Petit écrit sur petit livre de Foucault

La philosophie est plus accessible qu’elle n’y paraît. Il suffit parfois d’une seule visite hasardeuse dans une bouquinerie locale et vous y voilà…

Non pas parce que c’était la journée mondiale de la philosophie (20 Novembre) mais parce que la recherche compte. Il ne tenait qu’à nous d’aller à la rencontre de Michel Foucault toutes ces années mais figurez vous que par flemme et prospects immédiat, nous avons contribué comme d’autres à l’étouffement de la discipline.

Nous sommes rentrés dans la bouquinerie Planète IO, rue Saint-Louis un après midi, et sollicitant la productivité, nous avons demandé s’ils n’avaient pas des bouquins intéressants mais concis. La dame nous a tendu ça:

foucault couvertureSi vous êtes ne serait-ce que qu’un peu familier avec les travaux de Foucault, vous vous rappelez sûrement ses réflexions sur la vérité: “De l’homme à l’homme vrai, le chemin passe par l’homme fou” ou le pouvoir et la justice: Surveiller et punir. Sinon ce n’est pas grave, vous pourriez ne même pas savoir qui est le type pour apprécier la lecture.
Le livre est fait de deux essais, le plus populaire Les hétérotopies et Le Corps Utopique qui l’introduit.

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Dans Les hétérotopies, Foucault invente une nouvelle science, l’hétérotopologie, ou plutôt, il parle d’un langage que nous ne connaissons pas, mais il nous aide.
L’écriture est très simple, vous n’êtes pas en train de lire du Lacan ou du Merleau-Ponty. Cette science est régie par des principes concrets, et c’est innovant, mais dans aucun sens matériel. C’est innovant pour la manière de penser et ça c’est du luxe, c’est comme commencer à maîtriser une autre langue et se rendre compte que notre logique prend un chemin inconnu ou que notre perception sur une chose est totalement novice par la nouvelle syntaxe, le nouveau vocabulaire et la nouvelle grammaire. Ici c’est pareil: “L’hétérotopie ruine […] ce qui fait tenir ensemble les mots et les choses”, ça parle des “Espaces différents qui sont la contestation des espaces ou nous vivons
Ce n’est pas technologique, c’est phi-lo-so-phique et nul besoin d’autre chose que d’un livre pour troubler la géographie. On se demande encore quand un livre devient lui même une hétérotopie d’ailleurs.
Bref, si vous vous sentez un peu claustrophobe ou quelque peu coincé, c’est 35 pages et un bon remède.

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Le corps utopique est une bonne entrée en matière de cheminement de pensée. Ça parle du corps, dans le corps par le corps, et c’est un cheminement aussi sensoriel que conceptuel. L’écriture est toujours claire, et qui mieux que l’écrivain auteur de Les mots et les choses (qui nous rappelle comme nos points de vues sont structurés), pour écrire le plus honnêtement et simplement possible sur le sujet. Ici non non, on n’est pas dans un courant de pensée redevable, le corps n’est pas sacré et tout le blabla, ni juste biologique, le corps est tout ce qu’il dit et puis il change d’avis. Ha! L’humilité de l’écrivain qui se reprend !

C’est commenté par Daniel Defert en Postface, un sociologue activiste qui semble bien emballé et qui nous rappelle des tendances de la pensée à “cette limite que l’on expérimente encore devant les classements propres aux cultures qui nous sont radicalement étrangères”. Il nous empêche bien de retourner compulsivement à nos affaires affairées d’ailleurs.

Et bien voilà, la nature du livre s’oppose quelque peu aux effets secondaires à la lecture, un petit ouvrage qui vous pousse dans vos retranchements et torsionne votre grillage perceptif et vos petites cases en un temps record.

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