Route du Rock 2018 – Come back gagnants ?

Cette année encore, dans la programmation de la Route du Rock 2018, une tripotée de groupes revient sur la(es) scène(s) du festival. Et ce, bien souvent après avoir laissé des souvenirs indélébiles de leurs prestations les éditions précédentes. Petit tour d’horizon des retrouvailles qui s’annoncent…

Les histoires d’amour sont parfois brèves et fulgurantes. D’autres s’inscrivent dans la durée. Sur la planète des fondus de musique (dont nous sommes), d’aucuns n’écouteront jamais que les premiers albums, d’autres lâcheront l’affaire au premier long format correspondant moins à leurs attentes. Certains à l’inverse choisiront de suivre un artiste sur la longueur, avec ses doutes, ses réussites (voire ses errements). Possédant le même indie-ADN que ces derniers festivaliers, la Route du Rock poursuit ainsi avec fidélité, des relations au long cours parfois commencées il y a longtemps, avec des artistes déjà venus brûler les planches (parfois humides) du Fort St Père. Fort heureusement, bien sûr, la programmation du festival fait aussi la part belle aux découvertes et aux new comers, notamment encore cette année. Mais cette fois encore, retour sur les durables amitiés, la confiance renouvelée et les longues attentes qui se trouvent enfin récompensées…

Grizzly Bear

Troisième venue des Américains de Grizzly Bear à la Route du Rock après notamment un double moment de grâce suspendue en 2006, l’un au Palais du Grand Large le vendredi et l’autre le dimanche en remplacement au pied levé des Television Personalities pour ouvrir la soirée au Fort St Père. Ed Droste (chant, claviers, guitare, omnichord),  Christopher Bear (batterie, percussions, chœurs), Daniel Rossen (chant, guitare, claviers) et Chris Taylor (basse, chœurs, vents) nous avaient lessivé l’estomac, le cœur et l’âme tout ensemble et le fan de pop transi planqué derrière nos t-shirts de noise était rien de moins que tombé à genoux.

Grizzly Bear © Tom Hines

Yellow House n’était pas encore sorti. On n’avait alors pas écouté Horn of Plenty et on s’était pris rien de moins qu’une belle claque : la pop du quatuor aux couleurs aussi délicates qu’éclatantes, avec un goût notable pour les arrangements ciselés (et pourquoi pas une flûte traversière), les virages mélodiques et les harmonies à plusieurs voix nous avait écarquillé grand les oreilles. Assez pour qu’on se précipite sur Yellow House sorti chez Warp (à cette époque un groupe pop sur l’un des labels cultes de l’électro était événement) en septembre de la même année. Depuis autant dire qu’on l’a élimé à force d’écoute. Mais aussi Friends (compilation de démos, de versions différentes des morceaux, avec en prime quelques covers et un morceau avec Beirut et Dirty Projectors) sorti la même année. Tout comme Department of Eagles, l’autre projet de Daniel Rossen, qu’on adore tout autant.

Leur retour en 2009 sur la scène du Fort, mais cette fois-ci dans le noir, fut tout aussi gagnant et l’on découvrait pour la première fois les compositions du magistral Veckatimest en live pendant un concert de haute intensité. Les quatre garçons qui avaient fait les premières parties de Radiohead, joueraient plus tard avec orchestre, Owen Palett et Nico Mulhy, mais surtout avaient composé un joyau étincelant de pop dont les arrangements de haut vol n’avaient pu être repris à l’identique sur la scène du Fort. Le groupe y avait remédié par un équilibre de haute voltige gagné sur un dénuement aux atours plus rêches mais aux entrelacs rythmiques et mélodiques fascinants. La sortie de Shields, autre cathédrale de pop vocale et symphonique aux mélodies tourbillonnantes n’a fait que confirmer notre  adulation sans borne pour les Américains. Si on continue de laisser le temps à Painted Ruins (été 2017) qui se montre moins évident d’accès mais tout aussi riche de trésors au fil des écoutes, on compte les minutes jusqu’à ce nouveau concert qui devrait combler (on l’espère) les amateurs de pop grand format qui déborde des angles.

Grizzly Bear – Vendredi 17 août – Fort St Père – 20h45.

