Par ici, il y a des troquets que l’on sanctionne pour un concert un peu trop bruyant, ou une after qui se prolonge un peu trop tard dans la nuit. Et puis, de l’autre côté de la rocade, il y a le MeM, qui, malgré des nuisances sonores que personne n’ignore, continue d’organiser des soirées, parfois sans détenir les autorisations nécessaires, comme le rapportait Le Télégramme. Ce ‘deux poids, deux mesures’ avait aiguisé notre curiosité, et on s’était pris de passion pour ce feuilleton renno-rennais.
On vous donne aujourd’hui, un peu à l’arrache, on l’avoue, quelques nouvelles informations glanées ici ou là.
PC*, comme permis de construire.
Installée au lieu-dit La Piverdière dans le secteur de la Prévalaye, la salle de spectacles du MeM devait, « croix de bois, croix de fer, si je mem, je vais en enfer », déménager le 31 décembre 2022. Mais, en janvier dernier, la ville de Rennes a produit un avenant « sur mesure » en faveur du Centre de Production des Paroles Contemporaines (CPPC) en prolongeant de deux années la convention d’occupation du domaine public communal (lire ici, NDLR). L’essence même du permis précaire étant d’être temporaire, un deuxième permis de construire a donc été déposé par le CPPC… en juillet 2022, soit quelques semaines seulement après l’organisation d’une réunion du Comité de gestion de La Prévalaye qui avait pour ordre du jour le déménagement du MeM.
« Qui MeM me suive », le nouveau slogan de la municipalité rennaise ?
Nous avons pu consulter ce permis de construire, et avons constaté que des prescriptions étaient amendées dans l’article premier :
- Limiter la sonorisation à une heure du matin.
- Pour rappel, le MeM organisait en toute illégalité des soirées privées jusqu’à 3 h du matin sans détenir les autorisations nécessaires. Selon le Télégramme, ce manquement était connu des services de la préfecture et de la mairie de Rennes.
- Mise en œuvre de limiteurs sonores permettant de respecter les limitations sonores réglementaires, et de l’ensemble des mesures de réduction annoncées.
- Pour rappel, une trentaine d’habitant·e·s de la route de Sainte-Foix tentent désespérément de se faire entendre par la municipalité afin qu’elle les aide à mettre un terme aux nuisances sonores répétées et régulières les soirs de concerts, ou lors de soirées privées.
Les associations Les Résidents de Sainte-Foix Prévalaye et La Nature en Ville ont déposé un recours gracieux. Selon ces dernières, « l’octroi de ce permis de construire est irrégulière pour des vices de forme (incomplétude du dossier notamment) et de fond. »
PR*, comme Permis de Rencontre.
En début d’année, l’adjoint à la culture Benoit Careil qui a repris cet épineux dossier (après Madame Frisque, messieurs Chapelon, et Morel), annonçait dans un mail daté du 17 janvier, « le souhait de la Ville de mettre en place le plus rapidement possible un temps d’échange entre l’Association des Résidents de Sainte-Foix Prévalaye, le CPPC et la Ville de Rennes. » Malgré des relances, et appels du pied, rien n’était encore envisagé encore fin mars. Il faut dire que la passe d’armes lors du Conseil municipal du 23 janvier dernier entre une riveraine, et l’élu écologiste n’a sans doute pas aidé à renouer rapidement le dialogue. Mais à qui la faute ?
Alors que la 26e édition de Mythos (géré aussi par le CPPC, NDLR) vient tout juste de s’achever, cela bouge enfin. Selon nos infos, cette rencontre aura lieu rapidement. Notre mauvais esprit nous fait dire que la coïncidence est heureuse ! Planifier une entrevue à présent permet d’éviter qu’un bad buzz autour du MeM et de la gestion du CPPC vienne entacher, par ricochet, la réputation du festival des arts de la parole.
