[ciné] Cycle Santé ! @ Arvor : L’ivresse du grand écran

On retrouve avec grand plaisir les formidables sélections hebdomadaires et estivales du cinéma Arvor qui vous accompagneront encore une fois tout au long de cette période. Chaque mardi, du 1er juillet au 2 septembre 2025, découvrez ou redécouvrez sur grand écran dix films autour du thème sans fond de l’alcool. On vous détaille toutes les étapes de ces épatantes séances de cinéthylisme.

Chaque été depuis 2020, le cinéma Arvor nous offre de très belles sélections hebdomadaires et thématiques de films, aussi variées qu’inspirées. Pour cette sixième année, c’est au tour des aspects libérateurs ou nécrosants de l’alcool d’être déclinés en 10 variations toutes aussi passionnantes qu’éclectiques. Classiques, curiosités, raretés, documentaire… il y en aura pour toutes les papilles et pupilles. Le cycle Santé ! vous emmènera chaque mardi du 1er juillet au 2 septembre 2025 dans une dégustation d’images à consommer sans modération.

Quoi de mieux pour entamer cette série qu’une des cuites les plus célèbres du cinéma français ? En 1962, Henri Verneuil (La Vache et le PrisonnierMélodie en sous-sol, Le Clan des Siciliens, I… comme Icare…) réunit le monstre sacré Jean Gabin et le foudroyant jeune premier Jean-Paul Belmondo dans son adaptation de l’excellent roman Un singe en hiver d’Antoine Blondin. On y suit la rencontre explosive et touchante entre l’inconsolable nostalgie de Gabin et le cœur brisé de Bébel. De la séance de tauromachie automobile au feu d’artifice final en passant par un « nuit de Chine » chanté en duo tout simplement mythique, le film réussit l’exploit de la flamboyance sans jamais perdre en sensibilté.

mardi 1er juillet 2025 – 20h15
Un singe en hiver d’Henri Verneuil
France – 1962 – 1h45
Certaines séances possèdent une boucle malentendant

Autre classique hautement mémorable, African Queen (La Reine africaine par chez nous) réunit sur le raffiot délabré qui donne son nom au film, deux monstres hollywoodiens : Katharine Hepburn et Humphrey Bogart. Le démarrage de la 1ère guerre mondiale en pleine Afrique coloniale, réunit une missionaire vengeresse et un baroudeur frustre et bien porté sur la boutielle dans une quête insensée : couler une canonnière allemande dans une mission sucide. Merveille d’aventures et de comédie romantique, le périple fluvial de John Huston (qui s’y connaissait bien en alcool) est à voir ou à revoir à sa juste place : celle d’une salle de cinéma.

mardi 8 juillet 2025 – 20h15
La reine africaine de John huston
Etats-Unis – 1951 – 1h46 – VOSTF
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La sélection joue ensuite le contraste avec le drame Quelque part quelqu’un de Yannick Bellon. Dans un Paris du début des années 70, le metteur en scène croise les destins de Vincent, romancier raté se détruisant lentement à l’alcool, de Raphaëlle architecte tout aussi accroc tentant en vain de le sortir de la déchéance ainsi que des amoureux qui se séparent et un vieux couple chassé de son quartier par les promoteurs. Ce film de déambulation, proche du documentaire, saisit avec une intensité crue une ville et des vies au bord du gouffre. Pas le film le plus drôle de cette sélection mais surement pas le moins beau.

mardi 15 juillet 2025 – 20h15
Quelque part quelqu’un de Yannick Bellon
France Allemagne – 1972 – 1h38
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On reste encore dans le documentaire avec La Bête lumineuse du canadien Pierre Perrault. Le cinéaste vous propose de passer deux heures en compagnie d’une dizaine d’hommes se retrouvant dans un chalet perdu au fond des bois de la région du Maniwaki, en Haute-Gatineau au nord de Montréal. Dans l’ambiance graveleuse et alcoolisée de la bande se distingue rapidement Stéphane-Albert, le poète, avec ses envolées sur l’homme et son rapport à la nature. Le groupe va alors se retourner contre lui, y compris son ami d’enfance Bernard. Avec son montage audacieux et ciselé, le film capte avec une acuité féroce toute la mécanique d’un groupe d’hommes dans tout ce qu’elle a d’hilarant, de tragique, voire de terrifiant. Attention donc à qui sera la proie.

