Alter1fo vous propose de (re)découvrir la scène musicale rennaise à travers une chronique, hebdomadaire le plus souvent. Des talents émergent, d’autres confirment sur la scène locale. Certains les soutiennent, sortent leurs disques, d’autres leur proposent des lieux de concert, de répétition… Alter1fo donne un coup de projecteur à ces artistes, labels, lieux ou assos qui œuvrent d’arrache-pied pour que la scène locale existe. Permettre aux acteurs et aux publics de se rencontrer, donner la parole à ceux qui font la vie rennaise, tels sont nos buts avoués. Chaque semaine, vous retrouverez donc un ou plusieurs focus sur l’un de ces acteurs…
Cette semaine, gros plan sur la Start’in Block 16 ème édition proposée par l’Antipode. L’idée de départ est simple : quatre groupes issus de la scène locale se succèderont sur la scène de l’Antipode le vendredi 14 janvier. Cette soirée donne un véritable coup de pouce aux groupes en devenir grâce notamment à la résidence à l’Antipode qui leur est offerte. La semaine qui précède le concert, les musiciens sont accueillis par l’équipe technique de la salle afin d’effectuer des répétitions plateau, filages… etc dans des conditions professionnelles.
Du 10 au 13 janvier, les quatre groupes se succèdent à raison d’une journée chacun pour préparer le concert du vendredi. Après Shtok, Slpash Wave et Monkey & Bear, c’est au tour de Mess Zero de fermer la marche et d’investir la scène de l’Antipode ce jeudi 13 janvier.
On en profite donc pour en savoir un peu plus sur le projet de ce graphiste-designer exilé un temps à Marseille et de nouveau breton, ancien membre d’Héraclite (groupe de rock industriel dont les paroles sont en grec, ça ne s’invente pas)… Expérimentale et teintée d’indus, la musique de Mess Zero est avant tout « introspective » . Mais la formation ne souhaite pas se limiter à la musique et désire bâtir progressivement un projet artistique qui mêle plusieurs disciplines. On présage donc que leurs prestations scéniques vaudront le détour. Rencontre avec Eric Collet, à l’origine du projet, pour en savoir davantage sur Mess Zero.
Alter1fo : Si vous deviez présenter Mess Zero en quelques mots ou quelques lignes, que diriez-vous ?
Mess Zero : Mess Zero est un projet artistique pluridisciplinaire dont les premières matérialisations seront des concerts et autres performances musicales. Il ne s’agit donc pas d’un groupe, mais d’un projet global dont une des façades est la création musicale.
Aux prémisses du projet, vous parliez de morceaux « apocalyptiques ». Effectivement quand on écoute les titres disponibles sur myspace, on retrouve un côté à la fois déjanté et un peu crade. Quelles sont vos envies quand vous composez ?
Il s’agit avant tout d’une introspection. L’idée est de donner à voir – et à entendre – ce qui se passe au plus profond de nous-même, de laisser son entière expression à la folie, aux sentiments, aux paradoxes de l’Homme. Traitement qui a donné naissance à cette atmosphère apocalyptique, chaotique.
En plus de votre activité de musicien, vous êtes également designer graphique. Y a-t-il des liens entre votre pratique de la musique et votre activité d’artiste/designer graphique ?
Bien sûr. Disons que c’est un tout. Pour moi, composer un morceau ou concevoir un visuel, c’est la même chose. Il s’agit certes de disciplines différentes, mais la façon d’aborder les projets est la même. La seule grande différence est que contrairement à mon activité de designer, lorsque je travaille pour Mess Zero, je ne crée pas pour les autres, mais pour moi. Évidemment, c’est également le cas pour mes projets graphiques personnels, qui vont d’ailleurs de plus en plus intégrer Mess Zero, sous forme de projections, de vidéos et autres travaux visuels.
Dans une interview pour Artskills, vous expliquiez que pour vous, « la musique ne s’arrête pas au son » . Comment est-ce que cela se traduit dans Mess Zero ?
Je définis ce projet comme étant du design global. Je m’imagine mal aujourd’hui monter sur scène et n’avoir rien d’autre à proposer au public que de gratter sur 6 cordes, d’autant plus que je ne suis pas particulièrement un bon technicien. Ce que je trouve intéressant dans la création actuelle, ce sont les passerelles que les artistes tissent entre les domaines. C’est une belle façon d’échapper à l’étiquetage, tout en allant toujours plus loin. J’aimerais vraiment avoir 20 bras et développer parallèlement des projets autant musicaux que visuels, voire audiovisuels, tactiles, olfactifs, gestuels. Un tel délire est possible, mais cela demande énormément d’énergie et de temps…
Toujours est-il que Mess Zero prend cette voie-là. Affaire à suivre, donc.
Quelles sont les influences que vous revendiquez ?
Revendiquer ? Le mot est un peu fort…
Je citerais – dans le désordre – John Zorn (projets Moonchild, Astronome et Six Litanies for Heliogabalus), Nine Inch Nails, Einstürzende Neubauten, Steve Reich, Arvo Pärt, Liars, Battles, Aphex Twin, Atari Teenage Riot, Massive Attack, The Ex, Thee Silver Mt. Zion, Pink Floyd, Nirvana…
Si vous deviez citer trois disques sans lesquels vous ne pourriez vivre ?
