Alter1fo vous propose de (re)découvrir la scène musicale rennaise à travers une chronique, hebdomadaire le plus souvent. Des talents émergent, d’autres confirment sur la scène locale. Certains les soutiennent, sortent leurs disques, d’autres leur proposent des lieux de concert, de répétition… Alter1fo donne un coup de projecteur à ces artistes, labels, lieux ou assos qui oeuvrent d’arrache-pied pour que la scène locale existe. Permettre aux acteurs et aux publics de se rencontrer, donner la parole à ceux qui font la vie rennaise, tels sont nos buts avoués. Chaque semaine, vous retrouverez donc un ou plusieurs focus sur l’un de ces acteurs…
Pendant quelques années, Nola a composé et chanté au sein du trio Nola’s Noise, un groupe de folk-punk à l’univers singulier (retrouvez l’interview de Nola’s Noise ici). Depuis quelques mois, Nola navigue en solo avec Nola#, et propose ses nouvelles compositions depuis plusieurs semaines sur différentes scènes rennaises (l’Artiste Assoiffé, le Café-Laverie,…). Mi-février, une dernière occasion nous était donné de la découvrir avant une pause destinée à paufiner ses titres en vue de les enregistrer. C’était au Gazoline, et les spectateurs ayant bravé le froid glacial ont pu profiter de plus d’une heure de concert, entre chanson, soul et folk. Nola# s’accompagne d’une guitare classique, mais aussi d’un petit clavier. Des mélodies épurées qui vous accrochent l’oreille, une voix altière ou grave, puissante ou douce, pour un set faisant la part belle à l’émotion. On espère que ce nouveau projet Nola# prendra forme sur disque. En attendant, voici l’interview que Nola# nous a gentiment accordée après son set.
Alter1fo : Comment es-tu venue à la musique ?
Nola# : C’est la musique qui est venue à moi. Je suis prof de français pour les étrangers : quand j’étais en Master 2 de Français, linguistique et didactique des langues, français langue étrangère, on faisait des reprises de Ludovic Normand avec une amie. Je n’avais jamais entendu ce mec chanter, elle les chantait pour moi et je les avais apprises. Un jour, elle me fait écouter le disque : « mais pourquoi il n’est pas connu, c’est génial ce qu’il fait ! » Quand tu l’entends, c’est différent que lorsque quelqu’un d’autre te le chante. Elle me répond, c’est un pote, je te le présente. Je le vois le lendemain, et le surlendemain, il m’appelle en me disant : ça te dirait de faire un duo avec tes chansons ? Et en fait, c’est le leader de la Tripote, enfin anciennement La Tripote, avec qui j’ai monté Nola’s Noise.
On a commencé Nola’s Noise 4 mois plus tard. Deux mois après le début des répets, on a commencé à faire des concerts. On avait beaucoup de reprises au début, et au fur et à mesure, ça s’est étoffé. En 15 jours on avait un quatre titres. Un an plus tard, on a enregistré une dizaine de titres en studio avec le percussionniste, et c’est ce qu’on a filé à Jean-Louis Brossard quand on est passé aux Trans. C’est allé très vite. Je n’avais jamais eu de groupe avant. Je n’ai pas de formation musicale, je ne sais pas lire la musique, je n’ai jamais appris d’un instrument.
Qu’est ce qui t’a incitée à te lancer sur un projet solo ?
Ca vient souvent des propositions des gens. On m’a proposé de jouer en Finlande : « oui, mais j’y vais toute seule ». C’était il y a deux ans, j’étais avec Nola’s Noise. Je jouais encore plus mal de la guitare, mais j’y suis quand même allée. C’était un café-concert assez réputé dans la partie suédophone de la Finlande , il y a avait plein de monde. J’ai joué là-bas et j’ai eu mon petit succès. C’était marrant, car dans une interview que j’ai donnée là-bas, ils disaient que j’étais latine parce que je faisais beaucoup de gestes.
Depuis toute petite, je chante tout le temps, je passe mon temps à chanter.
Tu n’as pas pris de cours de chant ?
Ah si, quand on a fait le Chantier des Franco pendant 5 jours, on avait des cours de chant. J’ai dû faire 4, 5 heures de cours de chant.
Est-ce que tu continues en parallèle Nola’s Noise ?
Non, c’est fini. Ce n’est pas du tout le même projet, c’était vraiment beaucoup trop d’énergie vers les autres. Là c’est une énergie plus centrée vers moi. C’est plus calme, c’est la trentaine (rires).
Les titres que tu as joué ce soir sont uniquement issus de la version solo, à part les deux reprises ?
Ca veut dire que tu as déjà une vingtaine de titres qui sont prêts ? On a écouté trois enregistrements sur Zikcard, tu envisages d’enregistrer les autres titres ?
En fait, les enregistrements sur Zikcard sont des enregistrements live : c’est crassous, on m’entend prendre la guitare, on entend les gens derrière. Normalement j’enregistre mes concerts pour avoir du matériel. Ce n’est pas du tout la même énergie, c’est en projet de m’enregistrer, mais je ne suis pas encore assez bonne techniquement.
J’ai relancé ce projet depuis novembre seulement : j’ai fait quelques concerts, une mini-tournée rennaise ! C’est bien parce qu’il y a les copains qui viennent et qui te disent des choses. Et puis aussi les gens qui connaissaient Nola’s Noise. Et puis ça me permet maintenant de prendre un bon mois pour savoir ce qu’il y a à bosser, et là, ça va être guitare à fond ! Recadrer les objectifs, et la priorité, c’est de faire de la guitare. Pour pouvoir faire autre chose que mes deux accords (rires).
