Pour la première fois de l’histoire électorale rennaise, une liste de gauche autre que socialiste aura la possibilité de se maintenir dimanche prochain, au second tour des élections municipales. « Changez la Ville », fruit d’un fusion entre Europe Ecologie – Les Verts (EELV) et le Front de Gauche, a en effet dépassé les 15% des suffrages exprimés. Nettement au-dessus de la barre des 10% nécessaires pour se qualifier.
Du coup, l’ambiance était clairement à la joie au QG de campagne, près de la place du bas des Lices. Les discours des deux co-têtes de liste, Mathieu Theurier (EELV) et Valérie Faucheux (Front de Gauche) ont été salués comme il se doit. Satisfaction en coulisses aussi, dans les discussions entre cadres, mais un peu plus contenue. D’abord parce que le score, certes historique, est plutôt dans la fourchette basse de ce qui était espéré. Ensuite parce qu’ils les laissent face à un choix délicat : maintenir leur liste et provoquer une triangulaire, à l’avantage de la droite ; ou tenter une fusion avec la liste de la majorité sortante, celle menée par la socialiste Nathalie Appéré.
Partager les postes clés
Evidemment, dans l’immédiat, silence radio. Tôt dans la soirée, les téléphones ont toutefois commencé à sonner. Les discussions vont se poursuivre ce lundi. Les différentes composantes de la liste « Changer la Ville » tiendront des assemblées générales dans la soirée, pour se prononcer sur la ligne à tenir. Le délai est très court : mardi soir, les listes pour le second tour devront être déposées.
Du côté d’EELV, le rapprochement est clairement une option. « C’est une grande première d’être en position de réorienter la politique menée par la majorité actuelle », estime Jean-Marie Goater, porte-parole de EELV, en 9e position sur la liste. Il y aura toutefois des conditions. « L’arrogance des sortants étant ce qu’elle est, je ne sais pas dans quel état d’esprit ils seront demain », poursuit l’ancien conseiller municipal. « Mais nous n’allons pas construire quelque chose avec trois strapontins. C’est sur la capacité de la majorité sortante à partager les postes clés que cela va se jouer : les transports, la communication, le logement, les finances… Il ne se passera rien si tous ces postes clés restent dans le giron de la majorité sortante. »
Cette posture, majoritaire au sein de la liste, ne fait toutefois pas l’unanimité. Notamment chez certains fidèles du Front de Gauche, qui se sont exprimés, hier soir à l’occasion d’un forum ouvert à tous, organisé à l’étage du QG de campagne. « Le parti socialiste n’est pas un parti de gauche » estime ainsi un jeune militant. « S’il y a fusion, dimanche prochain, je m’abstiens » promet une autre sympathisante. Au sein même de la liste « Changer la ville », les discussions promettent donc d’être complexes, et la synthèse difficile à trouver.