Du Blues de luxe. Ubu Blues et fin de tournée pour Seasick Steve, qui retourne Maison-douce-maison, et pas en bateau, après la livraison d’un superbe set de Blues rappeux et trempé de Bourbon, joué sur des « guitares de m…, mais qui sonnent (sic(k)) »

« Ce gars-là en a vécu. sûr ». Echappé d’un bouquin de Kerouac, de London ou de Twain plutôt que des Transmusicales 1967, gueule cassée et regard pénétrant, Seasick Steve a réuni hier soir à l’Ubu tout ce que Rennes compte d’amateur de blues rural ou électrifié. On avait pas vu ça depuis la prohibition et la fermeture des juke-joints de la rue Saint Michel. Tout ce petit monde attend sagement, l’oreille draguée par les dernières nouveautés sorties à Memphis ou à Nashville, et puis le monsieur arrive « I’m coming, I’m coming… ». L’heure et demi suivante, Steve mal-de-mer nous gratifie d’un enchaînement de Blues du cru, solidement scandé par son acolyte frappeur de fûts, entrecoupés d’interludes autobiographiques. « Cette guitare est un morceau de m… le type qui me l’a vendu, avec ses trois cordes, l’avait acheté 25 dollars dans un bazar du Mississipi. Il me l’a revendue 75. Mais dès sa fabrication, au Japon dans les années 50, c’était une m… ».
Bon d’accord, l’homme met en scène les mêmes péripéties à chaque concert, mais faut bien reconnaître que monsieur n’a pas eu la vie facile: « J’allais shooter mon beau-père, mais j’ai eu une révélation: fallait mieux faire mon sac et prendre la route ». Effectivement, Steve, on préfère te voir là, à triturer tes reliques à corde (6, au total) pour notre bon plaisir.

* Etablissement débiteur d’alcool, dans lequel on dansait, jouait au jeux, et où les premiers bluesmen se sont produits, dans le sud-est des Etats-Unis.