Article et interview : Bomber

Alter1fo vous propose de (re)découvrir la scène musicale rennaise à travers une chronique, hebdomadaire le plus souvent. Des talents émergent, d’autres confirment sur la scène locale. Certains les soutiennent, sortent leurs disques, d’autres leur proposent des lieux de concert, de répétition… Alter1fo donne un coup de projecteur à ces artistes, labels, lieux ou assos qui œuvrent d’arrache-pied pour que la scène locale existe. Permettre aux acteurs et aux publics de se rencontrer, donner la parole à ceux qui font la vie rennaise, tels sont nos buts avoués. Chaque semaine, vous retrouverez donc un ou plusieurs focus sur l’un de ces acteurs…

Rencontre avec Simba (M.C. et fondateur du label Fonkick Muzic). Il est l’un des rappeurs les plus à l’ancienne de la région et a su rester simple avec de vraies valeurs Hip-Hop en plus de son indépendance. Il revient avec nous sur sa façon de travailler, sur le projet du Panel Large, nous parle de ses clips réalisés par On the moon et de sa vision de l’évolution du mouvement Hip-Hop. Sans nous dévoiler beaucoup de noms, le Monsieur nous lâche pas mal d’infos croustillantes pour la suite de cette structure. Une interview à lire bien confortablement calé dans ses baskets avec pour fond sonore un bon vieux track Hip-Hop.

Peux-tu présenter la structure Fonkick ?

Fonkick Muzik Entrepriz est une petite structure de production musicale et vidéo basée sur Rennes et créée il y a maintenant un an.

Ce label te sert surtout à produire tes propres sons ou tes propres soirées. Penses-tu un jour étendre ton champ d’action en produisant d’autres artistes histoire de faire part de ton expérience ?

On ne sait pas de quoi demain est fait mais ouais, j’espère acquérir assez d’expérience dans la production pour pouvoir à l’avenir produire d’autres artistes. Rennes est une ville où le talent est présent à chaque coin de rue donc si je peux aider à faire bouger les choses, pourquoi pas. De toute façon, j’ai un œil sur ce qu’il se passe ici. J’ai déjà coché le nom de quelques Mc’s avec qui j’aimerais bien bosser donc voilà… Je pense avant tout à mes gars du Panel Large mais on n’en est pas là de toute façon pour le moment. Aujourd’hui j’apprends, je vois un peu comment ça fonctionne. Il y a tout ce côté administratif qu’on a tendance à zapper mais ça représente 80% de la réussite de ton projet. Le talent o.k c’est un fait mais sans le travail de fond derrière, c’est pratiquement l’échec assuré.

Tu gères tout toi même, soirées, albums, promotion. C’est une démarche purement hip-hop et très underground. Le mainstream ne t’intéresse pas ?

Disons que j’ai une vision du Hip Hop qui ne correspond pas forcément à ce que je vois ou entends sur les grandes ondes aujourd’hui. Après ça reste une question de choix. J’aime faire mes trucs tranquille sans avoir de compte à rendre à personne. Je suis un gars de la génération Public Enemy, Run DMC, Rap Line, Lionel D, Rap Attitude et tout ça… J’ai grandi avec D.J Premier, Pete Rock, Diamon D, Beatminers, etc… Donc bien sûr, artistiquement, je ne me reconnais pas dans ce qui se fait maintenant et ça se ressent dans ma musique, dans mon attitude vis à vis du business rap. Après, je suis pas là pour donner des leçons, je fais juste mes trucs comme je l’entends, si ça marche c’est cool, si ça ne marche pas, tant pis. Je ne suis pas dans leur compétition de toute façon…

Et Le Panel Large ça en est où ? On te voit souvent avec Doc Brrown à Rennes qui fait un buzz énorme sur la région mais peu avec Cris’f et Gold Mc de Paris… Problème de distance?
Oui et non. C’est sûr que ça ne simplifie pas les choses cette distance qui nous sépare mais ce n’est pas vraiment gênant. On essaye de se voir le plus souvent possible, on parle, on fait ce qu’on a à faire et quand le moment sera venu pour Le Panel Large de se réunir autour d’un projet, je reste persuadé que la distance ne sera plus un problème.

Pour le moment, en ce qui me concerne, je trouve plus simple de faire les scènes avec Doc Brrown et D.J Fresh pour défendre mon album. C’est ça mon actualité. Il y a une logique à respecter. Je sais que Cris F et Gold Mc bossent dur de leur côté et que c’est aussi un moyen de faire avancer la machine.

Justement, je trouve très intéressant le fait que chacun développe son truc de son côté pour ramener ensuite son expérience au sein du Panel Large. On a plus ou moins toujours bossé comme ça en fait. On sait tous les quatre quels sont nos objectifs et les moyens que l’on doit mettre en place pour y parvenir. Les gens autour de nous s’impatientent parce qu’ils savent que Le Panel Large c’est un truc de ouf sur scène… Donc on nous met la pression pour balancer quelque chose mais nous, on sait où on va et on sait surtout qu’il ne faut jamais confondre vitesse et précipitation. Franchement, je pense pouvoir parler au nom du groupe en disant qu’on ne veut surtout pas décevoir les gens qui nous soutiennent. On sait qu’on nous attend au tournant donc pas de souci, on sera prêt le jour J, ça c’est clair !!! Mais pour le moment, le mot d’ordre est discrétion et boulot.

