En arrivant à la belle salle de Cleunay, on croise Jamie Cavanagh, l’air peut-être un peu fatigué : un concert tous les soirs depuis 9 jours, il y a de quoi.
Il est pourtant là sur la scène quelques minutes plus tard, pour nous montrer sa banane et nous présenter Petter Carlsen, un type tout seul avec sa guitare.
Ça commence très mal : pas de son, pas d’électricité. Quelques instants de flottements, le temps de se rendre compte de la simplicité du petit gars. Pas de prise de tête, il y a chez le Norvégien autant de rires quand il discute entre les morceaux, que de mélancolie dans sa musique, magnifique, grâce à une voix qu’on va entendre longtemps. Son jeu de guitare est loin d’être négligeable aussi. Et pour lui donner un peu plus d’ampleur, comme pas mal de monde maintenant, Petter fait des boucles pour se dédoubler. Nouveau problème : un sample de sa guitare non prévu se déclenche pendant un titre. « Encore un pain comme ça et je me fais jeter de la scène. » Ça ne risque pas. L’amie Jamie qui assistait au set, trop court, sur le côté de la scène, le prend dans ses bras dès qu’il a fini, essuie des larmes et nous encourage à donner de la voix pour remercier.
C’est ce qu’on fera directement puisque le monsieur va vite se poser derrière son tout petit stand pour vendre ses disques. Il nous explique qu’on peut retrouver les chansons qu’on vient d’entendre sur son dernier album mais avec d’autres musiciens. A l’écoute ce matin, il s’avère que, si elles sont fabuleuses à poil, sur leur 31, elles ont une classe certaine qui va sûrement leur faire monopoliser la platine.
http://www.le-hiboo.com/26258-hiboo-dlive-petter-carlsen
C’est donc le dernier soir de la tournée et les gars de CloverSeeds sont là pour nous le rappeler. Une grosse semaine ça ne paraît pas très long mais quand on passe une grande partie de son temps avec des gens qu’on ne reverra pas tout de suite, finir tout ça est sûrement émouvant.
Le set du groupe est court aussi, une grosse demi-heure à vue de nez. Là aussi c’est dommage. Dommage parce que dans un premier temps, ce qui est venu à l’esprit, c’est que la musique manquait un peu de personnalité. On pense à Tool (belle basse, Vigier ?), on pense à la tête d’affiche, etc …
Et puis sur l’avant-dernier titre, on décolle. Parce que le front man (comme on dit en Auvergne), y met un peu tout ce qu’il a et qu’il en a beaucoup. Un sacré registre. Dernier titre, excellent.
Alors en discutant avec le bonhomme (lui aussi fait en sorte de vendre son petit dernier), on lui dit qu’on les reverrait volontiers dans le coin. Quelques mots échangés sur Oceansize qui a splitté, on l’a appris il y a quelques jours : « Ce sont des amis, ça fait chier. », et on entend les premières notes du groupe de Liverpool.
D’après ce qu’on a pu capter à la pause clope, Anathema se serait fait voler du matériel lors d’un des concerts qui ont précédé. Un ordinateur aurait été embarqué avec des pistes de travail …
On ne peut pas dire qu’à les regarder jouer, c’est le mot rancœur qui vienne en tête, ni aucun substantif à connotation négative. Le mot qui vient c’est : « générosité ».
Les groupes qui tournent le font souvent à la sortie d’un album, incorporant plus ou moins de titres dudit disque. Dans la famille Cavanagh, on ne chipote pas : tout « We’re here because we’re here » est joué, dans l’ordre, sans qu’il manque une note, un son, sans digression (juste une intervention de Dany pour indiquer aux photographes qu’après 4 titres, maintenant « on profite »). Quel est l’intérêt ? diront certains. Et bien là c’est pour de vrai. Avec un public pas forcément conséquent mais vraiment fan. Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que tous les âges ou presque sont représentés, il y avait au moins des quinquagénaires et des nanas d’une vingtaine d’années, pas mal de cheveux longs, souvent avec lunettes. L’amateur d’Anathema serait un étudiant en sciences qui écoute pas mal de métal. Ou une femme mûre qui est venue avec son mari.
Quel qu’il soit, lorsque Hindsight s’achève, dernier titre du dernier album, et que Vincent annonce « Et maintenant, quelques vieilles chansons », il est ravi, preuve qu’il connaît bien le groupe pour lequel il s’est déplacé.
8 albums en 18 ans, il y a de quoi faire dans le répertoire. Évidemment le plus récent (tout est relatif, on rappelle qu’il s’est passé 7 ans entre « A natural disaster » et « We’re here… ») est plus représenté. Mention spécial à « One last goodbye » à cause de son sujet.
Magnifique soirée donc. La voix de Vincent, ses mots (en français, avec si peu d’accent !), le jeu de Dany, qui peut faire beaucoup mais qui fait juste, la très joli Lee, le seul regret du concert en fait : lors de la partie plus ancienne, elle s’est éclipsée, laissant plus de place à l’imposant bassiste. Pas grave, on la reverra dans quelques mois.
Un grand merci à Garmonbozia et l’Antipode.
Photos : Caro