Il existe des labels intègres et exigeants qui vous font bondir sur toute nouveauté les yeux fermés. Beast Records est de ceux-là, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le label rennais nous a permis de faire une très belle découverte avec I Am a Band. Lors du concert donné au Sambre, qui marquait le début d’une mini-tournée bretonne, on a eu aussi le plaisir de revoir Cris Martini en ouverture de soirée.
Il est l’un des guitaristes d’Head On, et on avait apprécié son (trop) court passage en solo lors de la soirée Support Beast Records au Mondo Bizarro en janvier.
L’ancien guitariste de Witcherry Wild, Born In Flames ou encore Orville Brody & Goodfellas, possède une sacré palette musicale qu’il distille avec beaucoup de brio sur sa six-cordes. Des ballades tendues, à la limite de l’explosion, avec un timbre de voix grave qui accompagne parfaitement les mélodies.
On espère juste le voir rapidement sur un set plus long, mais pouvoir aussi l’apprécier sur disque. En attendant, vous pourrez le retrouver (lui et ses soli ravageurs !) avec Head On le 03 mai. Le quintet rennais jouera en première partie de Hits au Mondo Bizarro, un groupe australien dont nous vous reparlerons bientôt.
Fabien Bréart prend ensuite place derrière sa batterie, guitare à la main, pour nous présenter son tout premier album, Ruins of South, qui vient tout juste de sortir sur le label Beast Records. Il est l’un des fondateurs du groupe limougeaud The Lost Communists, dans lequel il officiait en tant que bassiste. Après plus de 250 dates avec le groupe, il décide de se lancer en solo, version one-man-band, avec guitares et batterie.
Inspiré des bluesmen noirs américains des années 50 et 60, I Am a Band a pour particularité de ne pas s’enfermer dans un style musical. Et le set qu’il nous offre ce soir-là au Sambre nous prouve que Fabien a digéré de nombreuses influences musicales. Etant donné la formule, on pense bien entendu à Hasil « The Haze » Adkins, ou plus récemment à Ben Prestage pour le côté swamp blues. Mais à la fin du set, on se dit que la filiation n’est pas si évidente que ça, car les compositions sont véritablement variées.
Il y a des influences country (côté Outlaw), avec notamment The Ballad of Johnny Flash et ses sifflements qu’il restitue à merveille sur scène. Mais il y a surtout une grosse base blues, qui lorgne du côté du rock (Tucson, Take Me Back From Calais). Sur ces titres rythmés, le timbre de voix de Fabien se fait plus grave, ce qui contraste avec sa voix aérienne quand les morceaux sont plus calmes.
Cette voix cristalline est notamment présente sur les titres d’influence folk (le petit bijou The End of The Day), et The Shelter, avec une montée en puissance sonore parfaitement maitrisée. Et le tout sans aucun artifice : pas de pédale de boucles, pas ou peu d’effets, un son dépouillé et brut qui donne encore plus de puissance aux morceaux (la rythmique sèche et hypnotique sur Behind Bars). Il alterne guitare électro-acoustique et guitare électrique en fonction de l’intensité des compositions, et s’accompagne à bon escient d’une grosse caisse, d’une Charley et d’un tambourin.
Ses compositions personnelles sont une vraie réussite, et la qualité entrevue sur scène se confirme largement à l’écoute de l’album. Et quand il se lance dans le délicat exercice de reprise de standards, il apporte sa patte musicale et réarrange complètement les morceaux ! As Long de Reigning Sound (l’un des projets de Greg Cartwright) est à la base très country (à grands renforts de pedal steel), et Fabien en fait une vraie ballade pop-folk. Et que dire de la version sensuelle de Jackson, qui contraste avec l’interprétation de Johnny Cash.
Une très belle découverte que l’on peut prolonger sur disque, avec le tout premier album d’I Am a Band, Ruins of South, sur Beast Records (disponible à Rockin’ Bones, 7, rue de la Motte Fablet). Et si vous voulez (re)découvrir I Am a Band sur scène, sachez qu’il sera présent lors du prochain festival Folk Blues de Binic (du 02 au 04 août 2012).
Photos : Yann
On a été très étonnés de voir qu’il était chanteur! On a pas encore eu l’occasion d’écouter son album et on a hâte de découvrir son album. On se doute déjà que c’est un très bon album!
M. Bréart est très bien comme professeur d’histoire, on savait pas qu’il était musicien aussi. C’est cool