Interview de Jesus Christ Fashion Barbe, @ l’Ubu le jeudi 17 novembre

Photos : Solène

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La Tournée des Trans passe par Rennes ce jeudi 17 novembre à l’Ubu. L’occasion pour le public de curieux d’apprécier des groupes en devenir. A l’affiche de cette belle soirée, nous aurons le plaisir de découvrir le rock teinté de soul des Spadassins et le mélange de rap et de chant soul des BackPack Jax. Mais l’autre formation présente ce jeudi ne nous est pas inconnue : il s’agit du trio caennais Jesus Christ Fashion Barbe, que nous avions découvert lors de leur victoire aux Jeunes Charrues (lire l’interview ici).

Nous avons eu l’occasion de les revoir lors de la rencontre-concert au début de ce mois de novembre à Janzé. Organisée par l’ATM, en partenariat avec l’Ecole Intercommunale de Musique du Pays de la Roche aux Fées, cette belle initiative s’inscrivait dans le cadre du projet Kaléidoscope (voir notre article ici).

Lors d’une rencontre très informelle, le trio a tout d’abord échangé sur son vécu avec le public présent, et notamment avec les jeunes membres du groupe local Oxford Circus qui assurait leur première partie à Janzé. L’occasion de donner quelques précieuses informations concernant les différents métiers qui gravitent autour d’un groupe (tourneur, ingé-son…), et quelques conseils pour démarcher et faire connaître sa musique.
Pendant le concert d’Oxford Circus, nous avons pu questionner les trois membres de Jesus Christ Fashion Barbe, pour en savoir plus sur leur nouvel EP, mis en écoute sur Soundcloud
quelques jours auparavant.

L’écoute de cet EP nous a confirmé tout le bien que l’on pensait de ce groupe découvert mi-juillet. Un excellent opus, du début à la fin, qui alterne judicieusement petites ritournelles tubesques et morceaux plus exigeants. Et la transposition scénique est tout aussi réjouissante : le trio a perfectionné son set avec des transitions très fluides. Et le savant mélange de pop, de folk et de rock prend une dimension particulière sur scène, avec les évènements sonores de tout genre qui enrichissent les compositions soignées du groupe.
On ne serait pas surpris de voir les Jesus Christ Fashion Barbe devenir l’une des révélations de ces Transmusicales 2011…

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Avant d’avoir le plaisir de les (re)voir à l’Ubu ce jeudi 17 novembre, retour sur cette rencontre avec le guitariste-chanteur Nicolas M., le batteur Charles-Antoine et le bassiste Nicolas L., des musiciens humbles et passionnés. Interview.

On s’était rencontré sur le site des Vieilles Charrues, est-ce que la victoire aux Jeunes Charrues vous a offert de nouvelles possibilités, de nouveaux contacts, ou est-ce encore trop tôt pour le dire ?

Nicolas L. : C’est peut-être encore trop tôt pour le dire. En tout cas, par rapport à nos proches, aux gens qui nous suivent sur internet, c’est vrai qu’il y a eu un impact particulier. Les Vieilles Charrues ont un impact important auprès des gens. Pour le développement du groupe, ça n’a pas forcément donné quelque chose. Mais dans l’imaginaire des gens, c’est vraiment porteur.

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Concrètement, on n’a pas eu plus de concert grâce à ça. Ou alors indirectement, mais on ne le sais pas. En tout cas, on a une dynamique jusqu’à l’été prochain, avec le concert sur la prochaine scène qui est un vrai gain pour le coup. (ndlr : Jesus Christ Fashion Barbe ouvrira le prochain festival des Veilles Charrues sur la scène Kerouac).

Charles-Antoine : En terme de retombées, çe sera peut-être un peu plus significatif sur le premier semestre 2012, puisque toutes les programmations du deuxième semestre 2011 ont été bouclées en juillet 2011, avant le résultat des Jeunes Charrues. C’est difficile à vérifier pour l’instant.
Mais c’est vrai qu’au niveau du public, ça donne une autre gueule à la carte de visite, c’est étonnant !

Depuis les Jeunes Charrues, vous avez fait plusieurs concerts, les Rockomotives, le Point Ephémère avec Gablé, mais aussi des dates particulières, notamment à la Maison d’Arrêt de Caen. Ca ne s’est pas limité à un concert puisqu’il y avait un atelier artistique. Est-ce que vous pouvez nous parler de ce projet ?

