En septembre 2018, la municipalité lançait une nouvelle phase de concertation spécialement dédiée au cœur de ville (NDLR : ne dîtes plus centre-ville, ce mot est devenu obsolète pour la Start-up Nation). Aujourd’hui terminée, Nathalie Appéré a présenté les résultats de cette consultation la semaine dernière et en a profité pour annoncer quelques futurs aménagements au cours d’une réunion publique. Malgré une grande hésitation, nous y sommes allés… de manière dilettante et par simple curiosité puisque qu’il semble que les décisions les plus importantes ne se jouent pas ici. C’est d’ailleurs un des reproches qui revient le plus souvent à l’encontre de l’exercice. Une étude récente pointe du doigt ce paradoxe si bien connu des professionnel·le·s des relations publiques : les citoyen·ne·s s’impliquent de plus en plus dans les concertations publiques mais ont toujours le sentiment que leur participation est inutile. « Pour implanter 5 bancs rue Jules Simon, on fait voter toute la ville […] Pour un projet à 80 millions d’euros, la décision est prise par un jury dans un bureau » ironisait dernièrement le conseiller municipal Gurval Guiguen(1). Mais pour nous, c’était surtout l’occasion de pénétrer pour la première fois à l’intérieur du couvent des jacobins nouvellement rénové. #BoycottPinault #BoycottPolitikos #BoycottCFDT
A notre arrivée, surprise ! Après avoir décliné nom et prénom (NDLR : l’inscription était demandée), une hôtesse nous accompagne et nous indique où nous placer afin de remplir consciencieusement chaque rangée de l’auditorium. Pendant quelques secondes, on s’est demandé si nous n’allions pas assister à une avant-première d’un spectacle à l’opéra. Mais non, c’est une toute autre pièce de théâtre qui se joue là. 18h45, silence dans la salle. Cela commence.
Étonné, nous découvrons qu’un journaliste de TV Rennes joue le rôle de monsieur Loyal pour cette séance de « communication/promotion municipale ». Près de 900 000 €(2) de subventions l’année passée de la ville pour la télé locale demande sans doute quelques obligations en échange. A moins que cela ne soit le prix pour un publireportage diffusé dès le lendemain dans le journal télévisé de la chaîne, présenté par ce même journaliste (voir le replay ici). Mais qu’importe, personne ne semble se soucier de voir autant de proximité entre l’ensemble des intervenant·e·s. On doit voir le mal partout.
Sans surprise, Nathalie Appéré, une fois le micro en main, a pu aiguiser les éléments de langage et affûter les arguments pour défendre son bilan. Plutôt facile sans contradiction. En voici quelques exemples :
- « Je comprends qu’on puisse regretter l’abattage de certains arbres mais cela reste isolé. Le solde positif est autour de 3000 arbres supplémentaires plantés. »
- « En 2020, 70% de rennais·e·s seront à moins de 600 mètres d’une station de métro, soit 10 minutes à pied. »
- « Actuellement, on vit une période extraordinaire d’explosion de projets avec une multiplication des livraisons déjà réalisées ou à venir : Couvent des jacobins, LGV, salle du jeu de paume, Hôtel Pasteur, Hôtel-Dieu, Portes Mordelaises… »
Cependant, ce numéro d’équilibriste a ses limites. Il est impossible d’évoquer le devenir de la ville sans se poser la question de son éventuelle candidature aux prochaines municipales. Aucune information ne sera pour autant dévoilée à ce sujet malgré l’insistance d’une personne du public lors des questions-réponses. Un geste de lèse-majesté très vite réprimé par une salve de huées issue de l’assistance globalement conquise à la « deuxième meilleure maire du monde » . Pour le reste, on vous note en fin d’article quelques propos tenus par Nathalie Appéré sur des sujets divers et variés puisque, malgré sa présence, le 1er adjoint Sébastien Sémeril n’a pas voulu prendre la parole.
Mais avant, il nous était impossible de ne pas évoquer LA mauvaise expérience de la soirée ! Nous sommes mal assis à l’intérieur de l’auditorium, situé dans l’ancienne église du Couvent des Jacobins ! La faute à notre mètre quatre-vingts sans doute et à l’assise digne d’un avion, nos jambes touchent le dossier de devant ! Pour un équipement vanté par la SPL Destination Rennes(3) comme étant de grande qualité, c’est plutôt raté. Heureusement, la séance s’est terminée à l’heure mettant fin à ce (petit) supplice. En même temps, beaucoup attendaient avec une impatience non feinte la clôture des débats pour aller déguster le buffet mis à disposition gracieusement. Il aurait été dommage de ne pas mettre les petits plats dans les grands pour clore cette concertation… estimée à 350 000 euros tout de même. Une somme qui a fait grincer des dents Bertrand Plouvier(4) : « la maire a commencé sa campagne municipale pour 2020 aux frais du contribuable rennais. »
Nous, on a préféré filer directement se dégourdir les jambes et s’en jeter un tranquillement au fond d’un rade de la place Saint-Anne. A chacun·e son entre-soi.