Shame

Ne vous laissez pas avoir par la pochette de leur premier album Songs Of Praise (Dead Oceans, janvier 2018 -titre faisant d’ailleurs écho à une émission religieuse anglaise) qui les voit mignonnets tenant de doux porcelets dans les bras, les Shame Britanniques sont plutôt du genre saignants. Après une venue sur la scène de la collection hiver 2017 de la Route du Rock, les voici de retour auréolés par la sortie réussie et quasi partout acclamée du premier album sus-cité.

Brexit ta mère titrait l’an dernier Mr B en parlant d’Idles, Sleaford Mods et Fat White Family (et consorts). Ça s’applique tout pareil au quintet de Brixton, tranchant comme des charcutiers, dont l’imagerie (pintes & pub, fish & chips, foot anglais) à la fois hirsute et braillarde colle sans peine à leur post-punk tendu balançant sans fard et avec une verve épatante la rage profonde minant la société anglaise. Ce &$#& de flegme britannique a au moins le mérite d’avoir aussi produit de splendides exemples de ce qui peut se faire de mieux en matière de hargne et de bargerie musicale. Directs, les minots (20 ans grosso modo) Charlie Steen (chant), Charlie Forbes (batterie), Eddie Green (guitare), Sean Coyle-Smith (guitare) et Josh Finerty (basse), la jouent à coups d’uppercuts et de concerts à haute teneur inflammable. On gage qu’ils devraient comme Idles l’an dernier, mettre le feu aux poudres du Fort.

Shame – Vendredi 17 août – Fort St Père – 21h50.

The Black Angels

Quand on choisit le nom de son groupe en 2004 en hommage à une chanson du Velvet, on a des chances d’être un brin nostalgique de la fin des sixties et la musique composée par le combo texan The Black Angels l’illustre à merveille. Chantres et chamans incontestés du revival psyché, les musiciens d’Austin ont en cinq albums (Passover -2006- et Directions to See a Ghost -2008- sur Light in the Attic, puis les deux suivants sur Blue Horizon Ventures, Phosphene Dream – 2010-, Indigo Meadow – 2013-  et enfin le dernier en date sorti l’an dernier sur Partisan Records Death Song) creusé un sillon fait de poussières remuées à coups de guitares fuzz, de rythmiques lourdes, de basse lancinante et de synthés analogiques brumeux.

Longues envolées planantes et hallucinées, riffs de blues qui ont taillé la bavette avec le diable dans le fameux carrefour, échos malsains et brouillards gothiques avaient déjà su séduire le public de la Route du Rock en 2010 (et des Transmusicales deux ans avant avec un live envoûtant et ténébreux) et notre plaisir est grand de retrouver à nouveau les co-fondateurs du Levitation Festival (ex Austin Psych Fest qui s’exporte dans plusieurs pays du Monde – par ici aussi), au Fort St Père. D’autant qu’on a adoré Death Song leur dernier forfait discographique, avec son atmosphère sombre, déchirante, fortement marqué par un contexte socio-politique post-électoral particulièrement funky et riant aux USA (Austin  fait figure de havre de tolérance coincé en pleine Bible Belt américaine et l’arrivée de Trump au pouvoir n’y fait pas des masses marrer). En plus de revenir sur leur obsession (puisque The Black Angel’s Death Song, le morceau du Velvet Underground qui leur avait donné leur patronyme devient également le titre de leur nouvel album, Death Song), le nom de l’album évoque également « les périodes de terreur, [pendant lesquelles] les gens qui avaient peur de mourir d’une minute à l’autre étaient encouragés à écrire des Death Songs. il les chantaient en boucle, entraient dans une sorte de transe, ce qui leur permettait de se sentir mieux » (Alex Maas, New Noise #39). On ne vous souhaite donc pas la terreur, mais au moins le réconfort et on a toute confiance en Jake Garcia (guitare, basse, chant), Stephanie Bailey (batterie, percussions, basse), Christian Bland (guitare, basse, batterie), Kyle Hunt (claviers, percussions, basse, guitare) et Alex Maas (chant, basse, clavier, guitare, sitar) pour nous y plonger le temps d’un set tendu et hypnotique comme ils en ont le secret.

The Black Angels – Vendredi 17 août – Fort St Père – 00h00.