Nicolas M. : Musique en Normandie nous a proposé de faire un atelier avec quelques détenus qui avait pour but de les distraire. On avait 5 détenus, le but étant de faire de la musique avec eux. Et ce qui nous semblait intéressant, c’est qu’ils puissent se changer les idées parce qu’ils sont quand même incarcérés dans des conditions difficiles. On a fait deux séances d’ateliers de deux heures, et on a fini par un concert de JCFB avec en première partie deux reprises avec eux. On a trouvé ça super intéressant, on l’avait déjà fait et je pense qu’on le refera.

Dans les projets à venir il y a la sortie de l’EP qui vient d’être mis en écoute sur soundcloud. Comment se sont passées les sessions d’enregistrement, c’était au studio Pickup à Caen ?

Nicolas L. : Non. On a la chance d’avoir un ingénieur-son, Christophe, qui nous suit dans tous nos concerts et qui a aussi du matériel : il est donc en mesure de nous enregistrer. On a demandé à un copain musicien, qui a une superbe maison, et on a enregistré chez lui avec le matériel de Christophe : deux semaines dans une maison de campagne où on était entre nous. Et ça s’est fait entre deux festivals : nous qui voulions une énergie live, on espère qu’on a réussi à la rendre sur le cd. Mais j’ai tendance à croire qu’on était un petit peu naze. Après coup, une petite semaine de battement entre les deux nous aurait peut-être fait du bien, nous aurait rendu un peu plus frais.

Charles-Antoine : Je ne suis pas d’accord. On était fatigué mais d’être dans l’énergie du live nous a vraiment aidé. On a commencé juste après le résultat des Jeunes Charrues, donc on était vraiment heureux.

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Nicolas M. : il y avait une certaine forme de confiance d’avoir remporté les Jeunes Charrues. Ca donne envie d’aller plus loin. Il y avait une certaine sérénité : le fait que les gens apprécient ce qu’on fait, forcément on se laisse un peu plus aller dans nos idées. Et effectivement on a masterisé au Studio Pickup à Caen.

Sur l’EP, il y a des morceaux tubesques comme Pimp, qu’on adore. Il y a aussi le très riche In Bray, qui fourmille d’idées. Ou encore Casual Lake au tempo beaucoup plus lent. Les compositions sont très variées, comment composez-vous ? Vous composez tous les trois ? Ou bien c’est au niveau des arrangements que chacun amène sa patte ?

Nicolas M. : Je compose le tronc de la chanson chez moi, à la guitare acoustique. En répet’ je propose la chanson à Charly et à Nico, et ensemble on crée l’univers de la chanson et les arrangements. Et c’est aussi ce qui rend le morceau tel qu’il est. En gros je n’ai que la mélodie et les accords très basiques à la guitare. Et ensemble on crée une atmosphère qui nous correspond.
Chacun participe à l’élaboration de la chanson, même si j’amène la mélodie. Ce qui en ressort fait vraiment partie de chacun d’entre nous.

Charles-Antoine : On a la chance de proposer des choses qui plaisent très vite aux autres. C’est plutôt pratique !

Nicolas M. : on joue beaucoup en composant mais on ne se parle pas vraiment. Juste : « gardes ça, c’est bien !», et finalement ça va assez vite.

Nicolas L. : On a la chance de s’être connu avant dans une formation plus grosse, à cinq, où la composition n’était pas aussi simple. On fait la même chose, mais d’une manière un peu plus évidente, avec trois avis au lieu de cinq.

C’est ce qui vous a motivé à créer un groupe plus resséré ?

Nicolas M. : Oui. On voulait quelque chose de plus épuré, de plus simple, avec guitare-basse-batterie.

Il y a des petites touches élecro sur As Make Us Wilder, des claviers sur The Meaning. Ces ajouts au trio guitare-basse-batterie se font en fonction du titre ou bien c’est quelque chose que vous avez envie de creuser un peu plus ?

Nicolas M. : Tu dis électro, mais il y a juste une boîte à rythmes et un synthé. Il y a plein de groupes de rock qui utilisent un synthé maintenant. Il y a des petites touches électroniques, pas vraiment de l’électro.

