Genre et accessibilité : les toilettes publiques, miroir des inégalités

Alice, étudiante de l’EUR CAPS (Approches Créatives dans l’Espace Public) enquête sur les inégalités de genre dans l’accès et l’utilisation des toilettes publiques. Son mémoire cherche à déterminer si ces infrastructures sont équitables et comment leur conception influence nos propres comportements. Un questionnaire anonyme est proposé pour recueillir des données essentielles à cette recherche.

©Alexandre Martin
©Alexandre Martin

Depuis huit ans, Alice, résidente de Rennes, ne cesse d’explorer de nouveaux horizons. Titulaire d’une licence de géographie et d’un master en aménagement et collectivité territoriale obtenu en 2021, elle a effectué un stage prometteur au sein d’une coopérative d’urbanisme culturel implantée à Rennes et à Paris. Une aventure décisive pour elle. « Cette expérience m’a permis de rapprocher le champ culturel de ma pratique en urbanisme. J’ai adoré travailler sur des projets beaucoup plus contextualisés, notamment auprès d’artistes, nous confie-t-elle. Pourtant, ce n’était pas du tout ce à quoi je me destinais, car je prévoyais plutôt de travailler pour des collectivités ».

En début d’année, Alice a alors entamé un master 2 en approche créative dans l’espace public à l’École universitaire de recherche des Approches créatives de l’espace public (EUR CAPS) de Rennes 2. Cette formation prépare des professionnel·les capables d’accompagner, de concevoir, de réaliser et d’évaluer les interventions artistiques et sociales dans l’espace public. À travers la pratique et la recherche, elle incite à expérimenter diverses formes d’approches créatives, tout en questionnant les relations entre arts, politique, citoyenneté, espace et société. Pour postuler, il est nécessaire d’avoir mûrement réfléchi à un projet de recherche. Celui d’Alice est déjà bien défini : elle souhaite explorer la question du genre dans l’espace public, en se concentrant plus spécifiquement sur les toilettes publiques. « Après une discussion avec un ami transgenre sur l’utilisation des toilettes publiques, une réflexion sur ce sujet a commencé à germer en moi, raconte-t-elle. Il m’a confié ses difficultés et ses préoccupations, ce qui m’a profondément interpellée. J’ai alors commencé à en parler autour de moi, à interroger mon entourage, et j’ai réalisé à quel point cette question avait un impact réel et significatif. »

©Alexandre Martin
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Ah, les mésaventures aux toilettes publiques ! Chacun·e d’entre nous en a au moins une à raconter, qu’il s’agisse des fameuses sanisettes, des urinoirs, des pissotières ou encore des toilettes payantes dans les gares, sans oublier celles qui étaient tout simplement inexistantes lorsque nous en avions besoin. À Rennes, ce sujet revient régulièrement sur le devant de la scène à chaque édition du budget participatif, avec des dizaines de propositions visant à améliorer leur accès, témoignant ainsi d’une préoccupation majeure des habitant·es. Le confinement lié au Covid-19 a par ailleurs mis en lumière cette pénurie avec la fermeture des bistrots, derniers refuges sanitaires pour beaucoup d’entre nous.

Pour nourrir sa réflexion, Alice a ainsi lancé un questionnaire anonyme il y a quelques semaines afin de collecter des données et des réponses qu’elle n’a pas pu trouver dans ses recherches, notamment à travers les écrits de Juliette Jouan, autrice d’un mémoire sur les WC mixtes à Sciences Po Rennes et l’installation de toilettes non-genrées, afin de lutter contre certaines inégalités. « Les questions du questionnaire sont relativement simples pour dédramatiser un sujet qui peut être tabou pour certaines personnes. J’ai déjà reçu pas mal de réponses. C’est encourageant, se réjouit-elle. Tout le monde est concerné, car tout le monde doit pouvoir jouir de ces espaces du mieux possible, et ce n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui. »

Peut-être croiserez-vous Alice puisqu’elle n’hésite pas à aller vers les gens. En effet, elle organise régulièrement, lors d’événements spécifiques, des rendez-vous pour rencontrer directement les passantes et passants, s’installant dans un kiosque pour leur poser ses questions.

photos : ©Alexandre Martin

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