Focus sur la scène rennaise – Tiny Feet en interview

Alter1fo vous propose de (re)découvrir la scène musicale rennaise à travers une chronique, hebdomadaire le plus souvent. Des talents émergent, d’autres confirment sur la scène locale. Certains les soutiennent, sortent leurs disques, d’autres leur proposent des lieux de concert, de répétition… Alter1fo donne un coup de projecteur à ces artistes, labels, lieux ou assos qui œuvrent d’arrache-pied pour que la scène locale existe. Permettre aux acteurs et aux publics de se rencontrer, donner la parole à ceux qui font la vie rennaise, tels sont nos buts avoués. Chaque semaine, vous retrouverez donc un ou plusieurs focus sur l’un de ces acteurs…

Cette semaine, gros plan sur la Start’in Block 18 ème édition proposée par l’Antipode. L’idée de départ est simple : quatre groupes issus de la scène locale se succèderont sur la scène de l’Antipode le vendredi 1er février. Cette soirée donne un véritable coup de pouce aux groupes en devenir grâce notamment à la résidence à l’Antipode qui leur est offerte. La semaine qui précède le concert, les musiciens sont accueillis par l’équipe technique de la salle afin d’effectuer des répétitions plateau, filages…etc. dans des conditions professionnelles.

Soirée Vibrations Electriques #5 @ Le Jardin Moderne

Tiny Feet est une one woman band : s’accompagnant à la fois d’une guitare et d’une basse, elle triture l’ensemble à l’aide de ses pédales de loop, pour produire une sorte trip-hop expérimental, mais pas que. Sur une rythmique répétitive et hypnotique, elle dépose sa voix grave et chaleureuse, mais sait aussi se faire plus aérienne. On l’a pour notre part découverte lors du tremplin des Jeunes Charrues de Rennes. Depuis, la jeune femme a fait du chemin, puisqu’on l’a entre autre retrouvée programmée au Bars en Trans cet hiver ainsi qu’aux côtés de Thavius Beck sur un titre du dernier disque de l’américain, excusez du peu. Rencontre.

Tiny FeetAlter1fo : Si vous deviez présenter Tiny Feet en quelques mots ou quelques lignes, que diriez-vous ?

Tiny Feet : Entre les mots le silence.

Comment en êtes-vous arrivée à ce projet ? Avez-vous joué dans d’autres formations avant ? Quelle est la genèse de Tiny Feet?

J’ai fait quelques apparitions par ci par là, mais l’origine de ce projet a eu lieu la nuit, seule, pour oublier que le temps passait trop vite. J’ai commencé à boucler tout ce qui me passait par la tête, dans une obsession hypnotique. Et puis un jour il a fallu que je fasse tout cela en public. Bizarrement, ça me semblait infaisable. C’était comme partager trop d’intime. Alors j’ai fait évoluer mes boucles en des morceaux un peu plus construits. Finalement, c’était une bonne chose. Cela me décentrait… dans le bon sens du terme…

Vous avez dit chanter en anglais plutôt qu’en français surtout par pudeur et dans une autre interview, vous avez confié : « Si la question de chanter en français me revient au visage, je mets NYX de Mansfield.Tya. » Que doit-on comprendre ?

Sans doute n’y a-t-il pas grand chose à y comprendre. Ou bien est-ce peut-être une manière de dire : l’amour et la mort, c’est plus facile à raconter lorsque c’est étranger. En français j’aurais l’impression d’une grande complainte. En anglais c’est la mélodie de tout cela qui m’importe. Quant à la mention de Mansfield.Tya dans l’interview, cela venait du fait que je venais de découvrir leur manière d’utiliser le français, et elles me donnaient presque envie. D’ailleurs -vous voilà dans la confidence- ce n’est pas impossible que je chante un morceau en français à l’Antipode…

Soirée Vibrations Electriques #5 @ Le Jardin ModerneOn a l’habitude de vous « classer » dans la catégorie « trip hop ». Mais j’aurais tendance personnellement à trouver ça un peu réducteur. Votre univers me semble plus ouvert, musicalement parlant. Vous êtes d’accord ? Comment qualifieriez-vous votre musique de votre côté ? Quelles sont les influences que vous revendiqueriez ?

