C’est donc depuis le Parc Expo, en direct des Transmusicales que nous vivons la dernière soirée du festival. Toujours autant de monde, une nouvelle fois (la deuxième en deux soirs) les entrées ont toutes été vendues… Les artistes, Alter1fo et le public sont au rendez-vous!
Le show commence dans le hall 9. A peine arrivé, on fait connaissance avec Clara Moto, une Dj’s pas très active derrière les platines. Entre deux coupes de champagne (qu’elle se sert sous la table), la musique house nous entraîne dans une mélancolie pas très énergisante. Nous quittons le hall un peu déçu.
The Residents, les anonymes les plus célèbres de la soirée ne sont pas là cette fois pour nous conter la fabuleuse histoire d’une invasion de taupes ou tordre le cou des morceaux des Beatles ou d’Elvis ; ce soir ils nous proposent de vivre la quête du chanteur à la recherche de son frère disparu. Déguisés en lapins géants à l’intérieur d’abris de toile rose et jouant une sorte de musique instrumentale hypnotisante, laissant le chanteur au look de vieil ermite poser sa voix rauque pour nous transporter dans l’univers barré du groupe. Les éléments vidéo qui ponctuaient le concert et alimentaient la quête cassaient parfois le rythme du spectacle. Ça reste cependant un plaisir de voir les Residents en Live ( j’ai gardé le morceau « Rabit Habit » jusqu’à ce matin en tête).
La grande découverte de cette édition est sans conteste l’anglaise Ebony Bones. Le début du set est tout simplement incroyable. En moins de deux minutes, les spectateurs sont autant sous le charme de la musique, des choristes et de Ebony. Quel charisme ! Cette mascotte anglaise, à la robe flamboyante donne une énergie du feu de dieu. La seule chose que l’on peut noter est la durée du concert, seulement 45 mn. Dommage pour nous mais aussi sûrement pour elle. Contrairement à Santogold l’année dernière qui a joué dans le même hall à la même heure, Mlle Bones, tant attendu, a su tout « modestement » rendre aux Transmusicales ce que l’on attendait d’elle. Pas encore signée, les maisons de disques vont certainement se battre pour obtenir la perle.
Dans le même hall, déboule l’excellent Switch. Producteur de M.I.A et de Santogold entre autre, le tonton de la techno fait également salle comble pendant une demie-heure. Juste avant sa tournée américaine, ce véritable DJ’s, beaucoup plus traditionnel que la nouvelle génération plus branchée électro, nous prouve que la musique techno s’est encore faire parler d’elle. Au grand bonheur des irréductibles.
Les deux Beatmasters japonais d’Hifana étaient attendus au hall 9 ce soir par un grand nombre. Leur technique sans séquence préprogrammée est très impressionnante et rendent le Live très vivant. Du Breakbeat comme on aime (pas étonnant qu’ils aient assuré les premières parties de Daft Punk lors de leur passage au Japon). Le Vjaying qui intégrait le streaming vidéo de la performance en direct n’était pas aussi démentiel qu’espéré, quelques effets seulement et quelques passages manga n’auront pas suffit à nous émerveiller.
Un peu plus tard dans la soirée, le français Brodinski se voit confier le « grand hall 9 » pendant une heure et demie. Et bien le temps est passé très vite. Son set bien rodé, Brodinski reste dans la lignée des grands groupes électro-branché du moment. Ses remix parfois très lourds nous rappellent ses maxis 12′. A noter le remix de DJ’s Mujava, 2h1/2 avant de le voir sur scène ! Le hall 9 est comblé et la fin de son show a été époustouflante. Merci Brodinski. Prochaine date à Paris le 17 décembre !
The Black Angels (Hall 3) ont-ils été séquestrés entre 1968 et 2008? Leur Rock psychédélique autant que leurs dégaines de disciples de Timothy Leary ou Charles Manson doivent beaucoup aux 13th elevators période « roller coaster », il ne manque que la cruche électrique, jusque dans le son, très attenué ou presque acqueux. Un très bon moment, mais on a peine à croire que les Black Angels « sauvent le Rock », peut-être se hisseront-ils jusqu’au statut de groupes cultes qu’ont acquis Phish ou encore Spiritualized.
Le génial Wesley Pentz aka Diplo aux platines a fait grimper la température du Hall 04 lors de son set d’une heure et demie. Un sans faute parfait pour le mashup master qui écume la planète pour disperser la bonne musique. Tout y passe, de Santogold à Nirvana jusqu’au remix du tube interstellaire de DJ Mujava. Un des moments les plus agréables de la soirée grâce à cet artiste qui vit une année prolifique, une tournée mondiale, production de remixes qui lui ont valu d’être au top 50 des artistes de l’année chez NME, des mixtapes avec Benzi et Santogold, et il vient d’être nominé mercredi au Grammy pour la production de l’album de M.I.A « Paper Planes « . Quand on repense à la prestation de ce soir, on se dit que c’est bien mérité.
Aussitôt démarre, dans le même hall, le Russe The Proxy. Le voyage a du le démanger car une fois arrivé sur scène, the Proxy ne perd pas de temps et met tout se suite les choses au clair. Son électro un peu plus agressive que les précédents prouve que même hors Europe, ce DJ’s à la coiffure des Kraftwerk passe du très très bon son, avec beaucoup de soin. Mais (car il en faut un), le hall 9 est presque vide. On était tellement habitué à voir ce hall rempli pendant les grandes du samedi soir que l’on se demande où sont les festivaliers…
Le Hall 04 est décidément à l’honneur ce soir, c’est maintenant le tour des deux champions DMC de la team C2C, Pfel (Dj de Beat Assaillant) et Atom, de retourner la salle. A coup de scratchs et de cuts, ils ont remixé à leur sauce Daft Punk, Nirvana, les Beastie et même les Arctic Monkeys (première fois que j’entends un remix d’un titre de ce groupe en Live). Style impeccable au service d’une énergie brute, encadrée par une partie vidéo de qualité ont offert un show à couper le souffle… et les jambes.
Le dernier, mais pas le moins connu avec pourtant un seul titre sorti en Europe à son actif, c’est le sud africain DJ Mujava, auréolé du statut de buzz du moment, depuis sa signature chez Warp et l’annonce d’une sortie imminente d’album. Comme pour « Township Funk », son set electro va droit au but: économie de moyens ou minimalisme, les quelques centaines de couche-tards qui sont restés apprécient, au vu de la masse ondoyante qui se meut devant le sud-africain et le grand écran bleu. Parmi eux, on remarque encore Jean-Louis Brossard, dansant et sourire aux lèvres, sans doute pas peu fier de sa trentième programmation bouclée à l’aube.