En 2023, la région Bretagne comptait 971 logements de fonction répartis dans 114 lycées. Mais depuis 2018, en moyenne, un tiers de ces logements reste inoccupé. En 2023, ils étaient 306 à être vides.

Partout, en France, la crise du logement fait rage et des dégâts. Les chiffres sont implacables : 350 000 personnes sont sans domicile. Triste record. Dans le détail, « entre 5 000 et 6 000 personnes dorment dehors, dont 1 000 à 3 000 enfants », relevait en février dernier la Fondation pour le logement des défavorisés. Un nombre sous-estimé, à en croire son directeur général, Christophe Robert. Tellement sous-estimé que des collectifs de citoyen·nes sont aujourd’hui contraints de palier les manquements de l’État en occupant, par exemple, des écoles pour offrir un toit temporaire et une mise à l’abri salvatrice aux familles à la rue. Voilà l’état des lieux dans la sixième puissance mondiale.
Et pendant ce temps, la Chambre Régionale des comptes de Bretagne dévoile l’absurdité du système dans un rapport rendu public ce vendredi, intitulé « RÉGION BRETAGNE La gestion des lycées ». Sur les 971 logements de fonction existant en 2023 présents dans les 114 lycées publics, seuls, 665 étaient occupés. « En moyenne depuis 2018, un tiers des logements reste inoccupé dans les lycées régionaux (306 logements vacants en 2023) ». Le comble ? 64 % de ces logements vides (198) sont précisément dans des zones où la pression immobilière est significative : Rennes, Brest, Saint-Brieuc, Quimper, Vannes, Lorient, et pire, les communes situées sur le littoral ; là même où se loger devient un luxe. L’addition pour la collectivité est d’autant plus salée : 1,27 million d’euros par an de manque à gagner faute de mise en location. Un pactole bien utile en ces temps de coupes budgétaires.
Et ce n’est pas tout : plus de 15 % des logements qui devraient être réservés pour « nécessité absolue de service » sont inoccupés « en raison de dérogations accordées par l’autorité académique (147 en vigueur en 2023) » Ce constat soulève inévitablement des questions sur la pertinence d’un dispositif qui, d’un côté, impose aux collectivités de fournir des logements de fonction aux agent·es de l’État (collèges et lycées), et de l’autre laisse ces mêmes logements inoccupés à cause de dérogations accordées… Par l’État lui-même. Et pendant ce temps, il n’a aucune solution sérieuse pour loger les personnes les plus fragiles… Qui comprend ?
PS : Cette situation ubuesque est observée depuis 2018. Si la Région Bretagne a engagé depuis 2023 une étude globale pour mieux gérer son parc immobilier, ces efforts restent récents et leurs effets concrets dépendront des résultats attendus fin 2024, lit-on dans le rapport de la CRC de Bretagne.

- + d’1fos :
- Lire le rapport ici (clic)
- Pour faire face à une demande croissante d’hébergement d’urgence, le maire écologiste de Grenoble Éric Piolle vient de décider de réquisitionner des bâtiments vacants, alors que les quelque 203 000 places mises à disposition par l’État, dont c’est la prérogative, ne suffisent plus.
[Brève] : 9307 logements du parc privé laissés vacants à Rennes