[ah oui, on a lu dans une interview de François Floret (co-programmateur du festival) que cette année la scène des Remparts sur laquelle les Black Angels joueront sera re-dimensionnée et agrandie]

Josh T. Pearson

Josh T. Pearson © Eliot Lee Hazel

Un autre Texan, Josh T. Pearson, foulera également le Fort St Père durant le festival, après une première venue sous son nom en 2011 et avec son précédent groupe Lift to Experience en 2001. On ne vous ment pas : chaque fois qu’on parle du grand barbu désormais glabre, certains se pâment automatiquement dans les rangs altéristes tant les prestations du garçon les ont secoués (et les copains de Derrière La Fenêtre et Pop is on Fire tout pareil !). A l’époque de sa première venue en solo au festival, Josh T. Pearson arrivait avec The Last Of The Country Gentlemen (Mute, 2011), un album de folk écorché, raclé à l’os, composé après une longue période de déprime. Sur scène, tout en étant parfois blagueur et jovial, le musicien jouait les tripes à l’air et alignait ses longues chansons introspectives bouleversantes essentiellement acoustiques avec des allures christiques.

Revenu rasé de près, le cheveu court et le stetson vissé sur la tête, Josh T. Pearson livre un nouvel album Straight hits ! (avril 2018) qui se montre d’abord surprenant avec ses trois premiers titres bien électriques, à la fois drôles et savoureux, ainsi que des morceaux au format court (alors qu’il flirtait allégrement avec les chansons de 10 minutes sur le précédent). Il faut dire que le musicien s’est imposé des règles absconses pour viser l’efficacité, les Five Pillars (1 – Chaque chanson doit comporter un couplet, un refrain et un pont. /2 – Les paroles doivent faire 16 lignes au plus. /3 – Chaque titre de chanson doit comporter le mot straight. /4 – Le titre ne doit pas dépasser les quatre mots. /5 – La musicalité de la chanson passe avant tout), avec une bonne dose d’auto-dérision (on a un faible pour le jeu de mot The Dire Straits of love). Pour autant, si Josh T. Pearson se la joue straight to the point, l’album est loin de se réduire à un ensemble de règles potaches, et le fils de prêcheur convoque avec un même talent rockabilly hirsute, country vénéneuse, rock habité, grave voix de crooner et lyrisme ardent, pour un disque au final vibrant. Qui donne déjà des frissons à la simple idée de son passage au live.

Josh T. Pearson – Samedi 18 août – Fort St Père – 19h15.

Ariel Pink

Ariel Pink © Eliot Lee Hazel

Venu à la collection hiver 2015 du festival, Ariel Pink (Ariel Rosenberg pour l’état civil) est de retour à St Malo. L’iconoclaste Californien qui aime à partir dans tous les sens et mélanger goûts (bons ou mauvais), influences, genres et styles sans jamais freiner sa créativité baroque et siphonnée devrait mettre un joyeux bordel sur la scène du Fort St Père. Attendez vous à un grand raout glam, passant d’un soft rock mielleux délicieusement pénible à de la pop psychée parfois pleine de chœurs braillés à plein poumons, de mini-tubes bubblegum dégoulinant de mélodies sucrées à condamner un diabétique à mort à des chevauchées burlesques montées sur un orgue à la Ray Manzarek. Et autant dire qu’on en passe tant le garçon brasse les genres et corrompt sa pop à tous les râteliers.

Avec son onzième album studio (le gars a publié sous son nom ou sous celui d’Ariel Pink’s Haunted Graffiti), Dedicated to Bobby Jameson, faisant suite au fortement plébiscité Pom Pom (2014) le musicien ne perd rien de son humour un brin potache et kitsch (ni de son immédiateté mélodique) mais donne peut-être davantage à entendre et voir une sensibilité pleine de mélancolie. En choisissant comme entrée et référence la figure de Bobby Jameson, musicien sixties cramé par les drogues et l’alcool mort dans l’indifférence générale, Ariel Pink continue de creuser l’énigme de sa singulière excentricité (dingue ou génial, ironique ou sincère ?) en se nappant d’atours plus sombres, évoquant regrets et désillusions, mais sans rien perdre des étincelles pailletée de sa pop dévoyée.

Ariel Pink – Samedi 18 août – Fort St Père – 22h30.

