La vaillante et aventureuse association rennaise InterZones organisait vendredi 28 septembre 2012 au bar La Bascule un prometteur match Rouen-Rennes-Nantes. Si nous étions bien trop ravis pour avoir envie de compter les points à la fin de la partie, on peut au moins dire qu’en solo, duo ou trio, on aura vu et entendu du beau jeu.
La soirée s’ouvre sur une double bonne surprise. D’abord malgré un retard conséquent, nous rentrons tout de même à temps pour assister au concert inaugural de Seal of quality. Ensuite si cet étonnant projet solo d’un rouennais ne nous avait pas vraiment emballé à l’écoute, il prend une forme beaucoup plus aguichante en live. Lançant des boucles jouées par une triplette de GameBoy d’origine, le gars se démène avec une belle intensité, que ce soit à la guitare ou sur un clavier qui doit avoir du vécu, au vu de l’état de certaines de ses touches. L’aspect rythmiques suraiguës et nappes synthétiques ondulantes passe à l’arrière plan derrière de sympathiques braillements vocoderisés et des riffs n’hésitant pas à piocher dans un réjouissant registre métal. Les morceaux sont courts, intenses et s’enchainent à la vitesse de la lumière. Il prend tout de même le temps de placer quelques vannes timides, mais montrant une jolie envie de partager son plaisir avec le public. Un set partageur, acidulé et tonifiant qui constitue exactement le coup de fouet dont on avait besoin pour sortir de notre torpeur de début de week-end.
Ça enchaine vite parce que la soirée accuse déjà un sérieux retard. On vous l’avait annoncé : Mein Sohn William est maintenant deux. Antoine Bellanger (alias Gratuit et que l’on retrouvait déjà sur l’album) a rejoint sur scène Dorian Taburet. On retrouve le duo fermement campé derrière leur synthés respectifs. Dès les premières notes de Our Naked president , on saisit que la donne scénique a largement changé. L’énergie atomique de Taburet est bien toujours là, mais canalisée par une complicité qui fait plaisir à voir. On va aussi progressivement saisir que la frénésie virevoltante du gars sur scène nous avait partiellement éclipsé les qualités de compositeur du bonhomme. A deux, les morceaux s’étirent et se font plus fluides. Les ruptures de rythme sont moins spectaculaires. Il se dégage une énergie plus rock, plus directe qui séduira à la fois les connaisseurs et la majorité du public venue plutôt pour le félin sur feuille. Une nouvelle orientation diablement convaincante donc, et une belle démonstration que le fiston William tient des putains de bonnes chansons et suffisamment de talent pour les tordre au gré de ses fantaisies avec un bonheur égal.
Dans une implacable logique arithmétique, après 1 et 2 vient 3. Le très attendu trio nantais, Papier Tigre entre donc en piste. Quelques fans jouent plus ou moins civilement des coudes pour se placer au plus près de la déflagration. Leurs deux albums font partie des disques qui ne prennent pas la poussière dans nos discothèques. On avait été très impressionné par leur prestation dans le projet la colonie de vacances. Nous étions donc plus qu’impatients de savourer le groupe seul aux commandes.
Visiblement au courant des températures extrêmes que peut atteindre la Bascule en cas de corrélation public nombreux/concert de feu, les nantais ont opté pour une tenue oscillant entre le casual friday et les groupes hardcore 90’S. Ils ne font pas dans la demi-mesure et attaquent bille en tête sur Home truth dont l’imparable refrain s’est cramponné à notre cortex depuis la première écoute. On sent d’emblée qu’on va se régaler et la suite n’est que du bonheur. La voix d’Eric Pasquereau est aussi fascinante d’intensité en live que sur disque. Les deux guitares forment une machine délicieusement infernale. Arthur de la Grandière, le second gratteux, a d’ailleurs non seulement la moustache classieuse mais il se paye le luxe de faire des hammers tout en martelant frénétiquement un tom avec une nonchalance frisant l’insolence. Enfin, Pierre-Antoine Parois illustre parfaitement le célèbre adage : «Méfiez-vous d’un batteur en mini short» et démontre que vitesse, précision et puissance sont loin d’être incompatibles derrière les fûts. Les gars naviguent avec classe et énergie entre les compos de leurs deux galettes. Le tempo ne faiblit pas un instant avec en point d’orgue l’enchainement renversant des titres d’ouverture des deux disques : I’m someone who dies / Restless Empire. Le Tigre est peut être de papier mais sur scène ses rugissements sont redoutables. On s’y attendait un peu mais le plaisir n’en a pas été moindre.
Un seul regret : vu le retard pris sur l’horaire, les gusses seront obligés de terminer le set un peu brusquement alors qu’on les sentait bien partis pour nous resservir du rab.
Ça reste la limite d’un lieu comme la Bascule. N’empêche qu’il en reste si peu sur Rennes qu’on est près à ravaler notre frustration pour que la magie de cet endroit dure encore un maximum de temps.
N’oubliez pas qu’Interzones vous propose une deuxième soirée de concerts le dimanche 30 septembre à 20h avec L’Ocelle Mare et Radikal Satan (toujours à la Bascule).
PAPIER TIGRE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
ce groupe me donne carrément envie de me balader en short !
Fais attention quand même, le fond de l’air est frais. 😉
Arfff!
Mon cher Mr.B. tu me fais regretter de ne pas y être allé…