Charles-Antoine : Les deux Nicolas ont à disposition un clavier chacun, qui leur donnent la possibilité d’essayer des choses au clavier. Nicolas le chanteur a aussi une pédale de boucles sur laquelle il peut sampler des petites choses. Ce n’est pas une direction qu’on veut prendre, juste des possibilités supplémentaires.

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Nicolas M. : On n’a pas décidé de faire une chanson avec un synthé ou une boîte à rythmes : on a pris ce qu’on avait chez nous. On a fonctionné de la même manière pendant l’enregistrement : dans la maison du copain musicien, il y avait pas mal d’instruments. Il y avait un banjo et on en a joué sur deux titres du cd. On prend ce qu’on a sous la main, et s’il y a un son qui peut nous intéresser, on le garde. On aurait un accordéon, ou une cornemuse… eh bien on n’en ferait pas ! (rires)

Dans certains morceaux, il y a une pause sonore au milieu, comme pour permettre d’envoyer encore plus derrière. Est-ce que vous pensez au rendu sur scène quand vous composez comme ça ?

Nicolas M. : On aime bien les chansons saccadées, qui se terminent et qui repartent sur quelque chose de plus libéré, plus joyeux. C’est le côté un peu plus flatteur. Peut-être que les accords sont un peu répétitifs. Ca donne aussi cette façon de composer : faire retomber le morceau pour avoir une vraie chanson, et ne pas s’arrêter au bout d’une minute trente !
C’est aussi un style de composition. Les chansons qui sont sur le cd ont été réalisées en un an, c’est assez cohérent. C’est une bonne façon de redynamiser le morceau.

Charles-Antoine : Au départ, les chansons sont composées pour être jouées en concert. Il faut ensuite réussir à les retranscrire sur l’enregistrement. On est plutôt content de l’effet rendu en live, et pendant l’enregistrement, on essaie de trouver le truc, mais ce n’est pas toujours facile. Sur The Meaning, c’était un peu plus difficile. Sur In Bray par exemple, c’était plus naturel.

Nicolas L. : Quand on compose, on pense avant tout à ce que ça va rendre sur scène.

Sur In Bray (Nicolas M. me coupe)

Nicolas M. : In Bray (sans accent). On ne devrait pas le dire… (rires) C’est le village dans lequel on a enregistré. On n’avait pas de titre pour cette chanson. « On est où ? A Bray, ben… In Bray ». Et on trouve ça drôle parce que les gens le prononcent à l’anglaise !

Sur In Bray, la structure est beaucoup moins linéaire, avec des passages dissonants : on trouve que ça fait le contrepied aux moments plus pop. C’est joué avec les trois instruments ?

Nicolas M. : C’était à la fin de l’enregistrement. On en a profité pour inviter nos copains lors d’une soirée, à crier, prendre les instruments qu’il y avait dans la maison, faire n’importe quoi !

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Nicolas L. : On avait envie de créer un petit bordel sur ce passage spécifique. C’était l’occasion de demander à nos copains qui étaient présents ce soir-là de faire du bruit. Il y a des filles qui jouent de la batterie, des gens qui crient, qui jettent des cymbales par terre. Il y a même une cocotte-minute qui a été jetée !

Le moment est vraiment réussi, il s’intègre parfaitement au morceau.

Charles-Antoine : Le but du disque, c’est aussi d’avoir la possibilité d’enrichir les titres. J’aime bien la démarche de Nicolas en studio : d’aller chercher des éléments qui l’entourent, et de tenter des choses sans connaître le résultat. Au final, c’est plutôt réussi.
La plupart des morceaux s’articulent autour du trio guitare-basse-batterie. Donc ça fonctionne en live, et toutes les petites ambiances qu’on ne peut pas rejouer en concert sont compensées grâce à l’énergie.

Sur Toaster, il y a une résonance particulière, les instruments et la voix ont un son plus ample. Comment s’est passé l’enregistrement de ce titre ?

Nicolas L. : On est un trio, mais on a la chance de travailler avec Christophe, notre ingé-son. On a la chance de bosser à quatre. Quand on enregistre, le nez dans nos chansons, Christophe nous propose des trucs parce qu’il a un peu plus de recul sur les titres : « j’aimerais bien voir cette chanson un peu plus aérée, on va essayer de mettre une voix dans chaque enceinte, de mettre de la réverb’… ». C’est vraiment un travail à huit mains. Au mixage, on décide de prendre une direction, et c’est le travail du quatrième membre.

