STNNNG au Mondo Bizarro : Happy Noisy Monday

L’impeccable affiche de la soirée Kfuel du 24 février 2014 au Mondo Bizarro aura tenu toutes ses promesses… et même celles que nous n’avions pas osé professer. Les prestations intenses et réjouissantes de Ruby Red Gun et de Shub auront parfaitement servi de tremplin pour un concert de STNNNG qui marque un nouveau standard en matière de concert rock sauvage et noisy. Retour sur un lundi soir comme on en vit peu.

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Comme nous nous doutons que le timing sera relativement serré avec trois groupes au programme, nous arrivons pile à l’heure avenue Patton et découvrons avec plaisir qu’il y a déjà un peu de monde. Ce n’était pas gagné d’avance pour un lundi, même avec une affiche aussi énorme, mais le public est là. On croise la fine fleur de la noise rennaise, les fidèles des concerts abrasifs mais aussi des plus jeunes qui vont amplement participer à l’ambiance volcanique de la soirée.

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C’est le duo rennais Ruby Red Gun qui nous fait l’honneur de verser le premier son. Le concert démarre avec même pas une demi-heure de retard, ce qui est quasiment surnaturel pour le Mondo Bizarro. Nous avions honteusement loupé leurs concerts au début des années 2000. Nous étions donc totalement ravis de pouvoir enfin écouter leur math rock survitaminé en live. Nous ne sommes pas les seuls puisqu’une bonne partie du public a fait le déplacement juste pour le groupe. Nous retrouvons avec un immense plaisir Stéphane Fromentin (We only said, Trunks, Psykick Lyrikah et aussi Ladylike lilly comme on peut le lire dans l’excellente interview du camarade Polistitution), son rack de pédales et son inimitable jeu de guitare chaloupé, accompagné derrière les fûts du patron de l’excellent bar rennais Le Grand Sommeil. Après 7 années de hiatus, les deux gars ont visiblement envie d’en découdre. Leurs morceaux math-rock survitaminés sont joués avec joie, complicité, fureur… et avec les cris d’un Fromentin retrouvant dans la douleur ses diaboliques arpèges. Guitare insaisissable et pourtant toujours limpide, rythmique retorse et avide de chausse-trappe, le duo livre une prestation pleine d’une énergie intacte et réjouissante d’un bout à l’autre. Les sept morceaux de la playlist sont enquillés en une grosse demi-heure de pur plaisir électrifiant qui colle des sourires béats à toute la salle. Nous nous mordons bien sûr les doigts de ne pas nous avoir pris ça dans la tronche plus tôt, mais nous n’en mesurons que d’autant plus la chance d’avoir une aussi belle occasion de rattrapage.

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Après une courte mais assourdissante balance (c’est la première fois que nous remettons nos bouchons d’oreilles lors de préparatifs), c’est au tour des nîmois de Shub de montrer ce qu’ils ont dans le ventre. L’intro lourde et lancinante du Prok’o’fiev d’ouverture ne va guère faire illusion longtemps, le trio joue fort, très fort, on l’avait senti venir mais ça n’empêche pas le déluge sonore de faire son petit effet. Leur noise bluesy et pernicieuse prend une ampleur insoupçonnée en live et les gars nous cueillent sur place comme au premier jour. Avec un étonnant stoïcisme, ces pieds nickelés du Gard enchaînent pendant trois bons quarts d’heure les tubes braillards et railleurs pour notre plus grand plaisir. La part belle est faite à leur quatrième album Spot The Difference et l’on a le bonheur ineffable de se manger des versions survoltées du très direct Wasteman ou de la Pirate Song et de son étonnant pont dub
L’heure tourne à une vitesse folle et la limite horaire en ce lundi étant à minuit, on sent une certaine tension à l’idée d’être obligé d’écourter façon Cendrillon le dernier concert. Pas facile pourtant de stopper les nîmois dans leur élan, surtout quand personne n’a envie que ça s’arrête. Ils trouvent tout de même le moyen de boucler le set en apothéose avec un ultime et furiosissime morceau accompagné du volcanique chanteur de STNNNG : Chris Besinger qui laisse augurer du meilleur pour la fin de soirée.

