Retour sur le surprenant concert de Koonda Holaa au Sambre le jeudi 08 mars, avec aussi les locaux d’Emergency Stop Gang, le tout organisé par l’association Rock aux Fées.
Pour débuter cette soirée, l’association Rock aux Fées (basée à Amanlis) nous proposait de découvrir les locaux d’Emergency Stop Gang. Un sextet (2 guitaristes, bassiste/batteur, un trompettiste et un chanteur) difficilement classable : entre blues, metal, jazz, punk, rock, la fusion d’ensemble est pourtant bien équilibrée.
Des ryhtmiques lourdes ou bien plus catchy, une guitare bluesy et une autre plus metal, une voix grave et rauque, des soli de trompette qui tranchent, le tout donne des compositions étonnement bien boutiquées. Le groupe n’hésite pas à jouer avec les ruptures au sein des morceaux, et ça fonctionne vraiment. Une toute nouvelle formation à suivre.
Puis le groupe fait place à Kamilsky aka Koonda Holaa. On l’avait découvert par hasard lors d’une émission télévisée (Tracks), et la petite minute entrevue nous avait scotchés. Il faut dire que le garçon est atypique : d’origine tchèque, il a vécu en Allemagne (où il a fondé un duo basse-batterie Pseudo Pseudo) et s’est maintenant installé dans un bus de tournée, en plein coeur du désert Mojave (Californie).
Il arbore une barbe fournie et des dreads, porte un pantalon imitation croco avec des paillettes, et vient de sortir un EP poétiquement intitulé « Shitman », avec une splendide dessin d’étron sur la pochette. Sans oublier la traduction littéral de Koonda Holaa, « toison pubienne » en tchèque.
Mais cet adepte d’un humour trash complètement assumé n’oublie pas de faire de la musique, et il le fait très bien : un blues poisseux, mâtiné de psychédélisme, avec pour seul instrument sa guitare électrique qu’il torture dans tous les sens. Ce colosse nous a vraiment impressionné par sa présence sur la petite scène improvisé du Sambre (il a joué sous l’escalier).
Il s’accompagne d’une voix gutturale venue de nulle part, et ses compositions se révèlent être d’une grande variété : des ballades (I Came to this Country, Young Girl), et du blues bien sûr, mais tendance free blues (le long et hypnotique Cas, un blues passé à la moulinette psyché). Il y a aussi des morceaux qui sonnent radicalement metal (Fat Bitch must die, Satan), mais dont l’énergie tendue est encore plus forte en solo.
Kamilsky nous aura embarqué pour plus d’une heure dans son monde « qui n’existe pas encore », et on n’est pas près d’oublier ce regard, cette voix et ses compositions littéralement habitées.
Photos : Yann