Alter1fo vous propose de (re)découvrir la scène musicale rennaise à travers une chronique, hebdomadaire le plus souvent. Des talents émergent, d’autres confirment sur la scène locale. Certains les soutiennent, sortent leurs disques, d’autres leur proposent des lieux de concert, de répétition… Alter1fo donne un coup de projecteur à ces artistes, labels, lieux ou assos qui oeuvrent d’arrache-pied pour que la scène locale existe. Permettre aux acteurs et aux publics de se rencontrer, donner la parole à ceux qui font la vie rennaise, tels sont nos buts avoués. Chaque semaine, vous retrouverez donc un ou plusieurs focus sur l’un de ces acteurs…

Les disques normal, sous ce drôle de patronyme se cache un petit label relativement confidentiel qui choisit de sortir et de défendre des « disques de traverse » . Simplement guidé par l’envie de défendre les artistes qu’ils aiment, les fondateurs du label semblent davantage mû par la passion que par l’appât du gain. Peu leur importe les étiquettes et les rangements étriqués. Leur seule volonté est de continuer à pouvoir sortir les disques qu’ils apprécient, sans œillères et sans frontières. Rencontre avec Martial, l’un des fondateurs de ce label entre Rennes et Paris, euh pardon, entre Rennes et Nancy…

Alter1fo : Si tu devais présenter Les Disques Normal en quelques mots ou quelques lignes, que dirais-tu ?

Martial des Disques Normal : Je reprendrais le slogan de Jean-Charles, le « co-pilote » : « anywhere but there » , soit pas de style musical spécifique mais un soutien aux musiques qu’on aime.

Pourrais-tu nous raconter la genèse des Disques Normal. Comment en êtes-vous venus à l’idée de monter un label ?

Au départ, les disques normal est un projet parallèle de la webradio AdGN (association de gens normal) avec laquelle nous proposions des musiques de « traverses », disons dès choses qui n’étaient pas forcément beaucoup diffusées. Par ce biais, Dana Hilliot nous a fait découvrir Jocari mais ne pouvait pas s’occuper de lui sur Another record.

Avec Jean-Charles, nous avons alors décidé de monter un label pour promouvoir son premier album. C’est une idée qui trottait dans chacune de nos têtes depuis plusieurs années. Jocari a été le dénominateur commun.

Quelles sont les influences que vous revendiquez ? Y a-t-il des labels que vous prenez en exemple ?

Sonic Youth, Diabologum, Pavement, Slint, Dominique A, Palace, My Bloody Valentine, … entre autres.

Pour les labels, je ne sais pas trop Thrill Jockey, Sarah records ou encore Ici d’ailleurs pour citer un label français.

Vous avez sorti le dernier album de Jullian Angel, les disques de Jocari entre autres.. Comment choisissez-vous les artistes et les projets que vous décidez de sortir sur Les Disques Normal ? Recevez-vous des démos, ou bien est-ce plutôt une histoire de rencontre, ou bien un peu des deux à la fois ?

Pour la plupart, nous les connaissons depuis AdGN. Des liens se sont créés avec une volonté de travailler ensemble sur le long terme même si nous n’appliquons la même « formule » pour chacun. Il nous arrive aussi de recevoir des démos et d’y donner suite. Après ce que l’on fait avec chacun peut-être complètement différent : aide à la promo, point de vue sur le mixage/mastering (si il y a un souhait). Dans les faits, il y a quasiment une histoire et une façon de faire différente avec chaque artiste. Et les artistes sont libres de travailler avec qui ils veulent, quand ils le veulent.

Difficile de ne pas parler de la « crise du disque » … Quelle est votre opinion sur le sujet ? Comment cela se passe-t-il pour Les Disques Normal ? Est-ce plus facile pour un « petit » label indé, ou bien au contraire plus ardu ?

Nous ne sommes pas très concernés par la « crise du disque » car nous avons un travail à côté et vivons le label sans contrainte de retour sur investissement même si l’idée serait de fonctionner sur les fonds propres du label ce qui n’est pour l’instant pas encore le cas. Ce que l’on cherche, c’est de faire parler au mieux des groupes que nous défendons.