PN*, comme Permis de Nuisance
Et de la mauvaise publicité, il y aurait pu en avoir ! Le rapport de bruit réalisé par le SSE (Service Santé Environnement de la Ville de Rennes, NDLR) pendant le concert électrique de l’artiste Izia a enfin été publié. Les résultats sont sans appel. « Sur la période nocturne, le concert a généré des émergences dépassant le maximum admis sur toutes les bandes d’octaves. » Ils remettent en cause une nouvelle fois les réglages des limiteurs, et confirment les résultats désastreux du premier rapport opéré en juin dernier, au cours d’une soirée du Big Love Festival.
Après deux commissions de conciliation qui n’ont donné aucune satisfaction, les riverain·e·s sont à bout. « La Mairie n’utilise aucunement son devoir de Police et ne nous protège aucunement. » Iels exigent la nomination d’un expert indépendant lié aux tribunaux afin d’effectuer une étude d’impact sonore en bonne et due forme. « Nous refusons que de l’argent publique continue à être gaspillé pour des relevés sonores qui ne visent qu’à gagner du temps. », précisent-iels.
Ce n’est pas un secret, la ville et le CPPC ont des intérêts commun. Une structure comme le MeM vise, selon le communiqué de presse de la ville, à « répondre à la demande très forte des habitants, exprimée lors de la concertation Rennes 2030, de disposer de lieux culturels d’animation au bord de l’eau. » Notre mauvais esprit nous fait dire que c’est tout bénéf’. Plus la fête s’organise à l’extérieur du centre-ville, plus celui-ci devient attractif pour un certain type de population urbaine exigeante en terme de tranquillité (pour le dire vite, hein, NDLR).
PR*, comme Permis de Raser
Le Magic Mirror va donc déménager. Un jour. Plus précisément, c’est un nouveau chapiteau qui va se construire plus à l’ouest, à environ 150 mètres du site actuel sur les parkings de la Piverdière qui sont déjà imperméabilisés.. Les premières habitations les plus proches seront alors espacées de 250 mètres.
Pour ce faire, des alignements d’arbres historiquement plantés, et des continuités végétales devront etre détruites. La réunion du Comité de Gestion de La Prévalaye d’avril 2022 évoquait le nombre de 23 arbres abattus. Le document des Annexes obligatoires – Projet d’aménagement du futur MEM (CERFA 14734) disponible sur la plateforme des données territoriales en Bretagne montre un aperçu du futur projet. Il indique noir sur blanc la destruction de 3000 m2 d’espaces végétalisés. Ce n’est plus exactement la même échelle pour le coup. (Une compensation sera effectuée avec la plantation d’essences locales dans les espaces limitrophes du site, NDLR).
Depuis plusieurs années, la Prévalaye, zone naturelle d’intérêt écologique, est un secteur menacé par des aménagements urbains dans le cadre de plusieurs projets touristiques ou récréatifs : Vallée de Vilaine, extension du centre d’entraînement du Stade Rennais, bétonnisation, installation temporaire d’un cirque sur glace…
Pour conclure, l’objectif est clair : la pérennisation de l’activité culturelle et de loisirs sur le site de la Piverdière.
« Qui MeM me suive », le nouveau slogan de la municipalité rennaise ?
L’actuel MEM est positionné sur une parcelle Ne (naturel environnemental). Cela veut dire que TOUTE construction est interdite, sauf temporaire de moins de 3 mois. Le PC mis en oeuvre est dit précaire, mais la loi, décret et questions parlementaires sont clair sur ce type de PC : la prolongation de ce délai (qui était fixé au 31/12/2022) n’est autorisé que pour les aménagements d’énergie renouvelable. Aussi, le nouveau permis de construire est illégal, sauf à avoir démonté, enlevé tous les aménagements, remis en état le site (donc avoir aussi enlevé les remblaiements de la zone inondable), puis d’avoir eu un nouveau permis de construire, et de remonter les aménagements… Mais encore une fois, c’est la ville qui répond du respect de loi sur l’urbanisme (et aux recours déposés)
J’ai une idée géniale !!!!
Il faut déplacer le MEM à 150 mètres de l’habitation de Mme La Maire pour qu’elle profite pleinement de la musique la nuit jusqu’à 3 heures du matin………