Parmi les soirées immanquables de ce très riche printemps musical rennais, trône en bonne place celle organisée par l’association Kfuel le mardi 25 avril au Bar’Hic. Non seulement les bougres y convient enfin sur Rennes les volcaniques new-yorkais de Pop.1280 mais ils leur associent en plus deux autres formations à haute intensité scénique : le fiévreux duo italien Sneers et Lonely Walk, projet solo du chanteur de Strasbourg devenu combo post-punk ténébreux.
Une fois de plus l’association Kfuel joue les bons génies en exauçant un vœu que nous commencions à ne plus espérer voir se réaliser : la venue sur Rennes des redoutables Pop. 1280. Vœu d’autant plus souhaité que nous avions consciencieusement loupé leurs venues à Nantes.
Quand on tire son nom d’un formidable roman noir de Jim Thompson construit comme le monologue intérieur d’un shérif de patelin faussement benêt et véritablement psychopathe, il faut se montrer à la hauteur de l’humour noir ravageur du livre. Signalons au passage que le roman vient de ressortir chez Rivages dans une nouvelle traduction et sous le titre : Pottsville, 1280 habitants et qu’il faut impérativement avoir lu ça dans son existence. Les Pop.1280 ont su se montrer amplement à la hauteur de ce chouette patronyme. Le combo formé en 2009 dans le quartier de Brooklyn à New York a connu plusieurs changement de line-up en conservant comme noyau très dur Chris Bug (au chant) et Ivan Lip (guitare et clavier). Ils jouent aujourd’hui accompagnés d’Allegra Sauvage (second clavier) et Andy Chugg (batterie). Nous avions découvert la bande avec The Horror, leur premier album sorti en 2012 chez Sacred Bones. Le disque est un formidable cauchemar éveillé conjurant Birthday Party dans un déluge de distorsions et de rythmiques incandescentes. Une bonne grosse claque que peinait un peu à renouveler Imps Of Perversion, leur plus inégale seconde galette en 2013. Les lascars nous ont cependant remis les pendules à l’heure avec une poignée d’EPs excellents et surtout Paradise un troisième album toujours aussi délicieusement apocalyptique et chez Sacred Bones. Un disque fascinant et désespéré, hanté de synthés dissonants et hypnotiques et fleurant bon les bastons d’arrières cours et les apocalypses personnels. Les vidéos de concerts que nous avons matées avec avidité laisse entrevoir un risque maximal de torgnole dantesque à base de chanteur possédé et de synthés vicelards et nous promettent donc le meilleur du pire.
Comble du bonheur les deux autres formations qui seront présentes ce soir là n’ont rien à envier aux new-yorkais en terme d’intensité. Sneers est un duo composé de Leonardo Oreste Stefenelli (batterie, percussions) et de Maria Greta Pizza (voix, guitare). Ces deux italiens vivant à Berlin tissent des ambiances lugubres et envoutantes nous évoquant aussi bien les débuts de Sonic Youth que les lillois de Drive With a Dead Girl. Leurs compositions en équilibre entre fureur cathartique et langueur mélancolique nous promettent un concert habité et fiévreux qui devrait ravir les amateurs de musique intense, sombre et atmosphérique.
Enfin, vous pourrez également écouter ce soir-là Lonely Walk. A la base projet solo de Mickael Appollinaire, le prêcheur sombre du groupe Strasbourg, le groupe est désormais un quintet qui a vu passer Alice de J.C.Satàn à la basse, et Johan Gustafsson de Black Bug à la guitare mais qui est désormais composé de Baptiste Averty (synthés, leader du groupe Mabrouk), Guillaume Cassagnol (basse joue aussi dans Magneto et Mabrouk), Yasade Lecointre (guitare et cofondateur du label Simple music experience) et Théo Delaunay (batterie et joue aussi dans panoptique et Conditionnel). Après un premier album en 2013 délicieusement appelé V.I.H.S. (chez Satanic Royalty) de rock cold wave vaporeux et abrasif, la bande vient de sortir Teen (Chez Born Bad Records). Si les ambiances restent sombres et mélancoliques, le disque sonne plus direct, plus garage-punk tout en conservant un certain romantisme noir très plaisant et en gagnant en ampleur musicale. Bref, il y a tous les éléments chez Lonely Walk pour un concert subtilement détonnant.
Mardi 26 Avril 2016 – Bar’Hic, place des Lices, Rennes – 20h30 – 7€
(Attention, les concerts commenceront à l’heure pour éviter le syndrome du dernier concert écourté)