mardi 22 juillet 2025 – 20h15
La Bête lumineuse de Pierre Perrault
Canada– 1982 – 2h07
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Patrick Bouchitey est surtout connu pour sa carrière d’acteur. Le souffre-douleur de Dewaere dans La Meilleure Façon de marcher, le prêtre mélomane de La Vie et est un long fleuve tranquille ou le convoyeur gouailleur de Le Plein de super, c’est lui. Il est aussi le réalisateur de deux films dont le premier, Lune froide, est une des perles noires du cinéma français du début des années 90. Dans un noir et blanc somptueusement charbonneux, on suit les errances nocturnes et éthyliques de Simon (Jean-François Stévenin) et Dédé (Patrick Bouchitey). Adaptation de deux nouvelles de Charles Bukowski, le film a d’abord été un saisissant court métrage avant de devenir un long format en y ajoutant de larges rasades d’humour tout aussi noir. Les rencontres de notre duo de bras cassés vous mèneront ainsi par d’hilarantes versions des standards rock des 60’S mais aussi par les recoins les plus sombres et troublants de l’âme humaine. Attention aux âmes sensibles donc mais le voyage, même en enfer, vaut largement le détour.

mardi 29 juillet 2025 – 20h15
Lune Froide
 de Patrick Bouchitey
France  – 1991 – 1h30 – Interdit au moins de 16 ans
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Autre perle à ne pas louper, vous pourrez également découvrir ou revoir le trés beau Betty de Claude Chabrol. Adaptation de Simenon que Chabrol trouvait malicieusement meilleur que le livre, le film raconte la rencontre de Betty (Marie Trintignant), noyant dans l’alcool son dépit d’avoir été chassée du foyer par sa belle-famille bourgeoise et de Laure (Stéphane Audran). Rien que ce duo d’actrices devrait déjà vous persuader de prendre imméditement votrre ticket, on ajoutera que l’intrigue épurée et impitoyable rend encore plus indispensable la vision sur grand écran de ce Chabrol trop souvent sous-estimé dans la foisonnante filmographie du bonhomme.

mardi 5 août 2025 – 20h15
Betty
 de Claude Chabrol
France  – 1999 – 1h44
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Rio Bravo a le rare privilège d’être à la fois un grand succès public et un film fétiche pour un nombre incroyable de cinéastes ou de critiques. John Carpenter, Michael Mann, Quentin tarantino, Serge Dannet… et bien d’autres ont vanté tout le plaisir qu’ils ont à voir et revoir le film. Les cinéphiles vont donc pouvoir se régaler avec l’élégance et la finesse de la si influente mise en scène d‘Hawks mais aussi du scénario merveilleux co-écrit par l’incroyable Leigh Brackett (scénariste du Grand Sommeil et d’Hatari ! d’Hawks mais aussi de Le Privé de Robert Altman et responsable de la première ébauche de scénario pour L’Empire contre-attaque).
Si vous êtes moins cinéphiles, vous allez tout de même vous régaler, notamment avec la merveilleuse galerie de personnages au cœur du film. La base très classique mais parfaitement maîtrisée de l’affrontement entre un shériff droit dans ses bottes (incarné par John Wayne) et du richissime et maléfique propriétaire terrien régnant sur la région (John Russel) est magnifié par la finesse des liens qui se tissent au fil de l’histoire entre Stumpy, le shérif adjoint alcoolique (Dean Martin), le chien fou Colorado Ryan (Rick Nelson) et la troublante Feathers (Angie Dickinson).