La démarche du label est la dissémination. Beaucoup des disques que nous sortons sont sous license creative common. On ne s’intéresse pas aux modes et ne cherchons pas suivre les dogmes de la musique indépendante ou alternative mais on essaye de le faire le plus sérieusement possible.

Vous sortez ces jours-ci une compilation de reprises en hommage à Mark Linkous, l’homme derrière Sparklehorse, en téléchargement gratuit. Peux-tu nous expliquer le projet ?

C’est un projet qui me tient particulièrement à coeur. Pour moi Sparklehorse comptait énormément et je ne suis pas loin de penser (parfois je le pense vraiment) que Homecoming queen est une des plus belles chansons jamais écrites (ça n’engage que moi). Du coup, nous nous sommes dit que nous pourrions sortir une compilation hommage en téléchargement libre.

L’idée a d’abord été soumise aux groupes du label car je n’étais pas certains qu’elle soit bonne. Je ne voulais pas que ça fasse « croque-mort ». Ils ont été emballé et la compilation est partie avec l’envie de faire quelque chose d’assez spontané, sans ligne directrice, les groupes reprenant à leur sauce, les morceaux qu’ils voulaient. Le but était de marquer notre attachement à la musique de Sparklehorse.

On y retrouve entre autres les excellents parisiens de Centenaire, ou Band of Ghosts dont on a parlé ici il y a peu. Comment avez-vous choisi et contacté les artistes qui ont participé au projet ?

Nous allons encore parler d’AdGN, mais tous ces groupes nous les avions diffusés sur la webradio et apprécions énormément leur musique. Les choses se sont faites très simplement. Nous leur avons proposé de participer à cet hommage et la plus grande partie a été partante.

Les refus ont été soit pour des questions de temps, soit de méconnaissance de Sparklehorse, de la peur de s’attaquer à d’aussi beaux morceaux ou encore d’univers musical trop proche.

Vous êtes entre Paris et Rennes, je crois. Sur la scène rennaise, comment vous situez vous ? A part les artistes signés sur le label, êtes-vous en contact avec d’autres artistes rennais, d’autres labels ou assos ? Desquels vous sentez-vous proches ?

Je me situe au nord de la scène rennaise !! Et Jean-Charles est maintenant sur Nancy. Le label est rennais par son statut associatif mais pour l’instant aucun de nos artistes n’est rennais. Nous sommes tout de même en contact avec des artistes rennais comme We only said,  Montgomery, fago.sepia (lire le focus sur Fago.sepia ici), des assos comme KFuel, des radios comme Canal B ou encore un des programmateur de Top of The Folk et récemment avec les Bars en Trans, ainsi que les labels Bolton wonderland records ou Aposiopèse…

Enfin, quels sont vos projets éventuels en cours ou à venir ?

Le premier Lp de Mechanism For People masterisé par Mathias Delplanque qui devrait sortir en décembre…

Un album de Christophe Devaux (absinthe (provisoire); sap(e); sylvain chauveau) en cours de mastering par Mathias Delplanque…

Une co-production (à confirmer) sur le prochain album de Jullian Angel, avec une sortie projetée en février 2011…

Le troisième disque de Jocari…

Un album de reprises de Tycho Brahé…

Et peut-être prochainement, un soutien à un artiste suisse.

J’aimerais également faire jouer nos artistes et/ou organiser une soirée du label sur Rennes, à bon entendeur !

Merci !

Merci à ALTER1FO.

Retrouvez toutes nos interviews-focus sur la scène rennaise ici

(Santa Cruz, La Terre Tremble !!!, Lady Jane, Fago.Sepia, Band of Ghosts, le pôle musiques actuelles du CRIJB, Manceau, Nola’s noise, Wesson Maespro, Get Flavor Records, Idwet, les Disques Normal, Mekah, Dj Netik, La Corda, Eat your toys, Théo Gravil, Simba, Shtok, Spash Wave, Monkey & Bear, Mess Zero, Regïs Boulard, Le Bocal, We only said, Deejay Ober, Makassy, Skap’1, I&A, The Last Morning Soundtrack, Alee, Garbo, Russian Sextoys, Ladylike Lily, Missing Girl, Zaïba…)

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Le site web des Disques Normal (avec le téléchargement gratuit de la compilation en hommage à Sparklehorse)

Le Myspace des Disques Normal