Nils Frahm

Si on a beaucoup de mal (on ne va pas se faire de copains) avec la hype qui entoure la nouvelle veine modern classical, néo-classique, Denovali, Gogo Penguin et consorts, et surtout avec cette musique pour ascenseur dont l’utilisation d’instruments acoustiques (et quelques touches d’électroniques) ne dissimule en aucun cas l’absence totale de créativité de ses auteurs, on est bien moins sévère avec Nils Frahm qui tire totalement son piano du jeu. Déjà présent à la collection hiver 2011, le producteur allemand qui joue à guichets fermés dans tous les salles d’Europe et de Bavière et à raison, et ce surtout depuis la sortie de Felt en 2011, continue de creuser toujours plus intensément les ramifications nombreuses de son instrument (David Klavins lui a même créé un piano léger le una corda dont la particularité est que chaque marteau ne frappe qu’une corde au lieu de trois pour chaque note jouée) et ses mariages à l’électronique ou aux sons organiques de vents hantés (Human Range ou Fundamental Values sur All Melody le dernier album du producteur) et de cordes habitées (notamment celles du violoncelle d’Anne Müller avec laquelle il avait signé 7fingers en 2011).

Nils Frahm © Alexander Schneider

Le Berlinois est en perpétuelle recherche et invente à chaque album, à chaque nouvelle prestation, son équilibre entre acoustique et électronique, ombres et lumières, minimalisme et expressionnisme. De la techno aride des nuits berlinoises à l’ambient 2.0, la musique (pour dancefloor) de chambre du compositeur allemand fait autant virevolter le silence et l’épure que d’hypnotiques spirales sculptées de boucles ensorcelantes. All Melody sorti une nouvelle fois sur Erased Tapes en début d’année et enregistré dans son studio sur les rives de la Spree, le Funkaus, est à ce titre une nouvelle étincelante réussite : d’ambiances éthérées en dilatations synthétiques, Nils Frahm y magnifie à nouveau ses textures enveloppantes et les échos du silence, plongeant son auditeur dans l’état hypnagogique (ce moment entre veille et endormissement). Dans la nuit étoilée du Fort St Père, nul doute que ces moments contemplatifs et aériens devraient sans peine fasciner les festivaliers.

 Nils Frahm – Samedi 18 août – Fort St Père – 23h35.

Protomartyr

Les Protomartyr viennent pour leur part de Detroit, mais ont sûrement moins écouté Derrick May et consorts (ou même les Stooges et le MC5) que les Anglais champions des ambiances sombres circa 80’s. Après un premier album No Passion, All Technique, Protomartyr avait sorti un second opus (Under Color of Official Right – 2014) de pop-rock/post-punk aux guitares grasses et à la voix grave et décharnée. C’est à cette époque que sur la scène des Remparts, les musiciens nous avaient infligé une bonne grosse déflagration de post-punk-from-Detroit, d’appellation d’origine contrôlée. Le quatuor balançait avec une belle assurance un rock froid et méthodique, cinglant comme un coup de trique mais sacrément envoûtant. La voix profonde et habitée de Joe Casey bien campé derrière ses lunettes noires hantait même parfaitement cette musique, à la fois rageuse et mélancolique.

On est donc plus qu’heureux de retrouver le quatuor américain sur la scène du Fort cette fois-ci. Depuis leur dernière venue, les musiciens ont tous perdu leur job alimentaire et se sont concentrés sur l’écriture de deux albums aux fulgurances politiques et poétiques, allant d’Héraclite à Elvis gisant sur le sol de sa salle de bains. The Agent Intellect, en 2015 d’abord, puis Relatives In Descent (2017, Domino Records) ensuite, continuent d’enfoncer le clou d’un post-punk sombre, hyper mélodique, un rien corrosif. Noir c’est noir, toujours, mais d’un noir incandescent qui voudrait bien foutre le feu. Basse en avant, guitares tranchantes, voix caverneuse et rythmiques plombées : la mélancolie sous tension de Joe Casey (chant), Greg Ahee (guitare), Scott Davidson (basse) et Alex Leonard (batterie) devrait on l’espère nous hypnotiser à nouveau entre les murs de l’imposante forteresse.

Protomartyr – Dimanche 19 août – Fort St Père – 19h15.