Je suis aussi sur une création de spectacle pour enfants. Un premier spectacle est prévu le 18 au 48. Ça fait deux mois et demi qu’on crée avec une amie, en dilettante ! (rires) Et la représentation suivante aura lieu le 28 mars à 16h30, à la Vie Enchantiée.
Ce sont des contes, on introduit de la musique et on fait chanter les enfants. C’est vraiment pour les petits, 2-5 ans.
Comment composes-tu ? Tu pars de la guitare, des claviers, du chant ?
Ça vient comme ça : la voix et les paroles viennent d’abord. Souvent quand je suis sur mon vélo, j’ai des airs qui viennent, puisque je chante tout le temps. « Ah c’est bien cet air, c’est de qui ? Ah c’est de moi ! » (rires). Ça vient vraiment du chant, et ça fait une rythmique avec le pédalier de mon vélo !
Il faut que tu évites les côtes !
Oui, surtout avec mon vélo hollandais ! (rires)
Plutôt que te poser la question des influences, je vais te demander de me citer trois albums sans lesquels tu ne pourrais pas vivre ?
Je ne pourrai pas te donner d’album, on m’a piqué tous mes disques il y a trois ans, et depuis je fais un blocage sur les cd. Brassens, « Avec l’Orage », Dick Annegarn et Ella Fitzgerald. Et Brel ! 4 c’est mon chiffre porte-bonheur !
Comment est venue l’utilisation des boucles de voix ?
On a gagné des bons d’achat au Tremplin Label Mozaïc, je voulais bosser avec la loop. Mais les mecs ne voulaient pas que j’introduise la loop avec Nola’s Noise. Donc je ne l’ai pas touchée pendant un an. Je m’y suis mise il y a un an seulement. J’ai été aux Pays-Bas pendant 4 mois, je bossais là-bas comme prof de FLE à l’Agence Française. Je venais de me faire piquer mon ordi sur lequel je faisais mon montage radio. Je faisais de la radio sur Canal B, et je n’avais plus de montage radio. J’ai ramené mon enregistreur, et j’avais aussi tout mon matos : j’ai bossé à fond pendant 4 mois : je me suis cocoonée toute seule pendant tout l’hiver dernier, et là j’ai beaucoup créé. Je faisais 8 kms pour aller au taf, et 25 pour revenir parce que je me perdais tout le temps, j’avais le temps d’inventer des chansons (rires).
Donc pas d’enregistrements prévus ?
Non, il faut vraiment que je bosse. Il faut vraiment que ce soit crédible pour prétendre à quelque chose. On a fait 150 scènes avec Nola’s Noise, et là, je n’ai fait qu’une dizaine de scènes en dehors de Nola’s Noise. Vu le niveau d’exigence qu’on avait avec Nola’s Noise, je ne peux pas me permettre de faire quelque chose de bancal. Si tu fais les choses, autant les faire le mieux possible. Et je peux mieux !
Tu as d’autres dates de prévues ?
Non, j’attendais de faire ma petite tournée rennaise pour bosser, avant d’aller chercher d’autres dates. Ça draine déjà beaucoup de gens, et c’est important de faire quelque chose de bien, parce que les gens gardent ça en mémoire.
Au niveau du chant, le choix entre l’anglais et le français se fait comment ?
C’est selon la langue dans laquelle ça vient. Là ça commence à venir en français, tu as entendu les premières chansons en français. Habituellement, ça venait plutôt en anglais, mais maintenant, avec la sonorité de l’anglais, je me mets à réécrire en français dessus.
Quelle question aurais-tu aimé que je te pose ?
Alors plutôt une question que je n’aurais pas aimé que tu me poses : pourquoi tu fais ça ?
On ne demande pas aux poules pourquoi elles pondent ! (rires) Pour tout avouer, je crois que je suis spectacle de groupe sanguin…
Merci beaucoup !
Je t’en prie, avec plaisir !
Retrouvez toutes nos interviews-focus sur la scène rennaise ici
(Santa Cruz, La Terre Tremble !!!, Lady Jane, Fago.Sepia, Band of Ghosts, le pôle musiques actuelles du CRIJB, Manceau, Nola’s noise, Wesson Maespro, Get Flavor Records, Idwet, les Disques Normal, Mekah, Dj Netik, La Corda, Eat your toys, Théo Gravil, Simba, Shtok, Spash Wave, Monkey & Bear, Mess Zero, Regïs Boulard, Le Bocal, We only said, Deejay Ober, Makassy, Skap’1, I&A, The Last Morning Soundtrack, Alee, Garbo, Russian Sextoys, Ladylike Lily, Missing Girl, Zaïba, Homecooking, Psykick Lyrikah, RCR, Bumpkin Island, Wonderboy, Micronologie, ReDeYe, Colin Linkoln, Sudden Death of Stars, Juveniles, Alexel, Güz II, The Enchanted Wood, James Legalize, The Missing Season, RezO, Bunch of Crows, Our Name is a Fake, Heskis’, Users, …)
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Nola# avec Virginie T., les Morues d’eau douce, le mercredi 28 mars à 16h30, à la Vie Enchantiée.