Un Ubu archi-comble accueillait jeudi dernier les réjouissances célébrant la sortie du quatrième et parfait album de Bikini Machine « Bang On Time! ». L’heureuse succession des concerts et des sets dj s’est révélée à la hauteur de l’enregistrement (le meilleur?) du combo rennais, avec une belle odyssée auditive dérivant quelque part entre les tracks des compilations Wizzz!, Nuggets et une musique de film imaginaire, le tout boosté par une érudition commune de tous ces acteurs autour des sixties.

Ce sont les Kitschenette’s qui ouvrent le bal avec une reprise de Gainsbourg période « Initials BB » ragaillardie à grandes rasades de guitare fuzz, et qui donnent bellement la note de la soirée: des références sixties et des idées. Les Malouins alignent les titres, majoritairement francophones, avec pas mal de reprises aux arrangements maison et des solos de guitare inventifs. Le set est relativement court mais la sauce a pris: le groupe termine par une sorte de soundtrack accrocheur et instrumental, puis abandonne le parterre aux rennais de Kaviar Special. Le volume monte d’un cran pour un set plus sauvage de garage plus informe mais non moins maîtrisé. Le parterre s’anime et en quelques dizaines de minutes, le quatuor dresse au larsen une rampe de lancement idéale aux Bikini.

Les six Rennais attaquent alors la foule concassée dans l’oreille de béton de l’Ubu avec les nappes de claviers impeccables et les cœurs à l’unisson de « Stagger Man », tiré de l’actuelle livraison. D’emblée, les quadras imposent maîtrise et élégance devant un public facile à empocher mais connaisseur. Fred Gansard au chant occupe le terrain avec dandysme et brio, la machine s’ébroue, précise et implacable, en disposition frontale au dessus des têtes.

Pat Sourimand, à la basse, lance quelques vannes, et le concert atteint un premier sommet avec « la Pharmacie anglaise », parfait post-yéyé tiré aux quatre épingles et classique du groupe. La soirée s’étire en soul classieuse: certains en profitent pour aller souffler au bar, le mètre carré disponible augmente dans la foule. L’occasion pour les retardataires de gagner les premiers rangs avant que la machine ne rameute tout le monde avec une succession des tracks de Bang On Time du plus bel effet. Le second sommet atteint, tout le monde ayant pris son pied les Bikini n’ont alors plus qu’à prendre le leur avec une reprise des Monks, mythique groupe…sixties, évidemment.

Crédit Photos: Guillaume, alter1fo.