Jungle

Pour quasi conclure le festival le dimanche, le dancefloor deviendra moite et funky avec le concert de Jungle. Duo de jeunes producteurs en studio (autrement dit Josh Lloyd-Watson et Tom McFarland), transformé en collectif de 7 membres pour les prestations live, Jungle mêle ensemble rythmiques funky, groove des machines, soul et électronique. Auteurs d’un premier album sorti en 2014 sur Xl Recordings (Jungle), qui leur avaient valu un premier passage au Fort St Père en 2015, Jungle y avait retourné un public ravi avec une jolie efficacité. Nous on était resté un peu en dehors cela dit, car malgré de très belles voix, on sentait que, passés les tubes, les compos manquaient méchamment de mordant et tournaient un peu à vide. Très produite sur disque, la musique de Jungle n’avait pas su trouver l’aspérité (et la sueur) en live que nous lui attendions.

On attend donc un peu plus de leur prestation cette année, d’autant qu’on devrait y découvrir de nouvelles compositions. Leur deuxième album For Ever sortira en effet 14 septembre prochain. Deux titres accompagnés de leurs clips ont d’ailleurs été dévoilés il y a quelques jours à peine. On vous laisse juge mais on est d’ores et déjà assurés que les Londoniens devraient eux aussi sans peine faire grimper la température du Fort de plusieurs degrés avec leur nouveau live. Du moins, on l’espère.

Jungle – Dimanche 19 août – Fort St Père – 01h00.

Forever Pavot

Ce garçon-là va pour sa part devenir un habitué de la plage malouine. Déjà programmé en 2015 au même endroit pour la sortie de son premier effort Rhapsode – Born Bad, 2014- irrésistible de classe, Forever Pavot revient affronter les vagues de la plage du Bon-Secours (renommée plage Arte pour l’occasion) et le sable sur les orteils. Emile Sornin déroulera ainsi les vagues morriconiennes de sa pop psychée pour les surfers du festival amateurs de déferlantes ouatées (parfois plus remuantes en live). « Il y a une dizaine d’années je faisais du punk hardcore, ensuite j’ai fait de la chiptune, de la pop, des compos garage / folk enregistrées sur K7, et maintenant des choses inspirées des musiques de films 60’s…la seule ligne directrice ce sont mes envies » avait sainement précisé Emile Sornin à la sortie du désormais essentiel Rhapsode. Album qui se révélait inspiré tout autant par le prog, que les musiques de film (De Roubaix, Morricone, Jean-Claude Vannier en tête), Broadcast, Stereolab ou le psyché turc.

Après Le Bon Coin Forever où le virtuose Emile Sornin partait à la rencontre des habitants du Poitou-Charentes et de leurs instruments insolites pour créer des compositions originales, le garçon et ses acolytes (notamment les copains Adrien Soleiman et Benjamin Glibert d’Aquaserge) restent du côté des charentaises (ouch !) en façonnant un cluedo musical de pop baroque, lunatique et barrée qui répond au doux et surprenant nom de La Pantoufle. En français cette fois-ci, Emile Sornin y déroule une musique cinématographique aux improbables scenarii, une sorte de tragédie psyché funk, au montage haché et plein d’humour, qui doit autant à François de Roubaix qu’à Philippe Sarde, au clavinet (une sorte de clavecin électrique) qu’au burlesque de la scène musicale de Canterbury, sans oublier les peurs enfantines des contes les plus hallucinés.

Bref, les Forever Pavot sont immanquables pour ceux qui aiment les musiciens qui se jouent des formats (nous en sommes). Et si en plus c’est sur la plage…

Forever Pavot – Dimanche 19 août – Plage Arte Concert St Malo – 16h.

Phoenix

Bon on l’avoue. On est franchement désolé mais on n’a jamais accroché à Phoenix. On reconnaît sans peine que les garçons ont du talent pour combler les foules, qu’ils savent trousser des tubes et s’attacher les faveurs des publics d’ici comme d’Outre Atlantique. On se souvient même de les avoir vus au même endroit il y a quatorze ans (l’année du déluge sur Blonde Redhead) mais rien, on était resté l’encéphalogramme plat alors qu’autour tout s’agitait. Si on se rappelle bien, un des Phoenix escaladait même les pylônes de la scène et le public hurlait à qui mieux mieux. Nous pas.