mardi 12 août 2025 – 20h15
Rio Bravo d’Howard Hawks
Etats-Unis – 1949 – 2h21 – VOSTF
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Après Hawks, autant continuer avec un autre immense réalisateur, et c’est donc L’Ange ivre d’Akira Kurosawa qui sera projeté le 19 août. Faisant partie de l’extraordinaire série de polars réalisés dans les années 40/50 par le réalsiteur des Sept Samouraîs, le film raconte le combat d’un chirurgien alcoolique (incarné par Takashi Shimura) pour sauver un yakuza atteint de tuberculose (incarné par le magnétique Toshiro Mifune). Première d’une lognue série de collaborations entre Kurosawa et Mifune, le film est une merveille de finesse dans le portrait de deux hommes meurtris tentant de s’extirper de la mare putride qui ouvre et ferme le film. Fortement influencée par les grands films noirs américains, l’oeuvre bénéficie de plus de l’humanisme acéré de son réalisateur. Les occasions de voir un aussi grand film sur l’écran qui lui convient sont rares, ne la loupez donc pas.

mardi 19 août 2025 – 20h15
L’ange ivre d’Akira Kurosawa
Japon – 1948 – 1h38 – VOSTF
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La bizarrerie de cette sélection, ce sera The Saddest Music in the World du canadien Guy Maddin. Cette étrange comédie musicale est la première collaboration du réalisateur avec Isabelle Rosselini. Alors que les Etats-Unis sombrent dans la grande dépression et que la prohibition touche à sa fin, Lady Helen Port-Huntley l’impératice canadienne de la bière lance un concours pour promouvoir sa compagnie. Les musicien.ne.s du monde entier doivent venir concourir à Winnipeg pour y interpréter « la plus triste des musiques du monde ». Basé sur un scénario de Kazuo Ishiguro, auteur du Vestige des jours, cette fable déjantée et survitaminée va vous emporter dans le tourbillon onirique ausi réjouissant que grinçant sur la manipulation des émotions dans le show-business.

mardi 26 août 2025 – 20h15
The Saddest Music in the World de Guy Maddin
Canada– 2003 – 1h39 – VOSTF
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Le cycle se concluera avec un flamboyant combat contre l’alcool de contrebande. Sorti en 1987, Les Incorruptibles est souvent considéré avec une moue boudeuse par les fans du réalisateur. Moins flamboyant et baroque que Phantom of the paradise ou Blow Out, moins pervers et retors que Pulsions ou Body Double, moins outrageusement violent que Scarface ou Outrages, le film garde une certaine image de commande policée qu’aurait livrée le bonhomme pour pouvoir faire aboutir d’autres projets plus ambitieux. Il faut dire que le film présente tous les atours d’un pur produit de studio hollywoodien : scénario ciselé de David Mamet d’après le livre The Untouchables d’Eliot Ness, Oscar Fraley et Paul Robsky, mise en scène extrêmement élégante culminant dans un nombre ahurissant de morceaux de bravoure, narration redoutablement efficace, dialogues bourrés de punchlines accrocheuses, musique flamboyante (comme toujours) d’Ennio Morricone, casting en béton armé (Robert De Niro en Al Capone, Sean Connery en patrouilleur roublard, Billy Drago en fascinante petite frappe auxquels viennent s’ajouter Kevin Costner et Andy Garcia en jeunes premiers en pleine ascension). Le film fut un grand succès public et critique. De Palma impose pourtant sa marque sur le film de façon plus insidieuse, moins directe, que dans ses autres œuvres. Le traitement de la violence y est ainsi particulièrement pervers pour un spectacle destiné au grand public et le manichéisme y est tellement poussé dans l’excès qu’il en devient rapidement troublant et ironique. Ne loupez donc pas l’occasion de revoir ou, encore mieux, de découvrir ce modèle de grand spectacle subtilement miné par l’esprit jouissivement tordu de son réalisateur.

mardi 2 septembre 2025 – 20h15
Les Incorruptibles de Brian De Palma
Etats-Unis – 1987 – 1h59 – VOSTF
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