Les kids d’Urbaines : assassins de la peau lisse !

2011-05-03URBAINES-Alter1fo29D’habitude, les fans de Hip hop graffent sur les murs de la ville. Cette semaine, à l’Antipode, ce sont plutôt les épidermes de chacun qui se parent de lettrages et de plages colorées. Dans le cadre d’Urbaines, l’Antipode MJC propose en effet aux filles et aux garçons âgés de 6 à 15 ans de s’initier au graffiti corporel de 10h00 à 12h00 toute la semaine.

C’est le collectif Skinjackin’ (littéralement kidnapping de la peau) qui encadre ces ateliers matinaux. Ces dessinateurs à la peinture corporelle investissent habituellement soirées et événements pour y réaliser des performances uniques et collectives de dessin éphémère. On rentre dans un bar pour une fête, et on en ressort avec une sorte de tatouage cartoon éphémère coloré sur un bras, le cou ou une partie du dos. Si ça ne plait pas, pas d’inquiétude, un coup d’eau et de savon efface l’œuvre éphémère. Les Skinjackers sont intéressés par la performance : ils dessinent « pour de vrai, en direct, en improvisant » .

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Skinjackin’ est cependant d’abord là cette semaine, non seulement pour une performance lors de la Nuit de Clôture d’Urbaines, mais aussi pour initier les jeunes au graffiti corporel. Le but de Skinjackin’ : initier les jeunes participants à cet art éphémère qui fait écho aux peintures corporelles ancestrales, en utilisant des motifs modernes et en abordant différents aspects du graphisme : « dessin, approche calligraphique, techniques de construction de lettrages simples, mise en couleur, travail de composition » . Les crayons à peinture à eau sont utilisés par les participants eux-mêmes pour colorer les épidermes de chacun (à chacun de choisir quelle partie du corps il veut décorer).

Quand on arrive à l’étage de l’Antipode, on voit donc deux groupes (d’un côté les 6-10 ans, de l’autre les 11-15 ans) occupés à peindre qui le bras d’un copain, qui la main d’une animatrice de l’Antipode MJC, qui la tête de l’un des membres de Skinjackin’ ! Ambiance studieuse et concentrée. Les plus grands passent d’abord par des dessins sur papier avant de se lancer sur l’épiderme. Les plus petits improvisent directement, parfois en lorgnant sur un personnage qui leur fait de l’œil sur l’avant-bras d’une copine. Elias (pardon si je l’écris mal) est très content de nous montrer son ver qui se marre… Et qui peut-être mangera la fraise plus loin sur son poignet (qu’on avait initialement  prise pour une coccinelle, pardon !)

2011-05-03URBAINES-Alter1fo10Derrière ça discute sévère entre un enfant et un animateur : Bob l’éponge, il a un bermuda ou une salopette ? A défaut de le savoir, on lui fera quand même de grandes mains… Parce que dessiner de la main gauche, c’est quand même pas évident quand on est droitier. Ceci étant dit, les plus grands nous expliquent que ce n’est pas très compliqué, qu’on peut déjà partir d’une forme « toute bête » (un triangle, un cercle) et que ça fait déjà un personnage. Et effectivement, on voit qu’ils ont couvert le tableau blanc derrière eux de personnages en 3D formés de triangles ou de cubes.

De l’autre côté de la table, Violette, une jeune participante, est en train de réaliser un graffiti très abouti sur son bras gauche. Sous le feutre, on voit progressivement un nom s’écrire : Banksy. Elle nous explique qu’elle aimerait bien aller voir la projection du film ce soir (Faites le Mur, le premier film de Banksy, artiste culte de la scène graffiti est en effet diffusé ce soir au T.N.B. dans le cadre d’Urbaines). De notre côté, on est assez abasourdi par son talent et sa main qui ne tremble pas.

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Mais surtout, ce qui est vraiment chouette, c’est que tous ont l’air très heureux des dessins qu’ils arborent sur leurs épidermes. Tous sont aussi fiers de nous montrer les graffiti que les Skinjackin’ adultes ont réalisé sur leur peau que ceux de leurs copains sur leurs bras et leurs mains. Aussi quand midi arrive et qu’il est l’heure d’aller manger, on voit des sourcils se froncer. L’animatrice leur demande en effet d’aller se laver « l’intérieur des mains » : on comprend alors leur peur d’effacer leur œuvre d’un coup de savon maladroit. Heureusement, tous sont tellement méticuleux qu’aucun accident n’arrive, le repas pourra se dérouler sans heurts. On les laisse donc aller déjeuner. Pendant qu’on s’éloigne, on entend déjà les jeunes participants en haut de l’escalier énoncer leurs projets de nouveaux graffitis pour le lendemain…

De notre côté, on repart de là avec plein de couleurs dans les yeux. Et franchement, on regrette vivement de ne pas s’en aller avec une tomate qui danse ou avec le ver qui se marre sur l’avant-bras.

Photos : Caro, Isa

Un grand merci à toute l’équipe de l’Antipode MJC, des Skinjackin’ et surtout à Violette, Elias et leurs copains qui ont pris le temps de tout nous expliquer…

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Atelier graffiti corporel proposé dans le cadre d’Urbaines par l’Antipode MJC pour les filles et les garçons de 11 à 15 ans. Du 2 au 6 mai 2011, de 10h à 12h.

Sur réservation (02 99 67 32 12).  Tarif 30 euros + 6 euros d’adhésion annuelle.

Antipode MJC, 2 rue André Trasbot, Rennes.

Pour en savoir plus :

Le site de l’Antipode/Urbaines : http://www.antipode-mjc.com/musiques-actuelles/urbaines/

Le site de Skinjackin’ : http://www.skinjackin.com/

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