L’association Rock Tympans apporte depuis quelques années un soin tout particulier à l’agencement des soirées au Fort St Père : et l’un de nos petits pêchés mignons est de savourer le premier groupe à notre arrivée sur le site lors d’une fin d’après-midi ensoleillée. Alors certes, ce sera le dernier jour du festival, la fatigue commencera à se faire sentir, mais on ne manquera pour rien au monde Mac DeMarco ce samedi 16 août en ouverture de la scène du Fort. Ce redoutable mélodiste aux allures de sale gosse affole depuis deux ans la scène indé à la faveur de son excellent « premier » album, 2. Né en Colombie-Britannique, ayant vécu à Vancouver et Montréal, le néo new-yorkais est un touche-à-tout. Multi-instrumentiste, vidéaste à ses heures, il a fait figure d’ovni il y a deux ans avec sa pop lo-fi et sa voix nonchalante. Mais le tout récent Salad Days n’a fait que confirmer le talent durable de ce jeune canadien de 24 ans.
Il a crée tout d’abord le groupe Makeout Videotape avec son pote Alex Calder, avant de tenter l’aventure en solo. Mac DeMarco sort un premier EP foutraque à l’apparence d’album, Rock and Roll Night Club, dans lequel on retrouve quelques uns des meilleurs titres de Makeout Videotape. Parmi le joyeux bordel, on peut déjà déceler quelques mélodies (notamment l’excellent She’s Really All I Need) qui marquent le style singulier de cet étonnant personnage. Le label Captured Tracks ne s’y trompe pas et propose à Mac DeMarco de composer un premier véritable album.
Ce sera le judicieusement nommé 2, sur lequel il enquille les pépites avec un incroyable sens du songwriting. Sur sa guitare achetée au lycée pour 30 dollars canadiens, il bricole des sons parfois dissonants au service de mélodies impeccablement troussées. Une pop faussement désinvolte qui fait mouche à chaque fois, et qui mélange pop lo-fi (The Stars Keep On Calling My Name), folk (Still Together), et ballade avec petit riff répétitif (My Kind Of Women), le tout saupoudré de surf, de rock et de touches psychées. Le son crasseux de Rock and Roll Night Club a laissé place à une production plus soignée, mais Mac conserve son attitude volontairement potache et un brin provocante, comme dans l’irrésistible Ode To Viceroy, et son clip fait maison.
Deux albums live plus tard (Live at Russian Recording et Live and Acoustic), Mac DeMarco revient avec Salad Days, sorti en avril 2014. Avec cette même pop délicieusement barrée, lo-fi à souhait et terriblement addictive. Les mélodies ensoleillées et chaloupées accrochent immédiatement les deux esgourdes (Salad Days, Blues Boy, Goodbye Weekend) mais la mélancolie s’invite sur certains titres (Let My Baby Stay, mais aussi sur l’incroyable Brother). La guitare fait de plus en plus souvent place aux claviers (Passing Out Pieces, Chamber Of Reflection), mais avec cette même voix nonchalante sur des mélodies imparables. L’ensemble est parfaitement produit, mais le gus n’a rien perdu de son humour parfois limite : sa collaboration avec Tyler The Creator sur Granny ne fait pas dans la finesse, et il réussit même à massacrer son propre morceau Chamber Of Reflection en ralentissant le tempo dans un clip déjanté où se côtoient E.T. et une femme affublée d’un masque d’Homer Simpson. Sur scène, il n’hésite pas à blaguer avec le public et ses musiciens, ce qui nous réserve un concert forcément surprenant et savoureux. Mais ce magnifique branleur aux faux airs de je-m’en-foutiste risque surtout de nous coller une belle dérouillée musicale.
Sur la grande scène du Fort Saint-Père – Samedi 16 août à 19h10
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La Route du Rock Collection Eté 2014 du mercredi 13 août au samedi 16 août.
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