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Et ce sera bien le meilleur que nous aurons. En à peine un quart d’heure, les cinq gars de STNNNG (à prononcer « Stunning » si vous êtes un amateur de voyelles) ont installé leur matos. On retrouve derrière le micro Chris Besinger, sans son chapeau mais avec costard gris souris à motif et chaussures de mafiosi (tout du moins en début de set), accompagné du redoutable duo de guitaristes Adam Burt/Nathan Nelson, du bondissant Jesse Kwakenat à la basse et de l’implacable Ben Ivascu à la batterie. Comme leurs prédécesseurs, les gars de Minnéapolis ne semblent pas être venus pour faire de la figuration. Preuve en est l’explosif enchaînement Dead Sex/Howling man ouvrant le set et qui les place d’emblée dans le registre d’un rock noise furibard et fiévreux. Registre qu’ils ne quitteront d’ailleurs pas un instant sur trois quarts d’heure d’un concert incandescent de bout en bout. Le jeu du combo est très spectaculaire, à la fois précis, direct et surpuissant. Besinger assume avec une irrésistible folie le rôle du frontman déchaîné et finit dans le public au bout de deux minutes de concert. Il hurle ou scande ses textes avec une voix fascinante tout en sautant aux quatre coins de la scène en jouant avec jubilation avec le public (ou ses chaussures). Kwakenat et sa basse ne sont pas non plus en reste et même si la scène du Mondo semble bien étroite pour ses cabrioles, le gars arrive à lui aussi chavirer en tout sens dans une belle fureur rock’n’roll à souhait. Le reste de la bande est certes plus statique mais ils donnent tout autant de leur personne et l’ensemble sonne avec une irrésistible puissance par laquelle le public se laisse engloutir avec une joie ineffable. Cette furieuse entrée en matière est suivie d’un petit détour par leur formidable quatrième album : Empire Inward. Le chavirant Brain Dumb colle parfaitement aux deux premières bombes et quand sonnent les premières mesures du lancinant Old Fool & Crow, on pense l’espace d’une seconde le temps de l’accalmie arrivé. On se fourre l’ensemble de nos phalanges dans l’œil puisque le titre, est exécuté dans une version fourrée à la nitroglycérine. Même traitement pour le Empire Inward qui suit sans ralentir d’un iota le tempo. A ce stade le Mondo n’est plus qu’un joyeux chaos bouillonnant de sueur tanguant au rythme des assauts successifs de riffs électrifiants. Dans ce superbe bordel, le temps file comme un éclair sans aucun temps mort jusqu’à un rappel titanesque constitué du doublé monstrueux ouvrant leur album Fake Fake : le somptueux Grand Island, Neb suivi du foudroyant Dubbed Warehousing.
On sort de là légèrement abasourdi mais aux anges d’avoir pu assister à ce qui restera sans aucun doute une des références en matière de cataclysme scénique. Ravi d’avoir eu la preuve vivante que ce groupe a sa place au côté de Hawks ou Blacklisters au panthéon des plus intenses groupes de noise rock actuels.
La petite discussion qu’on aura ensuite avec le chanteur en complétant notre discographie du groupe confirme qu’en plus d’être de fabuleux incendiaires sonores, ces types sont d’une simplicité désarmante.
Merci une fois de plus au Mondo Bizarro et à l’association Kfuel pour cette superbe soirée avec triple claque incluse, qui aura su dépasser largement les folles espérances qu’elle avait pu suscitées.

1 commentaires sur “STNNNG au Mondo Bizarro : Happy Noisy Monday

  1. Mr.B.

    Ho yeah, l’intégralité de la soirée est visible immortalisée par l’impeccable Appolosmouse.
    Ruby Red Gun : https://www.youtube.com/watch?v=4qDp5Kjzzek
    SHUB : https://www.youtube.com/watch?v=nTg_CgZyajk
    Il a d’ailleurs pour l’occasion mis les bouchées doubles pour 48 minutes de pure bonheur noisy en compagnie de STNNNG : https://www.youtube.com/watch?v=ZqHLlBYtPdc

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