Phoenix © Shervin Lainez

Pourtant les Phoenix ont tout ce qu’il faut. Depuis quasi 20 ans, les quatre Versaillais ont écumé les scènes du monde entier, sorti sept albums, mélangé les influences rock, électro et funk, sans oublier un peu de R’nB (notamment sur Alphabetical en 2004). Lancés à pleine vitesse sur les rails par un single plébiscité même outre-Manche If I ever feel better (United, 2000) et une aura de groupe rock french touch, Thomas Mars (chant), Deck d’Arcy (basse, clavier) Christian Mazzalai (guitare) et Laurent Brancowitz (guitare) ont su concrétiser avec notamment la sortie d’Alphabetical en 2004 (et le nouveau tube Everything is everything) et surtout l’encore plus acclamé Wolfgang Amadeus Phoenix (2009) enregistré et mixé par Zdar (Cassius) sorti sur leur propre label Loyauté.

Deux ans après le plus rock It’s Never Been Like That, le disque, gorgé de singles partout acclamés (1901, Lisztomania) leur ouvre les portes du Saturday Night Live sur la NBC (et Phoenix devient le premier groupe français à s’y produire) avec de nouveau la recette qui fait mouche depuis leurs débuts : une pop ligne claire aux guitares un tantinet funky et aux textures synthétiques. On a beau être des dingues de pop, on continue de s’y ennuyer gentiment. Et Bankrupt (2013) ou le dernier en date Ti amo et son Italie fantasmée (alors qu’en Italie, il y a Visconti, Dante, Fellini, Manzoni, Uzeda, Zu, Sciascia, Montale, Michelangelo, Verdi, Pasolini, les frères Taviani et on en passe… ce n’était quand même pas difficile de trouver mieux que l’italo-pop, non ?!) n’ont toujours pas réussi à nous convaincre. Comme le dit Mr B. sur ces pages, il n’y a que les cailloux et les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Avec l’énergie du désespoir, on compte donc sur les Versaillais pour nous faire quitter l’état minéral.

Phoenix – Dimanche 19 août – Fort St Père – 22h40

Film et conférence avec Patti Smith et Christophe Brault

Christophe Brault - photo Caro alter1fo

Si vous détestez les grains de sable qui grattent entre les orteils et que vous craignez l’eau de mer au réveil, vous aurez une belle alternative dans les fauteuils du Cinéma Le Vauban 2 La grande Passerelle de St Malo le samedi 18 août dès 14h avec la célébration du 40ème anniversaire d’Horses de l’immense Patti Smith avec d’une part la diffusion du film Horses : Patti Smith and her band de Steven Sebring (précédée d’une présentation du film avec Patti Smith herself) et d’autre part la conférence, menée tambour battant par Christophe Brault, qu’on ne présente plus ici (ancien disquaire de l’institution Rennes Musique et chargé de cours à l’université Rennes 2 en musicologie, désormais conférencier bondissant et passionnant et également star de l’émission Music Machine sur nos pages, diffusée sur C-Lab) qui se chargera de retracer (avec la fougue qu’on lui connaît) l’histoire de l’icône new yorkaise. Et sans jamais regarder ses pieds, s’il vous plaît. CBGB, MC5 (pour Fred Sonic Smith), Max Kansas’s City, Rimbaud et Beat Generation : Christophe déroulera l’univers de Patti Smith devant vous avec la générosité et l’enthousiasme qu’on lui connait.

Film et Conférence – Patti Smith, Steven Sebring et Christophe Brault – samedi 18 août – Cinéma Le Vauban 2 La grande Passerelle à St Malo – 14h.

Retour gagnant pour les sportifs (pas nous)

Copacabana, le Maracana, c’est un peu, comme chaque année ce que deviendra la plage de l’éventail (en face du Palais du Gand Large) le dimanche 19 août de 13h à 17h pour la douzième édition de Sports are not dead sur le sable malouin. Techniciens, bénévoles, festivaliers et organisateurs s’affronteront une nouvelle fois dans un tournoi de foot sur sable .

Mais pas que puisque vous pourrez également participer à à des initiations de Touch Beach Rugby ou à un tournoi de Dodgeball (ne nous demandez pas, depuis le temps, on ne sait toujours pas ce que c’est… disons une sorte de ballon prisonnier avec plusieurs balles ?). Sans oublier pour cette édition le retour de la sélection musicale indie de DJ La Rouff.

Sports are not dead – Plage de l’Eventail, St Malo  – Dimanche 19 août – 13h00

Tout ceci considéré, le vrai retour gagnant, on ne va pas se mentir, c’est toujours celui du public. Alors, on s’y retrouve ?


La Route du Rock aura lieu du 16 au 19 août 2018.

Plus d’1fos.


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