Alter1fo vous propose de (re)découvrir la scène musicale rennaise à travers une chronique, hebdomadaire le plus souvent. Des talents émergent, d’autres confirment sur la scène locale. Certains les soutiennent, sortent leurs disques, d’autres leur proposent des lieux de concert, de répétition… Alter1fo donne un coup de projecteur à ces artistes, labels, lieux ou assos qui œuvrent d’arrache-pied pour que la scène locale existe. Permettre aux acteurs et aux publics de se rencontrer, donner la parole à ceux qui font la vie rennaise, tels sont nos buts avoués. Chaque semaine, vous retrouverez donc un ou plusieurs focus sur l’un de ces acteurs…

Cette semaine nous rencontrons le crew hip-hop de l’Asile pour une petite interview. Nous reviendrons avec eux sur leur rencontre, leurs influences, les projets solo et surtout la sortie de leur premier album.

Interview de l’Asile

Alter1fo : Salut les gars. Pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaissent pas ?

Lucio : Clairement, L’Asile, c’est un truc de oufs. C’est 5 MC’S : Skid, Kay, Belra, Ledaw & Lucio. Et puis c’est aussi et surtout ceux dont on parle moins, c’est-à-dire DJ Baz, celui qui nous suit depuis le début sur la scène, Julien Mota, l’œil qui ne rate jamais sa cible, photographe du groupe, et évidemment nos deux hommes derrières les machines, Kaokhan & Kreapton, tous deux graphistes et beatmakers.

Belra : L’idée du crew c’est d’élargir les visions, avec les atouts de chacun. Et puis c’est aussi une sacrée histoire de potes, on se connait tous depuis des années… Bien avant de faire quoi que ça soit d’artistique pour certains. Alors pour nous, L’Asile c’est bien plus qu’un groupe de musique.

Comment s’est faite la rencontre entre vous ?

Lucio : Pour ne parler que des rappeurs, la rencontre réellement collective s’est faite une nuit de 2011. A l’ancienne, Belra & Kay formaient Crooks, Lucio, Skid & DJ Baz toastaient ensemble, et Ledaw ridait avec Asphyxie. Crooks & Ledaw ont pas mal backpacké sur Rennes, à base de combo 8.6 / punchlines, alors que moi même & Skid rôdions sur Saint-Brieuc, avant de rejoindre la ville de la pluie.

Belra : En fait, L’Asile c’est presque deux générations qui se côtoient : Lucio, Skid & Baz pour la génération 90 et le reste de la génération 85. ça nous permet, à nous les vieux, d’être toujours dans le coup avec les petits jeunes qui partagent leur fraîcheur (rires).

Kay : En fait c’est l’équipe de France !

Il se dit que vous préparez un album. Pourriez-vous nous en dire plus sur ce projet ?

Belra : C’est cela même. On bosse depuis janvier dernier sur le premier album de L’Asile. On est en train de charbonner grave parce qu’on a réellement envie de donner le meilleur de ce qu’on sait faire, qui plus est pour les gens qui nous suivent et qui nous ont soutenu via le crowdfunding.

Lucio : A ce sujet, on ne s’attendait pas à tant de soutien, et en vrai, ça fait super plaisir. Ça met aussi bien la pression. Mais bon, nous, la pression, on la subit pas, on la boit. Si tout se passe bien, l’album devrait voir le jour avant l’été 2014, avec on l’espère, une sortie nationale.

Kay : En gros on a déjà 15-20 titres d’enregistrés. Par-dessus ça on a fait du tri, tant pour garder une certaine cohésion au niveau de la couleur de l’album mais aussi pour ne mettre que le meilleur dessus. Mais comme on n’est pas du genre a gâcher quand c’est pas trop mal, on a compilé quelques tracks non-retenus pour l’album et ça donne un EP gratos qui devrait débarquer soit en cette fin d’année, soit tout début janvier. Primo pour remercier les gens qui ont financièrement soutenu l’album, éviter qu’ils attendent trop entre le moment de l’investissement et le produit final. Mais aussi pour que tout le monde se fasse un peu une idée de ce vers quoi on se dirige.

Vous pratiquez l’art de l’ego-trip à la perfection. Votre album sera-t-il axé essentiellement là-dessus ?

Kay : A la perfection, je ne sais pas… Mais on aime bien dire qu’on aime bien ce qu’on fait et que ce que les copains font c’est bien aussi, ouais.

Belra : Pour notre côté égo-centré, ça doit venir des vidéos que l’on a pu produire jusqu’à aujourd’hui. Elles sont majoritairement tournées vers le freestyle, les featurings… En fait, on aime rapper avec les gens qui aiment ça aussi, donc on fait pas mal de collaborations spontanées au cours desquelles les thèmes sont plus compliqués à aborder. Mais à côté de tout ça, on explore de vrais sujets et de vrais concepts d’écriture.