Ça me fait très plaisir que vous pensiez cela! La catégorie « trip hop » est venue de la nécessité de me « classer », notamment pour toutes les démarches de communication. Mais au fond, je ne crois pas appartenir à une quelconque catégorie dans la mesure où lorsque je me lance dans la composition d’un morceau, je ne me pose aucune question de « genre ». Je fais. Advient ce qu’il advient. D’autant que l’idée de n’avoir aucune barrière m’est indispensable, sinon je sèche. Quant aux influences, je préfère ne pas y penser, car c’est, de mon point de vue, une autre forme de cloisonnement.

Trois disques sans lesquels vous ne pourriez pas vivre ?

Takk…  de Sigur Ros ; le disque de Suicide sorti en 77 ; et puis, ce n’est pas tout à fait un « disque » mais sans doute que je n’écouterais pas tout à fait de la même manière si je n’avais jamais entendu le Requiem de Fauré. Néanmoins je pense que si vous me reposez la question dans cinq ans, ma réponse aura changé.

Vous avez collaboré avec Thavius Beck, quand même ! Vous nous expliquez la rencontre ? Comment vous en êtes arrivée à vous retrouver sur l’un des morceaux de son dernier album ?

La rencontre s’est faite le plus simplement du monde. Je chantais pour la sortie d’album de Numerica Rockestra au Jardin Moderne (en avril 2011). Thavius Beck jouait après nous. On a bavardé. Une fois de retour de tournée il a écouté mes ébauches de morceaux et m’a proposé de poser ma voix sur l’un des siens. Il m’envoyait les pistes de sons depuis Los Angeles, je lui envoyais mes voix depuis Rennes, et voilà. Ça lui a plu alors il a décidé de le faire paraître dans son nouvel album…

Vous disiez que vous ne pensiez pas votre musique avant de la faire. Que c’était avant tout organique. Comment composez-vous ?

En ce moment, ça change souvent. Tantôt je prends la guitare et esquisse quelques notes qui déclenchent un morceau, tantôt je travaille des sons par ordinateur et ils me servent de point de départ. Le chant arrive généralement plus tard…

Tiny FeetAuparavant, vous travailliez uniquement sur la « superposition » avec votre loopstation. Maintenant les choses sont un peu différentes. Vous nous expliquez ?

Au tout début, c’était une problématique très concrète. J’étais limitée par le matériel que j’avais alors je faisais avec. Et il est arrivé un moment où l’envie était trop forte pour que je reste bloquée là dedans. Alors j’ai un peu investi… Et j’ai pu développer différemment les choses.

Vous avez déjà sorti une sorte d’ Ep/démo autoproduit. Vous proposez de nouvelles compos/ versions sur votre zikcard. Est ce que vous envisagez d’enregistrer un ep ou album bientôt?

Dans l’absolu, j’aimerais enregistrer un album dans le courant de cette année…

Dans une interview, vous confiez rêver de « faire un concert où j’aurais le droit d’inviter qui je veux à venir jouer avec moi » … Alors qui inviteriez vous ?

Pourquoi pas inviter Sigur Rós sur un morceau, Björk sur un autre, et puis Múm aussi… et afin de ne pas faire que dans l’islandais, sans doute que je proposerais à Gui Boratto de passer faire un tour ! Ah oui ! Et sinon il y a un type à Rennes qui s’appelle François et qui fait de la scie musicale, ça me plairait pas mal… Mais je garde encore quelques noms, histoire de préserver un peu de mystère au cas où ça se ferait, hein… ?!

Soirée Vibrations Electriques #5 @ Le Jardin ModerneVous avez joué le vendredi lors de la dernière édition des Bars en Trans. Comment avez vous vécu ce moment ?