Péniche sur les quais
Nathalie Appéré : « Sur le quai Saint-Cast où il n’y a actuellement qu’une seule péniche commerciale, nous allons lancer rapidement avec la Région un appel à projet pour qu’il y ait d’autres installations qui puissent se faire »
Terrasses & Barnums
Nathalie Appéré : « Ce que nous voulons faire et vite, c’est supprimer les chauffages extérieurs des terrasses. Ensuite, nous voulons travailler sur les ambiances des petites places rennaises. L’idée n’est pas d’uniformiser les terrasses avec un seul modèle de tables ou de chaises. Mais avec les commerçants concernés, les aménageurs, les architectes et l’ABF, il nous faut réfléchir à un type de mobilier qui créera une ambiance particulière. Cela permettra de mieux valoriser notre patrimoine, nos maisons en pan de bois et nos bâtiments remarquables avec, disons-le, moins de barnum… »
Petites places du centre-ville
Nathalie Appéré : « Ce qui fait consensus est manifestement la question des réaménagements des petites places (Parcheminerie, place Toussaints, Place du Champ Jacquet, Commeurec et Place Saint-Mélaine). Nous avons une attente forte des rennaises et des rennais sur ce sujet. Pour beaucoup, ces places ne sont pas assez mises en valeur. Concrètement, la consigne a été donnée à notre administration de se tenir prêt à démarrer l’aménagement de ces places après la mise en service de la deuxième ligne de métro. »
Place du Parlement
Nathalie Appéré : « La place du parlement a un « attracteur » qui se suffit à lui-même qui est le parlement. Sur cette place, il y a des usages, des manifestations, une végétalisation timide mais qui existe quand même. Je considère qu’il n’y a pas d’urgence à décider aujourd’hui quoique que ce soit sur cette place du Parlement. »
Place de la voiture
Nathalie Appéré : « L’idée n’est pas de chasser la voiture, cela n’a pas de sens. Pour avoir des places apaisées, il est inévitable de supprimer le stationnement à ces endroits. La création de 200 places de parking souterrain est prévue dans le cadre de l’opération Hôtel-Dieu afin de compenser la suppression des places de stationnement en surface. »
Parking de la vilaine
Nathalie Appéré : « Je considère qu’un parking à cet endroit n’est pas la meilleure manière de mettre en valeur notre centre-ville. Je ne suis pas favorable à ce qu’il reste. »
Sécurité
Nathalie Appéré : « Des efforts ont déjà été fait. La relation partenariale avec l’État tourne parfois au bras de fer sur ces questions mais il existe des évolutions positives. J’ai toujours été favorable à la police de sécurité du quotidien. Il y a sur le centre-ville des engagements qui ont été pris par l’État notamment sur la réouverture du bureau de police rue Penhoët de façon à ce qu’il devienne un lieu important tant en matière de sécurité publique mais aussi un lieu de départ d’un certain nombres de patrouille. Cela n’est pas encore opérationnel mais on ne va pas lâcher sur cette affaire-là ! »
Déploiement de sanitaires publiques
Nathalie Appéré : « L’installation d’urinoirs mobiles a été une réponse par rapport aux usages festifs de fin de semaine bien que ces derniers ne soient pas destinés aux femmes. Un label est en cours de réalisation avec les commerçants qui accepteraient de laisser des personnes fréquenter leurs toilettes sans qu’elles aient besoin de consommer. »
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(1) Gurval Guiguen – Mensuel de Rennes, Mars 2019, page 36
(2) Rennes Cité Média TV Rennes (RCM) : 880.000 euros (BP 2018)
(3) SPL : Société publique locale
(4) Rennes 2030, une opération politique ?
Rennes: Les petites places du centre-ville voient l’avenir plus vert et sans voiture
Rennes: La maire se dit favorable à la suppression du parking Vilaine
Cela me rappelle les réunions sur le plan de mobilité urbaine avec à chaque fois plus d’une heure de vidéo et d’auto promotion avant que l’on puisse prendre la parole… Il y a eu ensuite la soirée de restitution des groupes de travail ou la société de communication parachutée de Paris a essayé de revoir nos synthèses…
exact, oublié de préciser qu’on avait aussi eu droit à une vidéo au début et du blabla pendant 30mn avant le discours de Nathalie Appéré