Mort d’un déviant ! Darwin avait raison …

On vient de retrouver le chainon manquant entre hippies et punks. Malgré tout, cette nouvelle exceptionnelle ne doit pas nous réjouir, car on vient d’apprendre que Mick Farren (le chainon manquant) a cassé sa pipe fin juillet. Comme la plupart des grandes avancées scientifiques, la mort de ce Déviant est passée relativement inaperçue dans les médias généralistes. Le Bonhomme avait pourtant une biographie à faire pâlir de jalousie tous les nouveaux arrivistes mondains qui se battent pour leurs pauvres 5 minutes de gloire.

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Mick Farren était l’un des plus grands activistes de l’Underground (on ne disait pas encore alternatif) Londonien et considéré par nombre de ses contemporains comme un fouteur de merde patenté. On ne va pas revenir de façon exhaustive sur l’ensemble des circonvolutions de sa carrière chaotique, mais l’un de ses premiers faits d’armes est d’avoir opéré une OPA sur le service d’ordre du jeune club UFO du producteur Joe Boyd. L’UFO était l’un des clubs les plus à la mode à Londres, c’est là que les Pink Floyds et Soft Machine vont jouer leurs premiers concerts . L’idée était de faire pression sur Joe Boyd pour qu’il accepte de faire jouer son groupe, les Social Deviants. Mais Joe Boyd, ne cède pas. Il faut dire, que les Deviants ne savent pas jouer et qu’ils produisent un boucan infernal. Malgré tout, Farren insiste et comme il gère plutôt bien les hippies qui rechignent à payer leurs entrées, Boyd finit par céder et les laisse jouer au bout de quelques mois.

IT-bandeau

Au même moment, Farren s’investit de plus en plus dans le fanzine IT (International Times). A l’époque la presse underground connait un grand succès et c’est un excellent vecteur pour diffuser les idées des hippies. Farren est un activiste radical proche des anarchistes. Il est aussi très pragmatique. Comme IT et l’UFO sont indissociables dans l’esprit des gens, il met en pratique les idées de Proudhon (La propriété c’est le vol !) et prélève une dîme dans les caisses de l’UFO pour aider financièrement le journal. Farren sera une des clés de voûte de IT qui sera publié jusqu’en 1972 dans sa version originale. Pour approfondir l’histoire de la presse underground vous pouvez consulter les 2 ouvrages. « Hippie Hippie Shake » de Richard Neville le fondateur du journal Oz, et « Underground, l’histoire » de Jean-François Bizot (Actuel) qui est le livre de référence sur le sujet.

Ptooff

L’autre activité de Mick Farren est son groupe les Social Deviants. Les Deviants sont l’autre vecteur de propagande de Farren. Ils sont bruyants et agressifs. Le premier album « Ptooff! » est un brulôt du psychédélisme anglais. Farren avec sa coupe Afro, ressemble à Rob Tyner du MC5, groupe proche des Deviants aussi bien dans le message que dans la musique. Dans l’esprit ils sont aussi très proches des Fugs, les folkeux Beat de New York pour qui la musique n’est qu’un des nombreux aspects de la révolution en marche. Le deuxième album des Deviants « Disposable » est dans l’exacte continuité du premier LP. Le 3ème et dernier LP est par contre plus construit et mieux joué. Mais des divergences naissent entre Farren et le groupe qui souhaite une démarche moins expérimentale dans le sillage de Led Zeppelin. Le groupe split donc en 1969, et forme sans Farren les Pink Fairies. Les Fairies feront un rock heavy qui influencera grandement le futur Captain Sensible des Damned. Les Pink Fairies seront proches de Hawkwind et un modèle musical pour leur bassiste Lemmy, futur Motörhead. Tout ce petit monde se croise dans le chaud quartier de Ladbroke Grove d’où émergera la future scène Punk, Clash, Damned, etc. qui auront retenu le message de leurs ainés.

Deviants3

Dans les années 70 il écrira dans LE gros journal musical anglais, le NME où il publiera un article prophétique annonçant la déchéance du rock et l’arrivée en conséquence du Punk. Il continuera aussi la musique et collaborera entre autre avec Motörhead et Wayne Kramer du MC5. Ces dernières années, il avait reformé les Deviants et tournait de temps en temps. C’est sur scène au Borderline qu’il s’est effondré le 27 juillet dernier. Une fin qui est tout à fait à l’image de sa vie …

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