Le bal Forro annoncé d’Orchestra do Fuba n’a pas eu lieu: la faute à une salle peu adaptée aux évolutions d’éventuels danseurs…à la place, on a eu droit à un très beau concert de forro évolutionniste, accrocheur et joué par un orchestre brasilo-parisien composé de virtuoses. Rencontrés quelques minutes avant le concert, en pleine collation, les musiciens, qui manient la langue de Molière aussi bien que le cavaquinho, de passage en Bretagne avant d’enchaîner quelques dates vers la Belgique et la Hollande, se présentent comme « un orchestre de musiciens brésiliens et français rencontrés à Paris, qui souhaitait faire découvrir le forro méconnu en France à l’époque, mais qui est aujourd’hui connu quasiment partout…« .
Qu’importe si la saison culturelle brésilienne en France en 2005 a fait des nouveaux passionnés de rythmes nordestins, la bande continue de creuser le sillon d’une musique qu’ils composent presque exclusivement, en respectant la tradition pour mieux s’en éloigner: n’en déplaise aux puristes, l’Orchestre de Fuba n’hésite pas à exécuter sur scène des medleys associant compositions et thèmes traditionnels, avant de « forroïser » une chanson de Bourvil (Un clair de lune à Maubeuge). Leur forro, enrichi d’une basse puissante, d’accroches plus samba au cavaquinho ou de joutes entre violon et tambours, s’égraine entre morceaux irrésistiblement dansants ou plus déstructurés, et le public ne s’y trompe pas: dès le premier morceau, les danseurs investissent le léger parterre et les côtés pour danser.
La liberté qui s’immisce dans leurs composition et leurs chants, la bonne humeur communicative qu’ils introduisent semble avoir fait mouche auprès des spectateurs, qu’ils soient confortablement assis ou dodelinant sur l’étroite bande devant la scène. Déja auteurs de deux galettes, dont le remarqué « Quem mando? », le groupe confie préparer l’enregistrement du troisième cet hiver, sans doute en peaufinant les compos dans la maison de Zé, l’accordéoniste, comme l’indique l’une de leurs chansons. Mais avant, cap au nord, pour faire danser l’Europe. De la musique pour la tête et les pieds, bienvenue sous tous les climats. La prochaine fois, pourquoi pas ne pas prévoir l’évènement sur un plancher plus adéquat?