paris.
PS : Pour ne pas faire trop long je ne vous ai pas parlé des autres aéroports bretons mais sachez que la Cour de comptes elle en parle dans son rapport de 2019. Elle pointe du doigt le coût des 8 aéroports bretons qui ont accueilli « seulement » 2,3 millions de passager.e.s (dont 80% sont parti.e.s ou arrivé.e.s à Rennes et Brest. Les aéroports de Quimper, Lannion et Saint-Brieuc n’ont accueilli que à eux trois 84.269 passagers en 2018…). Mais je compte sur votre curiosité.
Le problème n’est pas tant les avions que les prix exorbitant de la SNCF, pourquoi un vol Dinard-Londres me coute moins cher qu’un train Rennes-Paris? Alors je veux bien faire des effort dans mes habitudes de transports mais il faudrait que la SNCF en fasse aussi! Arrêtons de blâmer les compagnie aériennes et rendons le rail compétitif!
pour comparer les 2 modes de transport, il faudrait que les compagnies aériennes paient le « vrai » prix de l’énergie qu’elles consomment, taxes comprises, ce n’est toujours pas le cas aujourd’hui…