Froid polaire sur la ville hier soir et canicule dans les rades. Pourtant les Bars en Trans 2014 se sont lancés doucement avec quelques concerts en apéritif vers 18h et une audience plutôt intime. Et puis le marathon de trois jours s’est mis en branle pour notre plus grand plaisir auditif. On y était et on vous raconte tout!
Pas foule au Bar’Hic à 18h00 pour le premier concert de l’édition: Las Aves a l’honneur d’inaugurer la cuvée 2014. Les ex-The Dodoz égrainent une pop efficace, bien servie par la belle voix filtrée de la chanteuse. Claviers rutilants, guitares tendues, chansons courtes et lyrics en anglais: le quatuor dégaine les titres pendant que les festivaliers investissent le parterre. Le groupe alterne chansons accrocheuses et plages au climat moins sautillant, où émergent des claviers stridents. Nous filons jeter une oreille sur le concert parallèle, à La Place, où est programmé le trio Radio Elvis. Visiblement très attendu et jouissant d’une belle assistance conquise, le rock en français des trois parisiens apparait d’abord bien ficelé, comme une bonne chanson des derniers Bashung, et transpire de références littéraires. Deux guitares acérées portent des chansons inspirées par les lectures des trois comparses (le chanteur cite John Fante), et l’on se plaît à découvrir leur univers. On ne rechigne pas, non plus à apprécier un concert de rock en français. On pense à quelques glorieux devanciers, Dominique A ou encore au rock littéraire de Vinicio Capossella. Cette belle impression est malheureusement plombée par la (trop?) longue composition inspirée par les voyages de James Cook: le mal de mer nous prend, nous quittons le navire, pour aborder la tournée des concerts de 20h.
Un coup d’œil au Chantier s’impose : pas mieux pour se faire une idée de ce qui se passe sur la planète électro. Malheureusement, l’ébullition se fait un peu attendre: visiblement en proie à des soucis techniques, le dj brestois Midside s’échine à dérouler sa techno devant un public moitié conquis moitié sceptique. Ça drague les jambes et les tympans mais le dancefloor est bien timide. Nous ressortons de notre intermède électro un peu déçus. Il est vrai que l’heure (21h30) est bien peu avancée, il y a encore deux sets à suivre, mais les choix sont cornéliens.
L’impression à l’entrée au Kenland est étrange: on traverse un rideau d’écran télés branchés foot pour atteindre la belle scène centrale qui ne désemplit pas. Là, belle surprise, le trio blésien Minou emporte l’adhésion générale avec une synth-pop de très belle facture, faite de petits rocks raffinés ou un brin nerveux et de ballades sensuelles, en français aussi, s’il vous plaît.
L’attente est également grande au Bar’Hic pour les Belges de Fùgù Mango, qui démarrent avec des chœurs sertis de percussions, avant d’enchainer avec une sorte de rock hybride aux accents de rumba congolaise. La sauce prend avec une reprise classieuse et décalée des Stranglers, on pense aux Vampire Weekend ou à Peter Gabriel et son intérêt pour les grands détours au sud, et le concert déroule ses attraits sans déchainer, non plus, des réactions d’euphorie chez les spectateurs.
Il est déjà 23h, l’heure d’aller jeter un œil à Gaspard Royant dans le bistrot d’en face: le Savoyard a lancé la grande chaudière et la température monte d’un cran, ça tombe bien c’est dernier concert pour ce soir.
Not least, les agités du doo-wop ont attaqué pied au plancher, la sueur perle au front des musiciens qui déroulent les compositions et reprises dans une atmosphère de franche adhésion. On se serre au fond, ça ne passe plus, les Bars en Trans ont bien pris leur rythme de croisière et Gaspard rayonne. Une chanson s’appelle Marty Mc Fly. Back to the future, avez-vous dit?