Nicolas M. : C’est un peu différent pour Toaster, parce que c’est la seule chanson que j’avais composée avant Jesus Christ Fashion Barbe, tout seul, avec des tonnes de synthés, des tonnes de voix, des tonnes de guitares ! C’est une chanson qu’on a voulu reprendre avec le groupe. On a eu du mal, mais on est satisfait du résultat.
Cette chanson est un peu plus décalée : il y a l’effet de la voix, mais aussi la simplicité du morceau. C’est la chanson la plus courte de l’album, elle est un peu plus évidente aussi. Il y a trois passages différents avec les mêmes accords. Peut-être la plus accessible.

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Au niveau du support, qu’envisagez-vous ? Cd, vinyle, plateforme de téléchargement ?

Charles-Antoine : Pour l’instant, on est parti sur le cd, qu’on va recevoir dans 2 jours, et sur les plateformes de téléchargement.

On trouve que la photo qui figurera sur la pochette est très réussie. Qui l’a réalisée et que symbolise t’elle ?

Nicolas M. : C’est un artichaud, vous ne l’avez pas vu ? (rires) J’en ai rêvé la nuit ! J’avais un artichaut qui commençait à fleurir chez moi. Dans mon rêve, j’avais l’image d’une main qui tenait un artichaud, ne me demandez pas pourquoi ! Je me suis réveillé et j’ai pris la photo. J’ai aussi photographié du basilic pourri. Puis je suis allé directement sur Gimp et j’ai essayé de fusionner les deux. Et tu avais vu quoi ? (rires)

J’avais vu une sorte de collier, voire plusieurs colliers tout autour d’une forme.

Charles-Antoine : C’est le basilic pourri !

(puis une passionnante discussion sur la beauté de l’artichaud fleuri, que nous gardons jalousement…)

Nicolas M. : Désolé, ça casse un peu le truc ?

Non, parce que l’artwork est vraiment réussi !

Nicolas M. : On a demandé à pas mal de gens mais le plus cohérent était de le faire nous même.

Nicolas L. : C’est compliqué de demander aux gens de faire quelque chose sans leur donner d’indications précises. On était un peu dans le flou.

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Dans une interview, à la question, si vous étiez une salle de concert, Charles-Antoine avait répondu l’Ubu. Ca tombe bien, vous allez y jouer deux fois en deux semaines. Quel est votre sentiment à l’idée de jouer aux Transmusicales ?

Nicolas L. : Il y a 20 ans, Nirvana jouaient aux Transmusicales. J’ai un cd pirate d’une chanson de ce concert ! Ils venaient de sortir Nevermind au mois de septembre, ça a commencé à exploser aux Etats-Unis, mais ils avaient calé la date depuis plusieurs mois. Ils avaient 10 000 francs de cachet et ils n’ont pas réclamé plus.

A part ça, pour un groupe qui a envie de progresser, de faire de plus en plus de concerts, de voyager, passer par les Transmusicales c’est exceptionnel. C’est le festival français qui peut nous apporter une image positive. On va certainement rencontrer des gens et puis on va passer après Nirvana ! (rires)

Charles-Antoine : en terme de programmation, d’exigence musicale, c’est quand même le premier festival en France. C’est un honneur de jouer là-bas, ça veut dire que notre musique est reconnue : c’est vraiment flatteur. C’est aussi un festival qui brasse beaucoup de professionnels, c’est l’occasion de se faire connaître et d’essayer d’avoir pas mal de concerts pour 2012.

Merci beaucoup !

Merci à vous !

L’excellent EP de Jesus Christ Fashion Barbe est en écoute ici !

La Tournée des Trans à l’Ubu, jeudi 17 novembre, 20h, et c’est gratuit !

Avec Jesus Christ Fashion Barbe (Caen), Les Spadassins (Rennes) et BackPack Jax (Nantes).

Site de l’Ubu

1 commentaire sur “Interview de Jesus Christ Fashion Barbe, @ l’Ubu le jeudi 17 novembre

  1. Rosette Lars

    Me voilà terriblement éffarée.J’ai découvert ce clip vidéo (notamment à partir de la 2eme) : http://www.dailymotion.com/video/xpgwm9_nutelle-moi-une-derniere-fois-les-rois-de-la-suede_musik . Quelle honte !?! Pourquoi donc rabaisser notre Jésus de la sorte ? Que faire ?

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