On connaît la rafraîchissante habitude du festival Maintenant à nous catapulter à la rencontre de propositions artistiques surprenantes dans des lieux inattendus (voire incongrus -une piscine, un dojo, une maison de retraite, l’aéroport de St Jacques n’en sont que quelques exemples). Pour cette 15ème édition, le facétieux festival d’arts, musiques et technologies rennais vous invite avec Ali sur… le toit de la CAF et de la CPAM. Et ce du 13 au 18 octobre. Explications.
On avait découvert Ali (alias Arthur Louis Ignoré) lors de l’édition 2014 d’Urbaines. Le jeune artiste y proposait un mandala peint en blanc sur le trottoir de l’Antipode MJC, à l’image de ceux qu’il a pu également réaliser sur le bitume rennais. Le garçon, qui investit le plus souvent l’espace urbain (mais s’essaie parfois aussi au land art avec la même réussite et le même appétit pour l’éphémère), y présentait également un travail sensible des vides et des pleins avec un travail sur la découpe toujours autour de la figure du mandala sur une grande bâche de travaux quasi transformée en dentelle du Puy en Velay. Pour le festival Maintenant, le garçon a pris de la hauteur (et nous invite à faire de même) en installant ses pinceaux sur le toit… de la Caisse des Allocations Familiales, aux genoux des Champs Libres. Après les rues de Rennes, de Montréal ou encore de New York, Ali s’attaque donc aux 1000m2 du toit de la Caf et de la Cpam pour une fresque monumentale qui risque bien de distraire les étudiants venus travailler aux Champs Libres (on vous explique plus bas). Alors que les premières couches de peinture commencent à se dessiner, Ali a répondu à quelques questions et livre ses impressions sur le projet.
Arthur-Louis-Ignoré, alias Ali, d’où vient ce nom ?
Ali : Il n’y a pas de signification particulière derrière ce nom. A vrai dire, ALI est né il y a 4-5 ans, c’était d’abord un logo puis des initiales et enfin un nom. Aujourd’hui j’utilise Arthur-Louis Ignoré mais si demain je souhaite changer alors seules les initiales A.L.I orienteront les possibilités.
Quelles ont été tes premières influences et comment ont-elles évoluées au fil de tes projets ?
Jeune, j’étais fasciné par des artistes urbains comme SWOON, VHILS ou encore ROA. L’art urbain a, en quelque sorte, joué le rôle de passeur. Il m’a permis de comprendre ce que je souhaitais faire et m’a conforté dans le choix de commencer des études en Arts.
Par la suite, via mes études, c’est l’histoire de l’art et les problématiques soulevées par les différents courants qui m’ont poussé à formuler mes propres questionnements.
Comment est né le projet de fresque monumentale All On One Roof en collaboration avec le festival Maintenant et les services de la CAF /CPAM de Rennes ?
J’aime beaucoup la vue qu’offrent les trois derniers étages de la bibliothèque des Champs Libres.
D’ailleurs je ne comprends pas comment tout ces étudiants font pour travailler. Il y a tellement de choses à voir qu’il est presque impossible de se concentrer !
C’est pendant une de ces séances d’observation que j’ai remarqué ce grand espace inexploité. Contrairement à la place des Champs Libres personne ne marche dessus, il ne s’y passe jamais rien.
Quand je peins sur le sol dans la rue j’aime beaucoup penser à l’impact qu’une de mes peintures peut avoir sur le quotidien de quelqu’un. Je n’ai pas de grande prétention si ce n’est perturber un peu l’aspect routinier de ce trajet qu’on emprunte tous les jours pour aller à la fac ou au travail. Occuper cet espace inactif, autant par l’acte de peindre que la peinture elle même, c’est changer la dynamique de ce lieu et son impact sur les personnes qui le côtoient .
Peindre une fresque sur une surface de 1000m2, est-ce une première pour toi ? Comment prépares-tu ce projet ?
C’est une grande première oui. Le dilemme va être de conserver le plus possible mon processus créatif, c’est à dire utiliser le moins d’outils et de repères possibles pour pouvoir improviser librement comme je le fais d’habitude. Maintenir les proportions est aussi un défi sur ce genre de superficie. Les seuls points de vue du public sur la fresque sont à de grandes distances : je dois peindre avec un trait beaucoup plus épais (9 à 11cm) car il faut que les motifs restent lisibles.
Habituellement, tu peins dans la ville de manière plutôt imprévue, comment imagines-tu la réalisation d’une fresque attendue ? Le processus de création est-il le même pour toi ?
Quatre éléments de la fresque ont déjà été réalisés. Ma démarche s’inscrit toujours dans une recherche de l’instantanéité mais pour cette fresque il s’agit en fait de réunir sur un même toit (all on one roof) cinq instants différents, chacun appartenant à une temporalité et un lieu propre.
J’associe donc aux motifs qui naîtront sur le toit de la CAF et de la CPAM des peintures qui ont été réalisées avant le festival Maintenant à plusieurs endroits comme Montréal ou encore New York.
Comment imagines-tu le futur de cette œuvre ?
La peinture que nous utilisons pour cette fresque est une peinture adaptée aux toitures et donc résistante aux intempéries. Elle tiendra longtemps, sûrement quelques années. De plus je n’utilise que du blanc, ce qui offre un véritable contraste avec le noir du toit surtout quand il est mouillé.
Après le festival Maintenant, que prévois-tu ?
Le 15 octobre, le lendemain du vernissage de la fresque je monte à Paris pour le vernissage d’une exposition à laquelle je participe sur le thème de StarWars. La même semaine je concours pour le Festival Vibrations Urbaines qui a lieu à Pessac près de Bordeaux.
La plupart de mes projets sont concentrés dans cette période ; ensuite comme j’ai plus de temps, je pourrai retourner en cours à la fac.
Propos recueillis par Nelly Burel
Comme toujours un immense merci à l’ami Gwendal Le Flem pour sa photo du travail d’Ali.
Retrouvez ici tous nos articles sur Maintenant avant, pendant et après le festival.
Maintenant présente All On One Roof (création) par Ali du 13 au 18 octobre 2015 sur le toit de la Caf et de la Cpam de Rennes (Cours des alliés, Rennes).
Visites gratuites sur inscription
(Information et inscription par mail à billetterie[at]electroni-k.org ou au 06 22 22 39 58)
du mardi 13 au vendredi 16 octobre à 13h30 et 18h00
samedi 17 octobre à 11h30 et 15h00
dimanche 18 octobre à 15h00
Maintenant aura lieu du 13 au 18 octobre 2015. Plus d’1fos.