Tes projets avec Fonkick Muzic pour la fin de l’année et autres projets parallèles?

Mon nouveau clip « Élévation » vient juste d’arriver sur le net donc là, on est en train de gérer avec certaines chaînes télé pour le faire rentrer dans leurs programmes.

Je bosse en parallèle sur un maxi qui devrait voir le jour courant 2011 et qui devrait déboucher sur un nouvel album pour la fin 2011, voire début 2012.

Entre temps, il y a la mixtape de Doc Brrown qui devrait sortir. Gold Mc bosse aussi sur son projet solo et il y a toute une réflexion autour du concept Panel Large. Bien sûr, en 2011 il y aura pas mal de dates pour le projet N°5 et pour le Groove Control. En plus de featurings par ci par là, j’ai au moins deux autres morceaux de l’album à clipper. Donc voilà, ça fait du taf mais c’est pour ça que je fais de la musique.

SIMBA feat. DOC BRROWN – clip officiel « Elévation »
envoyé par onthemoon. – Regardez la dernière sélection musicale.

Vu que tu es un old timer du hip-hop français peux-tu nous dire comment tu as vécu l’évolution de ce milieu depuis une bonne quinzaine d’années maintenant?

Le Hip Hop Français est devenu ce qu’on dénonçait il y a 15 ans. Mais c’est un peu à l’image de l’évolution de la société. L’argent pourrit les gens, chantait NTM à l’époque et aujourd’hui on en a plus que le sentiment. Mais c’est comme ça, on a beau rester nostalgique d’une époque, il faut se rendre à l’évidence, les choses bougent, les mentalités changent et le monde évolue. Le rap à été récupéré par des diplômés en commerce et en économie. Ils l’ont fait dévier de sa trajectoire et je pense que certains artistes, à un moment donné, n’ont pas fait ce qu’ils devaient faire pour que notre musique reste pure et vraie. Maintenant, ça gratte de partout mais bon… C’est comme ça.

De toute façon, je n’écoute plus la radio depuis longtemps, la télé je ne t’en parle même pas, donc voilà…

Les collaborations que tu aimerais faire?

Au niveau des collaborations, j’aimerais élargir mon univers musical sur mon prochain album en bossant avec des artistes qui ne viennent pas forcement du milieu Hip Hop. Même si le rap a des codes qu’il faut respecter, la musique est un art qui est en évolution constante. Je ne vais pas te balancer de noms comme ça, ça sert à rien mais ouais, y’a quelque chose à faire c’est sûr.

On t’a vu dans le collectif Groove Control. Que t’a apporté cette expérience vraiment basée sur le partage, les valeurs et l’essence même du hip-hop?

Pas mal de choses pour dire vrai. Les méthodes de travail ne sont pas les mêmes que celles utilisées pour mes scènes en solo. Ça demande plus de discipline, de coordination. Même si je ne suis pas le plus opérationnel quand il s agit de respecter les horaires, ça m’oblige quand même à faire les efforts pour les autres. Attention, je ne suis pas en train de dire que c’est la fête autrement mais là, on est plus dans une création scénique, dans un show et c’est ça qui est intéressant. Et puis ça reste super Hip Hop. De la danse, du d.jing, du beatbox et du rap, tout ça concentré en une heure de show, c’est tout simplement énorme. C’est une énergie complètement différente, un travail de groupe. Évidemment, là aussi j’apprends et ça me sert ensuite à perfectionner mes prestations scéniques en solo.

Un coup de gueule?

N…. Skyrock !

Ta Punchline préférée?

« Tu crois parler dans mon dos négro, non tu te trompes

Je suis trop haut, de moi tu ne connais que la marque de mes pompes »

Le mot de la fin?

Un grand merci à tous ceux qui me soutiennent, qui achètent mes albums et font vivre ma musique. Le vrai Hip Hop n’est pas mort donc restez à l’écoute. Gros big up à mes négros du Panel Large, à mon équipe du Groove Control bien sûr et à tous les activistes, résistants du mouvement Hip Hop

Retrouvez toutes nos interviews-focus sur la scène rennaise ici

(Santa Cruz, La Terre Tremble !!!, Lady Jane, Fago.Sepia, Band of Ghosts, le pôle musiques actuelles du CRIJB, Manceau, Nola’s noise, Wesson Maespro, Get Flavor Records, Idwet, les Disques Normal, Mekah, Dj Netik, La Corda, Eat your toys, Théo Gravil, Simba, Shtok, Spash Wave, Monkey & Bear, Mess Zero, Regïs Boulard, Le Bocal, We only said, Deejay Ober, Makassy, Skap’1, I&A, The Last Morning Soundtrack, Alee, Garbo, Russian Sextoys, Ladylike Lily, Missing Girl, Zaïba…)

________________________________

Myspace de Simba : http://www.myspace.com/simba35