Observer la ville de Rennes à travers un prisme…

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Cela faisait un petit bout de temps déjà que nous souhaitions rencontrer « celui qui se cache » sous le blaze de PRISME. Un prisme facilement reconnaissable apposé sur ses nombreux collages comme signature. Engagé souvent, revendicatif parfois, il attisait de plus en plus notre curiosité. C’est grâce à un intermédiaire bien sympathique – merci à lui – que, par un après-midi ensoleillé et bien à l’abri des regards indiscrets, nous avons pu enfin le rencontrer et mener notre entretien. En toute simplicité…

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CaptureArrivé sur rennes en début d’année, Prisme aime occuper son temps libre avec le dessin. Et du temps libre, il en a… bon gré mal gré ! Baignant dans la culture Hip-Hop à l’aube de son adolescence, Prisme va s’adonner à l’art du collage à force de côtoyer des artistes réunis au sein d’un collectif. C’est d’ailleurs après un apéro un peu arrosé et un défi lancé par ses comparses qu’il ira coller sa toute première esquisse. Depuis, le virus ne le lâche plus et rares sont les périodes où il ne crayonne pas.

Aujourd’hui, les musiques alternatives et alambiquées ont remplacé les sonorités de la « West Coast » et c’est de manière plus personnelle et individuelle qu’il marque de  son empreinte  les murs rennais. Même s’il nous avoue que sa signature fut influencée par la célèbre pochette de « Dark side on the Moon » crée par Storm Thorgerson, il faut y voir surtout une signification plus subjective :

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Prisme : « J’aime le subversif et le militantisme. Mes dessins sont politisés même si je me considère comme apolitique puisque la politique actuelle, celle des partis,  ne m’intéresse pas spécialement. Je considère par contre la rue comme un vrai moyen d’expression. Mes collages reflètent  ce que je vis ou ce que j’observe à travers le prisme de ma personne… »

Tel un immense terrain de jeu, Prisme parcourt la ville de long en large presque quotidiennement : « Rennes reste une ville dynamique qui fourmille d’idées et de propositions alléchantes tant au niveau art urbain que cultures alternatives ». Le centre-ville a ses faveurs et il ne manque pas d’y observer l’évolution du paysage avec l’apparition ou la disparition de certains graffs, stickers et autres objets visuels non identifiés. A l’instar de l’artiste Monsieur qui, Prisme nous confie que la rue reste pour lui le plus grand musée qui existe.

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« Il n’y a pas de règle absolue mais je colle principalement la nuit. Cela peut être à 22 heures comme très tôt le matin. Idem pour le repérage des lieux : je ne suis pas très organisé ! Je peux zoner pendant des heures avant de trouver le lieu idéal pour mon collage. Plus le dessin reste longtemps, plus je me dis que l’endroit était bien trouvé… »

Soutien de Prisme au manifestant blessé sur les murs de rennes

Anecdote amusante (ou pas), les dessins ayant pour cible la police ou la municipalité semblent avoir une durée de vie assez limitée dans le temps par rapport à la moyenne. Allez savoir pourquoi… Dommage pour nous car Prisme n’est pas du genre à dégainer son appareil photo pour immortaliser son travail et les exposer sur les réseaux sociaux. Il se peut donc que certains collages nous soient totalement inconnus mais c’est aussi cela le charme du street-art, ce côté éphémère…

Éphémère tout comme ce blog apparu ces derniers jours archivant pas mal de ses œuvres mais qui disparaîtra fin Août (NDLR : visible à cette adresse). Mais peu importe qu’elles soient encore visibles ou non. Beaucoup de ses œuvres ont marqué les esprits comme celle composée avec ses nombreuses lettres de refus faisant suite à des candidatures spontanées ou cette série de dessins illustrant un candidat à la prochaine élection présidentielle. Candidat grimé en singe !

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« Chacun peut voir ce qu’il veut dans ce singe candidat… Pour moi, il représente pleins de trucs. C’est d’abord un singe farceur qui tourne en dérision un système politique à bout de souffle. Mais aussi, il nous rappelle qu’à la base, nous sommes tous égaux et tous de la même espèce. Tout le monde devrait avoir la liberté de débattre, de proposer des choses sans que cela ne soit confisqué par une seule poignée de mecs totalement déconnectés de la réalité… »

Plus récemment, c’est une Marianne éborgnée et blessée, éparpillée au nombre de 5 dans le centre-ville qui a fait son petit effet. Hommage à l’étudiant gravement touché par un tir de flash-ball lors d’une manifestation contre la loi travail, fin avril 2016 :

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« Cela m’arrive de temps en temps de passer à côté de mes dessins et de voir la réactions des gens. Mais le but premier n’est pas d’attendre un retour ou un quelconque soutien. J’ai dessiné cette Marianne pour montrer que cela aurait pu arriver à n’importe qui… à moi, à un de mes potes ou pire à ma copine… »

Tout est là. La force du street-art est bien de pouvoir partager à un public nombreux et éclectique une idée, un message ou un sentiment et Prisme l’a bien compris. Qu’il continue le plus longtemps possible !

rubrique_unjour

https://prismecolle.wordpress.com/

(attention blog éphémère)

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