C’était vraiment une chouette soirée. Le public a été très attentif, très chaleureux et je crois que, pour la première fois, je me suis sentie paisible… Mais bon, Lou Doillon jouait en même temps alors vous avez loupé le concert… C’est dommage, c’était pas mal ! (rires)

Qu’est-ce que vous appréciez quand vous êtes sur scène ?

L’oubli du reste.

Vous jouez vendredi 1er février lors de la prochaine Start’in Block de l’Antipode. Comment les organisateurs sont-ils venus vous contacter?

J’ai eu l’occasion de travailler dans la salle fin 2012, notamment pour préparer les Bars en Trans. C’est à cette occasion que l’on s’est rencontré. Et il se trouve que l’Antipode a décidé de m’accompagner sur le reste de la saison, alors la Start’in block semblait un bon début !

Comment appréhendez-vous ce concert et la résidence à l’Antipode ?

Je suis… enthousiaste, honorée, excitée, stressée, préoccupée, contente, impatiente, sautillante, rêveuse, insomniaque, travailleuse, obsessionnelle, minutieuse, maniaque, énervée, bondissante, souriante, rieuse…

Soirée Vibrations Electriques #5 @ Le Jardin ModerneSur la scène rennaise, comment vous situez-vous ? Êtes-vous en contact avec d’autres groupes, ou artistes rennais ? Desquels vous sentez vous proches ?

Sur la scène rennaise ? Je me situe… hum… derrière mes pédales… (rires) Non, je n’en sais rien. Je suis en contact avec pas mal de groupes, oui, mais très brièvement, parce que l’on se croise forcément dans cette petite ville aux bars surpeuplés. Et c’est souvent avec plaisir. Mais on parle peu. Aussi parce que je ne sais que dire. De qui je me sens proche ? De ceux qui n’attendent pas que tout leur tombe tout cuit dans le bec (si je puis me permettre cette petite familiarité).

Pour finir, après ce concert à l’Antipode, quels sont vos projets à venir ? Y a-t-il des choses que voudriez souligner particulièrement ?

Mon premier projet est d’enregistrer un disque. Parce que je me rends bien compte qu’il devient difficile de sortir des dates bretonnes sans support représentatif pour démarcher… Et je veux partager au maximum, avec le maximum de gens… Là en concert, ici en mon absence.

Merci !!

Photos : Solène

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(Santa Cruz, La Terre Tremble !!!, Lady Jane, Fago.Sepia, Band of Ghosts, le pôle musiques actuelles du CRIJB, Manceau, Nola’s noise, Wesson Maespro, Get Flavor Records, Idwet, les Disques Normal, Mekah, Dj Netik, La Corda, Eat your toys, Théo Gravil, Simba, Shtok, Spash Wave, Monkey & Bear, Mess Zero, Regïs Boulard, Le Bocal, We only said, Deejay Ober, Makassy, Skap’1, I&A, The Last Morning Soundtrack, Alee, Garbo, Russian Sextoys, Ladylike Lily, Missing Girl, Zaïba, Homecooking, Psykick Lyrikah, RCR, Bumpkin Island, Wonderboy, Micronologie, ReDeYe, Colin Linkoln, Sudden Death of Stars, Juveniles, Alexel, Güz II, The Enchanted Wood, James Legalize, The Missing Season, RezO, Bunch of Crows, Our Name is a Fake, Heskis’, Vortex, Users, Nola#, Mermonte, Mekah, Superets, We are Van Peebles, Korkoj, Twinztrack, You’ll Brynner, Drix MC, 6AM on the Moon, Coksinelle, Budju, Doist!, My Sleeping Doll, O Safari, Keevrat, Belone, Kino Eyes…)

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Start'in block 18

L’Antipode MJC présente la Start’in block #18 avec Tiny Feet, Bukatribe, The Way of Life et  Piranha le vendredi 1er février à 20h30 (Antipode, 2 rue André Trasbot, Rennes).

Membres : entrée libre / Tarif unique : 3€

Le site de l’Antipode : http://www.antipode-mjc.com/evenements-antipode-mjc/concerts/startin-block-18/

Zickcard de Tiny Feet : http://zikcard.com/tinyfeet

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