Le scrutin semblait joué d’avance car l’avance de Nicolas Sarkozy était telle le 6 mai dernier (6 points d’écarts), que l’on voyait mal se dessiner une cohabitation. D’autant plus qu’au cour du mois qui a suivit, le gouvernement dirigé par François Fillon a multiplié les annonces, cherchant à montrer que le programme du candidat UMP serait scrupuleusement appliqué. Du côté de l’opposition, le bal des règlements de compte avait commencé 8 minutes après l’annonce du résultat des présidentielles, et la gauche a déjà appelé à une refondation idéologique après les législatives. De son côté, le MoDem de François Bayrou ne semblait pas en mesure de faire mieux, car lâché par une grande partie de ses députés. Ces derniers ont préféré rejoindre la majorité présidentielle, formant à leur tour un nouveau parti : le Nouveau Centre (NC). Enfin, restait des interrogations concernant les scores du Parti Communiste, qui disposait d’un groupe à l’assemblée, et du Front Nationale. Un mauvais résultat pouvait, en effet, signifier un nouveau coup d’arrêt pour ces 2 partis.
Le premier résultat a été le taux d’abstention qui a atteint des records à 39,5%. Alors que le vote avait été massif pour les présidentielle, il faut croire que les français ne sont pas définitivement réconciliés avec leur démocratie. Ensuite, l’écart s’est un peu plus creusé car il est de 45% pour la droite et de 35% pour la gauche, mais avec des variantes très différentes.
En effet, l’UMP concentre à elle seule près de 40% des suffrages. Son allié le NC totalise un score de 2,37% et les divers droites 2,47%. C’est donc le parti du président qui recueille un maximum de voix en son nom. De son côté, la gauche est beaucoup plus éclatée avec 24,73% pour le PS, 4,29 pour le Parti Communiste ou encore 4,05% pour les Verts et les écologistes, plus 1,97% pour les divers gauches. Enfin, le MoDem réalise un faible score avec 7,6%, ce qui le place tout de même en troisième position. Les extrêmes aussi bien à gauche qu’à droite, ne passent pas la barre des 10%.
Cependant, par le jeu du scrutin majoritaire à 2 tours, la répartition des sièges devrait être bien différente. L’UMP récupèrerait autour de 400 sièges sur 577. De même, le Nouveau Centre, par son alliance avec le parti présidentielle, devrait avoir une vingtaine de siège ce qui lui assure un groupe malgré son faible score total. En revanche, le parti socialiste ne devrait avoir qu’entre 80 et 130 sièges, et aucun pour les communistes. Enfin, le MoDem, malgré un score beaucoup plus important que le NC, n’aurait que 1 à 4 sièges.
Vers une dose de proportionnelle
Face à ce décalage, un débat refait surface : faut il introduire une dose de proportionnelle? Déjà avant l’élection, François Fillon avait fait des annonces sur le sujet, mais la part de proportionnelle ne devrait pas dépasser 77 sièges ce qui est dérisoire. Le système actuel favorise les grands partis et les alliances. Il n’y a pas de place pour l’indépendance ou pour les plus petits. L’illustration parfaite est le décalage entre le MoDem et le Nouveau Centre, le premier réalisant le meilleur score mais n’ayant droit qu’à des miettes. La seule chance pour les petits partis serait que tous leurs électeurs se regroupent dans un même lieu afin de doper le score de leurs candidats ?
Il semble donc que la France ait des progrès à faire dans le domaine du pluralisme et de la représentativité. Alors que la plupart des grands pays européen fonctionnent à partir de coalition, nous privilégions encore la loi du plus fort. Accorder une forte dose de proportionnel serait pourtant un nouveau geste d’ouverture fort de la part du Président, qui a multiplié les ralliements grâce à ce système. Reste alors à se mettre d’accord sur la dose de proportionnelle à adopter au sein de l’assemblée.