Même si cela paraît incroyable, je pourrais tout à fait me passer de disques.
Comment et pourquoi êtes-vous passé de l’expérience collective qu’a pu être le groupe Héraclite à cette expérience plus personnelle qu’est Mess Zero (même si sur scène, vous êtes plusieurs) ?
Je ne suis pas passé d’un à l’autre comme ça. J’avais d’ailleurs un autre groupe lorsque je jouais dans Héraclite, que j’ai gardé jusqu’à il y a peu de temps. J’ai également joué dans d’autres groupes, plus noise, avant. Mais j’ai toujours eu cette envie de créer mon propre projet.
Si j’avais pu, j’aurais gardé un rôle de guitariste interprète dans un autre groupe, mais j’ai dû me résigner à tout quitter pour trouver plus de temps à consacrer à Mess Zero, qui n’avançait pas suffisamment vite à mon goût.
Mais tout comme Heraclite, Mess Zero est une expérience collective. Je vais être amené à collaborer avec de nombreux artistes. Les choses se font dans l’échange. Je ne suis pas seul face à moi-même dans ce projet, bien au contraire. Ce qui change, c’est que désormais je tiens les rennes. Je crois que c’est cela que je cherchais.
Vous jouez vendredi 14 janvier lors de la prochaine Start’in Block de l’Antipode. Comment les organisateurs sont-ils venus vous contacter ?
C’est moi qui suis allé les contacter !
Comment appréhendez-vous ce concert et la journée à l’Antipode ?
Plutôt bien. J’ai hâte de travailler le son avec toute l’équipe. Le souhait est de faire court mais bien. On a composé un set qui fonctionne un peu comme le premier acte d’une pièce. Il pose les jalons de ce projet. J’espère donc que nous réussirons à livrer au public un son et une atmosphère au plus proche de nos envies pour que ce 1er concert soit le plus représentatif possible de ce que sera la suite, et qu’il donne envie d’en voir davantage.
Comment avez-vous rencontré les musiciens qui jouent sur scène avec vous dans Mess Zero ?
J’ai commencé à jouer avec Alban, le bassiste, qui était dans ma classe au collège, et que j’ai retrouvé via Facebook ! Le pur hasard a fait qu’il était devenu bassiste. Erwan, à l’orgue, a répondu à une annonce que j’avais déposée sur certains réseaux communautaires de musiciens. Quant à Elie, le batteur, cela fait longtemps que je connais son jeu. Il joue notamment dans Heraclite.
Sur la scène rennaise, comment vous situez vous ? Etes-vous en contact avec d’autres artistes rennais ? Desquels vous sentez vous proches ?
En fait, je ne connais pas plus que ça la scène rennaise…
Après ce concert quels sont vos projets, vos actualités ? Un nouvel album en préparation ? D’autres concerts ?
Un nouvel album ? Ça veut dire qu’il y en a déjà un ? Je n’étais pas au courant. Il est bien, au moins ?
(Rires…) Oui, pardon, ce n’était pas clair. Je pensais à l’album que j’ai trouvé de votre projet précédent, Héraclite… Donc, vos projets ?
Après ce concert, l’idée sera de trouver des dates pour nous rôder sur scène tout en continuant à élargir le set. Les salles des musiques actuelles nous demanderont certainement d’avoir un set d’1 heure minimum, donc il nous reste du travail. Pour les lieux plus alternatifs, la création sera davantage in situ. À venir également : tout un travail sur la mise en scène, les lumières, des vidéos… Vaste programme.
Merci et bon concert vendredi !
Retrouvez toutes nos interviews-focus sur la scène rennaise ici
(Santa Cruz, La Terre Tremble !!!, Lady Jane, Fago.Sepia, Band of Ghosts, le pôle musiques actuelles du CRIJB, Manceau, Nola’s noise, Wesson Maespro, Get Flavor Records, Idwet, les Disques Normal, Mekah, Dj Netik, La Corda, Eat your toys, Théo Gravil, Simba, Shtok, Spash Wave, Monkey & Bear, Mess Zero, Regïs Boulard, Le Bocal, We only said, Deejay Ober, Makassy, Skap’1, I&A, The Last Morning Soundtrack, Alee, Garbo, Russian Sextoys, Ladylike Lily, Missing Girl, Zaïba…)
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Mess Zero en concert à la Start’in Block # 16 de l’Antipode avec Shtok, Splash Wave et Monkey & Bear.
Vendredi 14 janvier 2011 – 20h30.
Membres : gratuit / Plein Tarif : 3 euros.
Antipode, 2 rue André Trasbot, Rennes.
Myspace de Mess Zero : http://www.myspace.com/messzero
Une chouette vidéo live de Mess Zero filmée lors de leur résidence au Jardin Moderne en juin dernier :
http://www.vimeo.com/25846180