Dans la jungle de propositions alléchantes de ce finalement joli mois de novembre 2013, la soirée du mercredi 20 au Mondo Bizarro disposait d’une paire d’atouts majeurs. La présence conjuguée de deux de nos formations rennaises favorites : My Sleeping Doll et Trunks, rendait le rendez-vous immanquable. Retour sur deux concerts riches en promesses et en complicité.
Malgré le milieu de semaine et la météo déjà hivernale, nous avons le plaisir de constater que l’affiche a ramené du monde avenue Patton. La soirée démarre vers 21h30, par le set de My Sleeping Doll (en interview par ici et plus récemment par là). Sandrine entame le concert par deux morceaux seule en scène. Depuis notre découverte en avril 2012 de cette talentueuse rennaise, nous suivons son parcours de très près et nous retrouvons avec beaucoup de plaisir sa voix habitée et son jeu de guitare fiévreux. Dans la continuité de son premier EP, elle franchit actuellement une étape importante en étant désormais rejointe sur scène par Ronan Bedo à la basse et Matthieu Noblet à la batterie (Korkoj, Mermonte). Notre crainte de voir se diluer la magie toute particulière de ses interprétations solo va vite se dissiper. Si le trio manque encore d’équilibre, et qu’il arrive parfois que les nouveaux arrivants couvrent un peu trop la belle, le sentiment qui prédomine pourtant chez nous est que la montée en puissance est par moment remarquable et surtout que le potentiel pour quelque chose de grand est là, et bien là. L’alchimie est donc encore imparfaite, mais les chansons de My Sleeping Doll continuent d’être à chaque fois plus terrassantes de beauté et de fureur.
La demoiselle conclut ce set plein de superbes promesses, en beauté et face à l’ampli, avec une reprise d’une sublime et désespérée chanson de feu Jean-Luc Le Ténia.
La mise en place de la seconde partie prend un peu de temps mais c’est qu’il y a du monde à installer. Rappelons pour ceux qui ne sont pas encore dans la confidence que Trunks (en interview par là), c’est un peu les 5 mercenaires de la musique indé rennaise. Soit un impressionnant dream band composé de Laetitia Sheriff (basse, guitare, voix), Régïs Boulard (batterie), Daniel Paboeuf (saxophone), Stéphane Fromentin (guitare) et Florian Marzano (guitare), délaissant leur projets respectifs pour fricoter ensemble avec jubilation.
Ce qui frappe d’emblée, c’est le bonheur palpable qu’a cette association de bienfaiteurs à jouer ensemble. Dès l’impeccable doublette d’ouverture Hardfiscurry/Screaming like idiots, leur complicité fait plaisir à voir. C’est ce « tronc » commun où chacune de ces très belles branches se rejoint, qui fait de Trunks plus que la somme de très belles individualités. La frappe chaloupée et puissante de Boulard, les déflagrations dévastatrices de Paboeuf, le passionnant duel de guitares Fromentin/Marzano et la basse retorse et la voix bouleversante de Laetitia se multiplient plus qu’ils ne s’additionnent. C’est ce qui fait que si leur rock est libre, complexe, retors et insaisissable, se jouant des styles et des attentes, il vous attrape immédiatement et ne vous lâche plus. Nous pensons fugacement que le groupe gagnerait peut être finalement à simplifier sa formule, mais face à un tel déferlement d’énergie complice, nous rendons rapidement les armes pour nous laisser emporter. Quand en plus, tout ça est fait dans une décontraction et une bonne humeur réjouissante, où ils se laissent par exemple surprendre par un vibrato de basse refusant de s’éteindre, cela donne forcément un concert mémorable.
Le set est en plus ultra-généreux avec une dizaine de titres balayant leur discographie tout en faisant la part belle à leur album On The Roof de 2011. Et quand ils reviennent pour un rappel, ils préviennent, sourire aux lèvres, que ce ne sera pas pour moins de 3 titres supplémentaires.
Nous ressortons de là avec les pieds qui ne touchent plus terre, en songeant fermement que Trunks fait définitivement partie de ce qui se passe de plus beau et de plus excitant dans le coin, et que l’on n’a plus qu’à guetter avec impatience leur prochaine prestation.
L’ami Appolosmouse était une fois de plus fidèle au poste et vous aurez une fois de plus donc l’occasion de voir ou revoir cette superbe prestation en intégralité et dans de très confortables conditions sonores et visuelles.
Photos : Franck Belloeil & Mr B