Lucio : Du coup dans l’écriture de l’album, on tente pas mal de choses, des concepts, des idées…

Dans le projet de Lucio & Ledaw intitulé PL (Poids Lourds) beaucoup des prods sont réalisées par Ledaw. Votre album sera-t-il entièrement produit par lui ou ferez-vous appel à plusieurs beatmakers ?

Lucio : En fait, en janvier dernier, on avait contacté quelques beatmakers (James Digger, RezO, Oldy Clap…) qui nous avait envoyé de très bonnes prods, mais on doutait de la cohérence des morceaux. Et puis, j’ai pris contact avec Kreapton, parce qu’on avait eu écho de son travail et on savait qu’il était de Vitré. On s’est rencontré genre 2 jours après. Il est venu nous voir en concert à Rennes, et le courant est passé direct. Humainement d’abord, et puis musicalement ensuite. S’en sont suivis, un, deux, trois beats. On a tout de suite compris que l’album prendrait une autre dimension s’il était entièrement produit par Kreapton. Depuis ça, il fait partie intégrante du groupe.

Belra : Pour te donner un ordre d’idée de la qualité et de la productivité du gars, il a déjà bossé plus d’une soixantaine de prods pour l’album. Et puis, c’est devenu la famille maintenant.

Kay : Concrètement, le gars est passé en mode croisière, entre un et trois beats de malade par semaine. Ça nous pousse à rester productifs, à tenter des trucs sur lesquels on n’est pas forcément à l’aise à la base. Et puis quand tu reçois l’équivalent des trois single de D-tox dans ta boite mail toutes les semaines ça te pousse au cul.

Vous êtes un crew relativement libre. Chacun fait ses projets de son côté avec d’autres MC. Est-ce une philosophie ? Ne pas se figer dans un seul projet mais multiplier les possibilités et les collaborations ?

Lucio : Je ne sais pas si c’est une philosophie, mais ouais, chacun est assez libre dans ces choix de carrière, si on peut appeler ça comme ça. On a toujours bossé en parallèle avec d’autres gens, et je doute que ça s’arrête un jour. Après, c’est la vie d’un groupe aussi, les choses mettent toujours plus de temps à prendre forme. Solo, tu vas toujours beaucoup plus vite. Mais en groupe tu vas plus loin, c’est bien connu. Mais même s’il y a des projets annexes, l’album reste la priorité de chacun.

Kay : La priorité reste effectivement l’album. Après, quand on arrive à trouver du temps pour multiplier les projets on le fait avec plaisir. Skid a un Ep dans les tuyaux, LeDaw bosse sur son solo quand il n’est pas occupé a chanter les refrains Asyliens. Moi je viens de pondre 10 titres avec mon acolyte Spit… La majorité de ces trucs auront une sortie digitale, clips à l’appui, avant l’album de l’Asile… On ne dort jamais en fait.

On suit régulièrement votre Youtube et on adore le concept des PFPR (voir vidéos ci dessous). Peut on envisager de voir ce genre de collab’ sur votre album ou parallèlement à sa sortie?

Belra : Définitivement ouais. Le concept des PFPR (Plus on est de fous, plus on rime) est né l’été dernier, et à la base, comme souvent, ça part d’un jeu de mots un peu pourri. Après ça s’est transformé en webisodes-freestyles. Le premier, on l’a tourné à Paris, chez Polo L’Déglingo (mon coloc de l’été dernier, dans le plus beau jardin de Marx Dormoy – private joke), et on a pu réunir les copains : une partie d’Oligarshiiit, Belush, K.Oni & Géabé.

Kay : Sur le deuxième qui est sorti, on voulait représenter un peu plus le coin d’où on vient, du coup on a invité James Lega, Enerku & Simba, toujours des potes. C’est aussi ça le principe de base : le hip hop c’est un milieu relativement petit, t’as forcement croisé ou entendu la moitié des mecs qui tournent un peu. Du coup on n’ essaie pas d’aller chercher loin quand on peut faire ça en famille.

Lucio : Pour ce qui est de l’album, on est déjà 5 rappeurs. C’est tout de suite compliqué de rajouter une ou deux têtes de plus sur un vrai morceau. Rien n’est définitif encore, mais pas de featuring en vue pour le moment.

3 groupes de hip-hop , 3 groupes d’electro, 3 groupes de rock ?

HipHop : A Tribe Called Quest, Saian Supa Crew, Nakk

Electro : Jean Michel Jarre, Outlines, Ratatat

Rock : Lilly Wood and the Pricks, Eddie Mitchell, Mozart.

La question que vous auriez aimez que l’on vous poses ?

Belra : Votre meilleure blague ?

Lucio : C’est un aveugle qui rentre dans un bar… Puis dans une chaise, puis dans une table.

Le mot de la fin ?

Lucio : Un énorme merci aux gens qui soutiennent le projet d’album.

Kay : Des punchlines et des pyramides.

Belra : Bon appétit.

Liens

Facebook de l’Asile: Ici

Chaîne Youtube du groupe : Ici

Site internet de Julien Mota (photographe): Ici

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